Une dextérité d’équilibriste. C’est ce qu’il faut aux Einstein Tremolos, pour arpenter des chemins aussi risqués et sinueux.
Pourtant, le quatuor parisien démontre, malgré sa fraicheur, une efficacité redoutable dans l’exercice.
Les titres de Bowery at Midnight se révèlent ainsi tous tortueux et aventureux, dans un krautrock moderne aux accents stoner rock, explosant régulièrement par fragments.
Mais l’exploit de rendre le tout digeste, c’est là un challenge effrayant, est accompli avec un surprenant savoir-faire. On reste toutefois stupéfait par la densité et l’intensité, et on pense ça et là aux fantômes de Can ou de Robert Wyatt, croisés avec l’envie d’en découdre des Queens Of The Stone Age.
L’utilisation systématique d’instruments à cuivre, couplés à des rythmiques lourdes et solides, s’avère une riche idée, apportant une touche psychédélique à l’atmosphère déjà poisseuse, comme dans le finish épique de Brooklyn Blues, sublimé par une trompette acid jazz survoltée. Le genre d’hallucination à mille à l’heure digne d’un bad trip semblant tout droit tiré de Las Vegas Parano, qui laisse l’auditeur essoufflé.
Le moment le plus réussi de cet EP est Lullaby for a Redhead Lunatic, où la voix du chanteur, à la fois retenue et tendue, fait écho à un timbre féminin lascif à souhait. Les solos y sont épileptiques, les chœurs envoutants. Les deux autres titres de cet EP n’en sont pas moins efficaces et les mélodies soignées rendent l’ensemble étonnamment accessible pour une musique aussi recherchée.
The Einstein Tremolos peut ainsi envisager, de se placer très sérieusement aux côtés des groupes comme Nelson en tant que représentant d’une scène française qui propose un autre rock. La réussite est totale sur ce second EP, dors et déjà mature et abouti. Il est peu dire que leur premier album, à sortir dans les mois à venir, sera accueilli avec excitation.