Dans les rues d’Angers avec Benjamin Piat

Mercredi, j’avais rendez-vous avec Benjamin Piat pour qu’il me parle de son premier album à paraitre début 2013. À 19h, je dois le retrouver devant le T’es Rock Coco, café concert prisé des rockeurs du coin. Manque de bol, le lieu est fermé en raison des vacances. Pas défaitistes pour autant, direction l’Art’s Café, sympathique bar urbain où j’avais d’ailleurs photographié la pochette du second EP de son précédent projet, Bénouzz.
Autour d’une bière et sous un ciel un peu gris, retour sur la rencontre d’un chanteur angevin pas comme les autres, immortalisée à travers quelques clichés capturés dans le vieil Angers.


  • C’est bon, ça enregistre ! Salut Benjamin, comment vas-tu ?

Salut Fréd, très très bien. Plein d’actualités, plein de choses qui se passent donc tout va bien.

  • On va donc parler de toi, Benjamin Piat. C’est quoi ce projet si tu devais le présenter en quelques phrases ?

Comme tu le sais, c’est la suite de Bénouzz. Ce n’est donc pas un nouveau projet mais vraiment la continuité du précédent.
J’ai fait quatre ans avec Bénouzz et pas mal de concerts et quelques belles premières parties aussi. Et puis la page s’est tournée naturellement.
J’ai voulu changer de nom parce que ça ne collait plus trop avec mes nouvelles compositions.
J’ai aujourd’hui des compositions qui sont beaucoup plus modernes. Bénouzz était quand même très ciblé sur la chanson française des années 20 et 30. Maintenant, c’est beaucoup plus moderne. Il y a une équipe derrière moi avec trois musiciens.
Benjamin Piat, pour l’histoire, c’est mon nom et mon prénom. Du coup, je ne me suis pas trop creusé la tête.

  • Le style de Benjamin Piat, tu peux m’en parler ?

C’est de la chanson française avec des textes en français plus harmonieux, avec plus de mélodies qu’avec Bénouzz. Bénouzz, c’était chanson française, mais guitare chant uniquement, alors que maintenant il y a des musiciens qui m’accompagnent et du coup, il y a plus d’ouverture sur les accords. Et puis, j’ai une belle équipe puisque mon bassiste c’est Jean de Last Time Voodoo, Emmanuel un batteur du coin, et Richard, le guitariste de la Ruda dont le groupe fait ses adieux à la scène le 15 décembre (pour deux dates au Chabada) et qui du coup intégrera pleinement le projet début 2013.

  • Et autour de tes musiciens, y-a-t-il d’autres personnes qui gravitent ?

Le cocon artistique, le cocon musical, il est vraiment centré sur quatre personnes ; moi et mes quatre musiciens. Sinon, il y a toujours Gilles en management qui s’occupe de gérer la stratégie du projet, l’Igloo, mon tourneur et probablement un producteur mais, ça, c’est pas encore fait.
Il y a Wagram qui est intéressé. On les rencontre d’ailleurs le 19 donc dans peu de temps. Voilà donc les principaux protagonistes du projet tout en sachant que j’ai toujours une asso, la Fabrik Acoustik qui gère tout ce qui concerne le merchandising et la logistique du projet.

  • Toi, ce qui t’intéresse au bout, c’est d’être signé sur une structure indépendante ?

Plutôt ouais, complètement même. Moi j’opterais uniquement pour une signature en indépendant pour avoir plus de liberté. Quitte à ne pas signer, mais faire le cd par nous même en autoproduction. Être libre artistiquement, être indépendant quoi, avec tout ce que ça signifie derrière, c’est ce qui m’importe le plus.

  • Ça serait quoi les remarques, les conseils que tu accepterais d’un label, et les limites que tu leur fixerais vis-à-vis d’eux ?

Alors, les conseils, je les prendrais tous, sans limites. Comme j’ai toujours fait lors des compositions, avec tous les arrangeurs qui ont participé aux morceaux. Après les ordres, tu vois, ça me parait plus compliqué. J’aurais beaucoup de difficultés à ce qu’on touche à mon artistique, c’est à dire aux morceaux que je compose.
Avant, sur le projet Bénouzz, on composait Gilles et moi les arrangements, maintenant c’est Richard de la Ruda qui a pris cette position-là où l’on compose tous les deux.
Ça, c’est quelque chose auquel je ne veux pas qu’ils touchent. Après, ce qui touche à la stratégie et au marketing, je suis ouvert à tout. Tout ce qu’on peut me proposer pour mener le projet à bien… tout en gardant une image qui me ressemble.

  • J’ai suivi tes débuts avec Bénouzz, et à cette époque-là, il y avait le costume de scène qui était partie intégrante de ton projet.  Est-ce toujours le cas ?

Oui, même si c’est un nouveau costume. Et il n’y a plus la gâpette, car je la porte à la ville, plus à la scène. C’était volontaire de créer un projet « chanson française à l’ancienne » des années 20 aux années 30. Là, c’est plus moderne comme je te l’ai dit plus tôt ; de la chanson française, mais plus actuelle, un peu variété – je n’aime pas trop ce terme-là parce qu’il est assimilé à des choses populaires, trop populaires, peut-être même commerciales – mais ça reste de la variété quelque part donc le costume de scène y ressemble. Quelque chose de très soft, de très classe, de très moderne. Avec un côté un peu crooner.

  • Genre, Dany Brillant ?

Ah non, je ne veux pas qu’on m’associe à Dany Brillant, c’est tout autre chose (rire). Je ne suis pas le nouveau Dany Brillant je te rassure !

  • On parle un peu de ton album ?

Sur l’album, il y a plein de choses à dire. Il est prêt depuis un moment ; depuis presque six mois.
Avec Gilles, mon manager, on a pris un peu de temps pour essayer de trouver des partenaires pour le financer, car ça coûte très cher de sortir un album. Là, on est en phase de trouver ce partenaire-là donc on a repoussé à chaque fois l’album, et là, on a enfin la date. Ça sortira au printemps 2013.

  • Tu en fais des rencontres à chacun de tes concerts. Comment le public t’accueille-t-il ?

Je reçois généralement un super accueil. Sur toutes les dates que j’ai faites, même depuis Bénouzz, puisque je comprends un peu ça dedans, j’ai vécu des très beaux moments.
Il y a même parfois beaucoup d’émotions, je pense à un concert que j’ai fait à la prison d’Angers où j’ai eu un accueil très chaleureux, et humainement c’était quelque chose de très fort. En général, les gens sont vraiment ravis et veulent voir comment le projet évolue. Alors généralement, on prend une adresse mail pour leur envoyer une newsletter tous les mois.
Du coup, les gens sont ravis, mais ont aussi un certain suivi du projet.

  • Ils ont envie de retourner te voir ?

C’est ce qu’ils me laissent imaginer, oui.

  • Pour le moment, combien de dates avec Benjamin Piat.

Pour l’instant, pas beaucoup vu que j’attends le premier album au printemps 2013 pour vraiment promouvoir le projet, mais là une petite dizaine pour le moment.
La transition s’est faite au début de l’année 2012 donc je n’ai fait que quelques dates, mais il y en a plein à venir en tout cas.

  • Pour donner encore quelques chiffres, Bénouzz, c’était combien de dates ?

Bénouzz, c’était plus de 200 dates. Je crois que ça se situe entre 230 et 240 dates.

  • Avec quelles têtes d’affiche ?

Avec des belles têtes d’affiche ! Tété, les Fatals Picards, la Ruda… Oldelaf, super projet et Anis bien sûr. J’en oublie certainement, mais en gros c’est ça !

  • Et si on parlait maintenant de l’écriture de tes chansons.

J’écris mes chansons à la maison, toujours. Le matin souvent. Ça étonne les gens, car la rumeur dit que les artistes écrivent souvent le soir avec une bière et quelques drogues quelconques.

  • Entre deux heures et quatre heures du matin.

Ouais, c’est ça. Mais moi, pas du tout. Moi c’est toujours fraichement le matin. Avec les idées claires et des petites mélodies que j’ai chopées dans la nuit. Et quand je me réveille, je compose comme ça. Voilà pour les compos.

  • Tu es plutôt un couche-tôt pour le coup ?

Ah non, je suis un couche-tard pourtant, mais il faut croire que j’arrive à bien gérer mon temps.

  • Et pourtant matinal !

Oui, et quand je me lève plus tard, j’écris, mais plutôt vers midi.  Pour moi, c’est le matin, vu que c’est  toujours au réveil.

  • Et ce projet, Benjamin Piat, c’est un projet qui aujourd’hui te permet de vivre ta passion pleinement ou tu poursuis une autre activité en parallèle ?

Non, c’est la deuxième année que j’entame et qui se bouclera en août prochain, en tant qu’intermittent du spectacle. Ça fait deux ans que j’arrive vraiment à en vivre. Le projet Bénouzz a vraiment démarré en mars 2008, donc tu vois, ça a mis deux ans à se lancer ce qui n’est pas énorme, et puis là, depuis deux ans, j’arrive à en vivre.

  • C’est finalement très rapide tout ça.

Ouais, ouais, c’est très rapide. Je suis quelqu’un de très ambitieux donc je veux toujours aller un peu plus loin et puis aujourd’hui, quoi qu’on en dise, avec des partenaires, ça nous aide à développer ma musique au niveau national.  Ça, c’est encore une étape à passer, mais on n’est pas loin de l’atteindre, j’ai envie de ça.

  • On va revenir un peu sur les textes du futur album, tu m’as dit qu’ils étaient tous écrits. De quoi parlent-ils ?

Ils parlent de quoi ? Alors, j’ai gardé quelques thématiques de Bénouzz. Il y a d’ailleurs quelques morceaux que j’avais enregistré sur les différents EP que j’ai sorti qui y figurent, mais globalement ça parle de la vie qui passe. Je ne parle pas de politique, je ne donne aucune leçon dans mes textes.
Ça parle aussi beaucoup d’histoires d’amour qui finissent bien ouqui finissent mal, mais qui ne me ressemblent pas du tout pour tout dire car imaginaires. Je demande juste au public d’y croire un peu. Et en général, ça marche,… j’ai cette impression.
Pour te donner un exemple, je pense à la Boutique aux pendules. Ça n’est plus vraiment une histoire d’amour, quoique c’est l’histoire d’une personne qui a l’amour des horloges  et qui un jour décède, et pourtant sa montre tourne encore. Donc, ça peut être également l’histoire d’amour d’un homme avec une passion.

  • Finalement, tu abordes des thèmes assez légers ?

Globalement oui, ce sont des thèmes assez légers. Il n’y qu’un morceau, Confidence, qui s’appelait d’ailleurs auparavant Junkie, mais que j’ai retravaillé car il y avait quelques erreurs de texte, qui est là un peu plus dur, car c’est l’histoire d’un junkie qui vit dans la rue et pour qui les choses se passent mal. J’énonce des faits sur la plupart de mes chansons, ça peut être triste, la plupart du temps, c’est plutôt joyeux, mais sans y prêter aucun jugement.

  • Tiens, on va même revenir sur l’avant-Bénouzz, car tu as fait partie du groupe de ska reggae angevin Rastafaya. Et c’est bientôt fini et feront un dernier concert le 1er septembre.

J’ai appris ça, oui.

  • Quel regard portes-tu sur ta contribution à ce projet déjà, et comment as-tu suivi l’évolution du projet jusqu’à maintenant ?

J’ai beaucoup d’estime pour ce projet-là, pour ces gens-là. Je suis plutôt fier d’y avoir participé parce que c’est une histoire qui a duré plus de huit ans, et qui a commencé en 2004 si mes souvenirs sont bons. L’histoire est très longue et je suis parti à une période un peu branlante avec certaines personnes,… et j’avais aussi envie de faire mon projet. Ça m’a réussi donc j’en suis assez content, mais très fier, très fier de ce qu’ils ont fait, du parcours qu’ils ont eu, qu’ils soient allés si loin.

  • Ton album, on l’attend donc début 2013.

Printemps 2013. Il n’y a pas de date précise, mais début du printemps 2013. On est encore en période de démarchage de partenaire. Produit ou auto-produit, on le sortira de toute façon.

  • Ton prochain concert, c’est où ?

Alors le prochain, c’est le 19 juillet au Réservoir à Paris avec le fils de Joe Dassin, Jonathan Dassin et un autre personnage que je ne connais pas, dans le cadre d’une carte blanche du label Wagram et d’un festival tremplin parisien, Génération Réservoir dont la finale est à l’Olympia.

  • Merci Benjamin et bonne continuation.

Merci à toi !

benjaminpiat.fr

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques