Rencontre avec Posterboy Machine

Après trois années de pause pour le duo new-wave contemporain Posterboy Machine, adepte des sonorités 80s, le projet est de retour sur le devant de la scène pour défendre son nouvel EP « Kaléidoscope » avec deux compagnons et un chant passé de l’anglais au français.
À l’occasion de leur concert à l’International pour présenter ce nouvel enregistrement en live, j’ai eu le plaisir de les interviewer pour aborder toutes les questions qui me trottaient dans la tête depuis l’écoute de leur dernier single « Manuella ».
Une rencontre sincère, généreuse et passionnante d’un groupe au caractère bien trempé qu’on a envie de suivre avec un pareil engouement !

crédit : Posterboy Machine
crédit : Posterboy Machine
  • Bonjour Posterboy Machine. J’aurais tendance à dire que votre groupe se destine à la nuit de par leurs ambiances électroniques propices aux soirées. C’est aussi votre avis ?

Bonjour, effectivement, de manière générale, notre musique se prête bien aux ambiances nocturnes, notamment au live.
C’est vrai, on se sent plus à l’aise face à un public pris d’ivresse. Un léger côté chauve-souris…

  • Je ne peux m’empêcher de poser cette question devenue banale, mais votre nom m’intrigue quand même ! Posterboy Machine, c’est venu de quoi ; d’une errance dans le dico, d’une partie de scrabble, racontez-moi tout ?

En réalité, ce nom fait référence au magazine Têtu, on pouvait y retrouver chaque mois l’illustration d’un mec bodybuildé (le plus souvent en slip) sous forme d’un grand poster que l’on pouvait accrocher au mur de sa chambre : le fameux « poster-boy ».
Ce nom donne place à la libre interprétation et garde l’avantage de continuer à brouiller les pistes sur nos vrais Moi profonds.

  • Votre groupe est formé autour d’un frère et d’une sœur ? Romain et Wanda, vous avez toujours partagé des goûts musicaux similaires avant de monter ce projet ? Aussi qu’est-ce qui vous a amené à monter ce groupe et pas un autre ?
crédit : Anne Emilie Philippe
crédit : Anne-Émilie Philippe

Ce qui nous a amenés à monter ce groupe sous cette forme et pas une autre. Ça revient à essayer de comprendre pourquoi quelqu’un, un jour, décide de se lancer dans le catch ou la zumba…
C’est assez difficile de trouver une réponse précise, toutefois nous avons peut-être un élément de réponse : notre père pendant notre enfance jouait lui-même dans un groupe de new-wave progressif avec lequel ils répétaient à la maison.
De cette époque, je garde un souvenir paradoxalement précis et trouble à la fois, l’ambiance qui se dégageait de cette époque a du s’imprimer sur le disque dur des enfants qu’on était :  probablement les fondations qui ont construit notre identité artistique.

  • Chez Posterboy Machine, y a-t-il des créneaux horaires, de moments plus propices que d’autres à la composition ?

C’est réglé comme du papier musique : tous les dimanches après la messe !!!
Plus sérieusement, c’est en général le fruit de la spontanéité, on ne calcule pas vraiment. On prend les idées au vol, ensuite on fait le tri. Par exemple, pour ce dernier EP, pour ne garder que cinq chansons on en avait composé au moins quinze ! Cette richesse nous permet notamment d’avoir des titres complètement exclusifs qui ne sont jamais sortis, mais qui retentissent lors de nos lives. On est des types généreux, voyez-vous !

  • Vous vous revendiquez de la new-wave contemporaine et vous n’avez d’ailleurs pas forcément tort ! Mais la new-wave, c’est quoi pour vous ?

Nous aimons le coté « synthé » de la new-wave, quelque de chose d’assez froid et mécanique. Une sorte de prolongement romantique du punk. Les reverbs extrêmes liés aux coups grinçants des caisses claires électroniques y sont probablement pour quelque chose aussi.
New-wave contemporaine : c’est une manière de simplifier les choses. Puisqu’il faut bien une étiquette, autant que ce soit celle-ci…

  • Trois ans sans sortir d’album, c’est long ou ça passe vite ? Qu’est-ce qui d’ailleurs vous a conduit à entreprendre une si longue pause ?

En vérité, ces trois ans sont passés assez vite. Il n’y a pas vraiment eu de décision officielle à ce propos. Il a toujours été clair pour nous qu’il ne s’agissait que d’une parenthèse, nous tenions simplement attendre le bon moment pour reprendre du service .
Cela nous a d’ailleurs permis d’entreprendre d’autres projets. Je pense qu’on a gagné en expérience suite à cette pause. Le fait de revenir en formule à quatre avec une config plus « live » a été un des éléments déclencheurs de cette reprise.

crédit : Posterboy Machine
crédit : Posterboy Machine
  • Votre nouvel album, Kaléidoscope sortira le 12 avril prochain. Après avoir sorti des titres exclusivement en anglais, vous dévoilez des titres en français. Qu’est-ce qui vous a poussé vers le chant en français sur ce nouveau disque ?

Nous avons toujours « tangué » entre le côté anglo-saxon et le français. Aujourd’hui, le fait de travailler uniquement en français était également l’un des impératifs quant à la renaissance du projet.
Nous aimons vraiment le côté déjanté que le français peut apporter.
Cela était important pour nous de participer à la réintégration de notre langue natale dans le milieu alternatif. À l’heure actuelle, beaucoup de groupes se prêtent au jeu. Nous en sommes ravis.

  • De même, Romain sur le précédent album « Névrose de Luxe », tu avais, il me semble une place de lead dans le projet alors que sur les nouveaux titres comme « Baby Doll » ou « Manuella », c’est soit avec Wanda que tu dois partager soit carrément lui offrir ce lead ? C’est le cas des autres titres de l’album et comment en êtes-vous venu à ce changement ?

Nous n’avons pas vraiment de règles établies dans ce domaine, nous fonctionnons beaucoup aux « ressentis » et il est vrai que certains de nos morceaux ont besoin d’une certaine féminité pour y trouver leur sens. C’est une simple question de « feeling », je pense. En tous cas, nous y trouvons personnellement notre compte ainsi.

  • Pour revenir à « Kaléidoscope », qu’est-ce que vous entendez à travers ce nom d’album ? Votre album serait-il un miroir de votre univers vu sous de nombreux angles ou est-ce l’idée du psychédélisme que vous souhaitez défendre par cette image ?

Pour cette question, nous préférerons laisser les auditeurs émettre leur propre interprétation. En tous cas, beaucoup de réponses se trouvent déjà dans ta question.

  • Avec vos nouveaux titres, vous défendez finalement l’idée que la new-wave peut très bien se chanter en français. Qu’avez-vous à dire aux conservateurs qui clameraient haut et fort, « la new wave, c’est en anglais et pas autrement » ?

Nous ne sommes pas vraiment partisans des codes fermés surtout lorsqu’on parle d’art en général, au contraire nous serions plus pour alimenter les contre-sens.
Les visions puristes en musique sont pour nous un frein à la création.
Si pour certains, faire de la new-wave en français représente une véritable malédiction, alors on est prêt à incarner le DIABLE en personne… Ça nous plairait assez à vrai dire !

crédit : Hadrien Wissler / Daskuma
crédit : Hadrien Wissler / Daskuma
  • Quand on écoute vos titres, on replonge dans cette autre époque musicale qu’étaient les années 80s (que je n’ai que peu vécu pour ma part), et vient forcément cette question de savoir si vous auriez aimé côtoyer cette scène musicale si vous étiez nés plus tôt.
    Et qu’est-ce qui, à l’inverse, ne vous ferait regretter pour rien au monde de faire ce que vous faites depuis les années 2000 ?

Nous apprécions particulièrement l’ambiance et les sonorités de cette époque notamment la fraicheur que cela a pu apporter sur beaucoup de plans, alors bien sûr, une partie de nous aurait bien voulu vivre ces fameuses 80’s.
En revanche, nous ne tenons pas à en faire une véritable ligne de conduite, nous nous intéressons aussi à ce qui se fait aujourd’hui. C’est justement cette fusion des sons qui nous intéresse dans ce projet. Il y a aujourd’hui une véritable ébullition dans la nouvelle scène alternative, alors, je crois que définitivement, on se sent bien chez nous… en l’an 2000 ! Un joli petit côté retour vers le futur !

  • Quand j’écoute vos titres, il y a, je trouve, une apparente simplicité dans vos textes. Avez-vous ce raisonnement d’écrire avant tout des titres qui restent en mémoire dès la première écoute, je pense par exemple à Manuella ?

Effectivement, on retrouve parfois un côté candide presque naïf. Nous utilisons cette légèreté pour faire la jonction avec des sujets assez lourds et graves. C’est parfois amusant de voir comment cela peut être interprété.
En tous cas cela nous permet de créer un dancefloor sur une histoire de pute ou de suicide… ( sans aller dans le cliché).

  • Si je regarde votre line-up, je trouve une chanteuse, un guitariste, un bassiste et un claviériste, mais pas de batteur. Les rythmes programmés, ça ne pouvait pas en être autant ? Vous n’êtes pas tentés par une aventure à cinq avec un batteur ?

Après de longues années en duo, nous venons à peine de passer en formule 4, cette configuration nous convient pour l’instant.
Nous ne sommes pas prêts à ajouter un nouveau membre. Après, la question se reposera sûrement en temps voulu, car l’idée d’ajouter un batteur à moyen terme n’est pas totalement exclue. (Rendez-vous au prochain album !)

  • Pour la sortie de votre album, vous avez calé une « Release Party » à l’International. Que réservez-vous de spécial au public parisien pour cette soirée un peu spéciale ?

Posterboy Machine - International

Nous allons dévoiler nos nouveaux titres, notre nouveau live et aussi une partie de la nouvelle scéno qui réserve bien des surprises ! Et puis, pour le reste, nous vous invitons à venir danser avec nous !

  • Vous avez joué également à l’étranger, en Belgique et en Allemagne. Jusqu’alors vous défendiez des titres principalement en anglais, pensez-vous que l’accueil restera inchangé avec l’arrivée de vos titres en français ?

Nous l’espérons en tous cas, nous trouverons probablement la réponse quand on y sera !
« À l’époque », il nous arrivait d’interpréter des morceaux en français à l’étranger et, en général, les morceaux en français reçoivent un bon accueil… au moins pour le côté « exotique » ! (rire)

  • Si du jour au lendemain, on vous offrait l’occasion de jouer sur une scène musicale en Chine, est-ce que vous iriez jusqu’à écrire un titre en mandarin pour conquérir le cœur de vos fans d’un soir ?

Bien évidement, ça va de soit ! Pour l’instant, on bosse surtout notre Hongrois. Cela nous prend un temps considérable (rire).

Posterboy Machine

  • Vous avez dernièrement réalisé une session acoustique dans une salle de bain de Strasbourg avec Scène de Bain. Entre la station Mir, les Chutes Niagara et sous les aurores boréales nordiques, quel endroit vous tenterait le plus pour jouer un titre ?

Je crois pouvoir répondre sans hésitation : dans un kébab !

  • Merci beaucoup à vous quatre et très bonne soirée de lancement pour votre nouvel album « Kaléidoscope » ce vendredi 22 mars à l’International.

Merci ! À très bientôt !


Dans le cadre du concert gratuit de Posterboy Machine à l’International, indiemusic te fait gagner la discographie complète de Posterboy Machine en digital, à savoir leurs deux premiers albums « L’instant, c’est maintenant » et « Névrose de Luxe » et leur tout nouvel EP « Kaléidoscope ».

Discographie Posterboy Machine


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posterboymachine.bandcamp.com
soundcloud.com/user220712013

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques