Suede triomphe à la Cigale

Avant-dernière soirée de cette édition très électrique et très éclectique du festival des Inrocks 2013 tenue à La Cigale de Paris.
indiemusic y était pour vous. Et au premier rang s’il vous plait !

crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart

Teleman : gnan gnan style

Il est des groupes que l’on passe inlassablement sur son mp3 ou sa platine vinyle – question de génération – et que l’on attend de voir avec impatience sur scène.
Mais là, cela tourne vite à la scène de ménage. Car le mariage entre le groupe et le public déjà en nombre en cette heure presque avancée de la soirée tourne à la catastrophe.
Trop propre, aseptisé, sans grand relief, on est en plein dans le soporifique.

crédit : Nicolas Nithart

Peu d’emphase, un batteur abonné au tatapoum, un synthé qui sent bon la barbe à papa et la fête foraine, on essaye d’écouter sagement, poliment, à l’affût de la note qui va mettre le feu aux poudres. Mais cette farce attaque perdurera jusqu’au dernier morceau, quoique ce dernier plus envolé, enjoué et rassembleur mais… trop tard, nous nous sommes rassemblés au bar.

Pas fayot pour un sou, le chanteur remercie le public en français avec un accent attendrissant, mais on ne nous la fera pas.
Sur platine – rien à redire, mais alors sur scène… les Teleman ne font pas des siennes.
Teleman : nouveaux super zéros ?


Temples : PsychIddylic

Nous étions très très impatients de voir les Temples dans le temple du rock parisien. Leur dédit du festival Levitation à Angers en septembre dernier n’avait fait qu’aiguiser notre appétit à écouter ces jeunes Anglais nous jouer la musique psyché de leurs pères et de leurs pairs, à la sauce 2013.

D’ailleurs, qui sont réellement leurs géniteurs musicaux ? Les Beatles, Les Kinks, Gary Glitter, Ravi Shankar ? Sans doute les quatre et on n’ira pas pour autant leur chercher des poux dans la tête même si leurs imposantes chevelures sont prêtes à en abriter.

crédit : Nicolas Nithart

James Bagshaw, leader et frontman, attire toute la lumière sur lui avec sa veste pailletée sans doute achetée à un flea market quelconque, et fait toute la lumière durant 40 minutes sur la la vision musicale orientée psychédélisme de ce groupe quadragénaire (4×20 ans et quelques). Un poil de timidité et de manque d’assurance, jeunesse oblige, mais maîtrise totale des riffs et des sons qui auront bien avant leur naissance marqués toute une génération. Temples ne réinvite rien d’ailleurs, mais invite à les suivre dans un grand voyage initiatique dont ils connaissent déjà tous les recoins.

Le public nonchalant se promène avec eux, tout devient amour et joie, et on se prête à fermer et rêver en se disant « et si c’était vrai que c’était mieux avant ? ».
Les Temples referment leurs portes d’un grand merci mais nous ouvrent de nouvelles perspectives. À suivre.


Suede : Lord Brett, c’est clair.

Après plusieurs années d’absence (hormis les tournées en solo de Brett Anderson), les figures de proue de la classe 95 de la brit pop (avec Oasis, Blur, Pulp, Echobelly, Elastica, Boo Radleys et autres Supergrass) ont fait salle comble et cela fait bien plaisir.
Un public plutôt quadra (quoique), forcément emprunt de nostalgie, qui pardonne volontiers ce quart d’heure de retard d’entrée sur scène en écoutant les Sex Pistols qui chauffent la salle à tout rompre.

Les sourires brillent dans le noir et ovationnent le groupe dès son apparition dans une Cigale sachant toujours renouer avec les bons groupes du passé. Mais soyons clairs. En cette journée de commémoration du 11 novembre, pas de veillée funèbre ou d’allumage de la flamme du groupe inconnu. Les Suede sont plus que vivants – mieux – ils incarnent une indie pop finement écrite, balancée, indémodable, qui traverse le temps et les tempes, et qui n’en finira pas d’inspirer les Coldplay, Keane et autres Pete Doherty.

crédit : Nicolas Nithart

Un émouvant « Still Life » – still alive pourrait-on dire – attaque franco, mais tout en douceur, ce set finement équilibré de presque 80 minutes. Brett Anderson est visiblement ému de retrouver un parterre de fans qui l’accueille à bras ouverts. Sobre et stylé, le dandy anglais – Brian Ferry, tiens-toi bien – tient la note et un charisme qui donnent la chair de poule. « Barriers » suivi de « Its Starts And Ends With You », tout frais tirés de leur dernière livraison « Bloodsports » démontrent par A+B que le groupe n’a jamais été aussi inspiré et cohérent avec lui-même. Des titres qui traverseront le temps comme ceux du joyeux tunnel enflammé formé par « Trash », « Animal Nitrate », « We are the pigs » qui avaient valus à Suede une couronne bien méritée d’empereurs des années 90. Brett Anderson s’en donne à cœur joie. Mains serrées, étreintes avec le public, visite de courtoisie au premier rang, il va même jusqu’à arracher la caméra de devant la scène qui capte le concert et filmer himself l’ambiance sur scène et dans la salle. Feu qu’il essaiera plusieurs fois d’éteindre en shootant et arrosant l’audience ravie avec des petites bouteilles d’eau ! Rien n’y fait. La salle décolle, Suede dégomme ses titres à tour de bras tendus vers le public.

Petit crochet par un récent « Sabotage » et nouvelle plongée en apnée avec un alignement parfait de « The Drowners », « Filmstar », « Heroin » et « 2 Of Us », titres mousquetaires tirés des trois premiers albums.
Le groupe en arrière-plan restitue à la note près des titres très installés dans les oreilles de tous, le son et la fougue Suede n’ont jamais fléchis et c’est sur un réfléchi « Strangers » tiré du dernier LP que Suede inaugure un karaoké endiablé sur « So Young », « Metal Mickey » et « Beautiful Ones ».
Le groupe a du mal à jouer au simulacre du Encore et se dépêche de venir se repositionner devant le gigantesque rideau arrière argenté pour entonner le trop rare « She’s In Fashion » suivi d’un « New Generation » triomphant, hymne officieux d’une nouvelle génération de fans qui se révèle et qui se dit que c’est encore dans les vieux pots pas pourris que l’on fait les meilleures soupes.
La sudation des Suede prouve à quel point ils ont tout donné. Nous, on a tout pris dans la face et on leur dit merci.

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans