Benjamin Biolay au 106 : Le Superbe

J’ai toujours eu une relation assez particulière avec la discographie de Benjamin Biolay. Je n’ai que rarement écouté un de ses albums en intégralité. Et pourtant je suis régulièrement tombé amoureux de certains de ses titres. Je me souviens par exemple d’avoir écouté quasi frénétiquement Chaise à Tokyo durant des semaines en 2003, sans pour autant livrer la même passion à l’album Négatif. Aussi quand j’apprends le jour même que je suis accrédité pour le concert de Benjamin Biolay au 106, je réalise que je n’ai pas vraiment écouté Vengeance. C’est donc presque vierge de toute écoute récente de Biolay que j’arrive à Rouen.

Mathis Gardel

Quand je pénètre dans la grande salle du 106, Mathis Gardel, qui assure la première partie, est déjà en scène devant une salle pas encore comble (Biolay étant en interview dans le studio du 106). Je passe derrière la crash barrière, sors mon appareil photo, et prends deux clichés avant la fin du morceau. Mathis Gardel indique alors au public « il nous reste un titre à jouer ». Ah oui quand même, il ne fallait pas être en retard ce soir. Dommage, l’univers musical du garçon, de ce que j’en ai entendu, me donnait envie d’en entendre plus. Je me dis au passage que Mathis Gardel ressemble un peu à Benjamin Biolay jeune (mais je vois des sosies partout).

Benjamin Biolay

Puis la scène est préparée pour Benjamin Biolay. Un truc m’étonne : la scène est plutôt grande, et pourtant la batterie et les synthés sont soigneusement posés en fond de scène, laissant un périmètre assez énorme autour du micro de Benjamin Biolay, installé au centre en bord de scène. Le temps de remarquer cela et la lumière s’éteint. Il est 21h. Sur un mur de diodes lumineuses débute un compte à rebours de 180 secondes. Quelques secondes avant le zéro, les musiciens de Biolay entrent en scène et démarrent l’intro d’un morceau que j’oublierai très vite, trop concentré et fébrile que je suis (oui, je ne sais pas pourquoi, je suis fébrile). Benjamin Biolay entre en scène en tenue plutôt décontracte : jeans noir, veste en jean noir, chemise ample portée au-dessus du pantalon. Je comprends très vite la taille du périmètre laissé vide sur scène. C’est que Biolay n’arrête pas d’aller de gauche à droite de la scène et d’avant en arrière. A la fin du concert, il aura sans doute parcouru plusieurs kilomètres !

Benjamin Biolay

L’après-midi même, j’ai lu un live report d’un récent concert de Benjamin Biolay à Paris dont j’ai retenu que Biolay avait essentiellement joué des morceaux de Vengeance. Ça m’embête un peu dans la mesure où je n’en connais presque rien. Pourtant, mes trois titres pour faire des photos se terminant avec Sous le lac gelé, je quitte le bord de scène pour rejoindre un coin de la salle, et là j’ai la surprise de voir Benjamin Biolay enchaîner directement sur La Superbe. Je sais que c’est un titre que le public attend en général, peut-être le plus connu de Biolay, alors je me mets à observer les réactions de la foule. Celle-ci semble inerte et j’en viens à me demander si le public ne s’ennuie pas. Mais à la fin de La Superbe, la salle exulte d’un seul coup : ça applaudit à tout rompre, ça crie, ça hurle. Sur scène, Benjamin Biolay salue et remercie, il semble touché. Ce que j’ai pris un instant pour de l’inertie chez les gens, c’est en fait de la concentration, l’envie de ne pas en perdre une miette, une sorte de fébrilité intériorisée (un peu comme moi au moment de faire mes photos). Et à chaque fin de morceau, c’est l’explosion, la manifestation d’un plaisir intense. J’ai rarement vu le public du 106 dans cet état (la dernière fois c’était pour Nada Surf, des potes de Biolay justement).

Benjamin Biolay

Puis viennent Chère Inconnue (2003), Aime Mon Amour (2012), Laisse Aboyer Les Chiens (2007), Dans Mon Dos (2005). Benjamin Biolay va vraiment puiser dans toute sa discographie, pour le plus grand bonheur du public. Après un Paroles Confettis fort réussi vient un enchaînement électro avec Rendez Vous Qui Sait et une version plus déroutante de Mon Amour M’a Baisé, tous claviers dehors. Sur ces deux titres, le public se met à danser et à lever les bras. On est sans doute au moment le plus intense du concert. Puis Biolay revient au calme avec le très beau Ton Héritage.

Benjamin Biolay

Musicalement, je suis frappé par la batterie qui remplit incroyablement l’espace sonore, parfaitement accompagnée par des guitares rock en diable, nettes et tranchantes, plus discrètes sur les passages électro. Les titres continueront ainsi de s’enchaîner jusqu’au bout du concert, pour le plus grand bonheur d’un public conquis. Il l’était sans doute d’avance, mais n’imaginait sans doute pas un tel ravissement.

Benjamin Biolay

Toutes les photos du concert
Site web de Benjamin Biolay : benjaminbiolay.com

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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures