Ce mercredi soir de mars à Tourcoing, le Grand Mix est presque comble pour la venue de Conor J. O’ Brien et ses Villagers.
Dans la salle, ils ne sont pas nombreux ceux qui peuvent dire « J’étais déjà là quand Villagers est venu ici le 18 novembre 2010 ». Ça reste pour moi une grande incompréhension : comment, à l’époque, toute l’agglomération lilloise a pu se tromper à ce point et manquer l’un des plus beaux concerts jamais donnés au GrandMix ? Conor O’ Brien l’évoquera à un moment du concert en disant que la dernière fois qu’il était venu, la salle n’était qu’à moitié pleine. Euh… Conor, on veut pas te contrarier mais elle était plutôt aux trois quarts vides la salle ce jour-là.
A l’entrée sur scène de Villagers, on est pris d’une grande inquiétude. C’est qu’il a bien changé Conor O’ Brien en deux ans. Finis la coupe de cheveux quasi monacale et le sweat à capuche informe, place aux cheveux courts bien peignés et à la petite chemise cintrée à la mode avec manches retroussées. Et si Conor a changé, sa musique n’a-t-elle pas elle aussi changé ? Villagers ne s’est-il pas un peu trop laissé griser par le succès ? A peine cette pensée nous effleure-t-elle que Villagers ouvre avec une Grateful Song entièrement réorchestrée. On est rassuré : Villagers est toujours Villagers ! Conor J. O’ Brien a cette capacité si rare à revisiter ses morceaux, à les tordre, les modifier, sans jamais trahir l’esprit original des compositions. On sent bien que pour lui, livrer des versions live fidèles aux originales serait trop facile.
Si je devais ne retenir qu’un moment du concert, ce serait sûrement l’enchaînement Eathly Pleasures, Judgement Call, Nothing Arrived, titres présentés comme un triptyque rock en diable, sans respiration ni temps morts. O’ Brien crie, hurle, aboie même (littéralement), totalement possédé par sa musique. Sur cet aspect, il faudrait aussi parler de The Waves. En écoutant l’album, je m’étais demandé comment Conor gérerait la montée en intensité sur la répétition finale de « Approaching the shore ». Et quoi de plus intense que de voir ce petit génie quasiment s’effondrer à genoux en bord de scène, à un bon mètre de son micro, tout en en se frappant le cou assez violemment avec un egg shaker ?
Je garderai aussi longtemps en mémoire le début des rappels où, pour finir le concert avec magie et poésie, Conor J. O’ Brien revient seul en scène pour nous délivrer une version acoustique de That Day. Simple, beau, un final aussi intense que limpide pour le meilleur concert de 2013 jusqu’à présent. Tout simplement. (Avis partagé par Conor qui lâchera en anglais « je crois que c’est mon concert préféré de la tournée à ce jour », et gageons que l’Irlandais ne dit pas ça tous les soirs.)
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