From Silencer to Red Red, retour sur les dix premières années de Daria en interview.

Daria est aujourd’hui, comme à la maison, dans les colonnes d’indiemusic.
Après avoir chroniqué leur troisième album Red Red, reporté le concert de sortie de l’édition vinyle, j’ai proposé aux quatre Angevins ; Germain, Étienne, Camille et Arnaud de me parler de leurs dix années de vie commune autour du projet.
Une rencontre qui se fait à l’occasion des deux mois de sortie de Red Red que nous vous proposons en téléchargement gratuit et exclusif sur indiemusic de ce soir minuit à samedi même heure.
Allez, sans plus tarder, place à l’interview !

  • Salut les Daria, bienvenue sur indiemusic. Comment allez-vous ?

Germain : Très bien ! Ravi d’être de passage chez vous !

Étienne : Super ! Content de pouvoir discuter avec vous du nouvel album.

  • Red Red, votre troisième album sortait en avril dernier. Deux mois après sa sortie dans les bacs, quel bilan en faites-vous ?

G : Effectivement ça fera deux mois le 2 juin que Red Red est sorti. Il est un peu tôt pour faire un bilan complet, mais si l’on devait déjà cerner quelques tendances, je dirais que l’heure est aux sourires pour nous. Nous n’avons jamais eu une sortie de disque de cette qualité là que ce soit en terme de partenaires de travail, de concerts, de promo ou de ventes d’album !
Jusqu’ici, c’est un réel plaisir !

  • Parmi les retours que vous avez eus sur cet album, lesquels retenez-vous en particulier ?

G : Des retours, il y en a eu beaucoup plus que pour les précédents. Ce que l’on retient le plus, c’est la différence de compréhension. La plupart des retours nous confirment que les gens se sont approprié cet album, qu’ils ont cerné notre démarche, qu’ils ont écouté nos paroles, qu’ils ont intégré l’exercice de l’enregistrement live. C’est cool parce qu’on a fait quelque chose de très direct, sans artifice, très sincère et ça a été perçu comme tel. C’est une grande satisfaction.

E : Complètement. Nous sommes touchés quand les retours voient la sincérité et les tripes qu’on a mises dans Red Red depuis sa composition jusqu’aux concerts où on le défend, en passant par son enregistrement live évidemment !

  • Vous en êtes donc à votre troisième disque en près de dix ans. Tout d’abord, quelles évolutions notez-vous dans votre son depuis vos débuts ? Qu’est-ce qui rend Red Red différent des précédents disques que vous avez sortis ? Que reste-t-il de l’avant Red Red dans vos compos actuelles ?

G : Lorsque tu as la chance que ton groupe dure plus de 10 ans, c’est un véritable exercice que de regarder en arrière. Ce qui différencie Red Red de ses prédécesseurs c’est, pour moi, avant tout sa relation à la musique. On a grandi, on a gagné en assurance et on se pose moins de questions techniques, matérielles, pragmatiques. On est directement dans la musique, on va directement à l’essentiel.
Mais il n’y a pas de rupture non plus.
Red Red est fait de 10 ans de sédimentation intense : une couche d’humain pour les gens que l’on a rencontré ou perdu, une couche de déception pour tous les moments durs, étage qui est très généralement suivi d’une couche d’alcool, et puis il y a les strates affectives parce que c’est une histoire de cœur et de copains. Et la dernière couche, matérielle, au regard de ce que nous apportent nos amplis et nos guitares achetés année après année.

  • On passe difficilement à côté de préférence sur un album. Pour chacun d’entre vous, quel est votre morceau préféré de Red Red ?

G : Probablement « The Sinner » pour le son, la manière dont on l’a enregistré et pour ce dont on s’est approché.

E : Dure question que celle-là. Pour moi, ça serait « Deafening Times » la piste 1 sur le disque. Parce qu’à mon sens, elle synthétise ce que Daria aime et arrive à faire : du rythme, des mélodies, et la place au chant !

Arnaud : C’est « Deceiver » parce que le groove est différent des schémas classiques rock. La mélodie aussi est très présente et moins évidente que ce qu’on a parfois pu faire.

Cam : Pour ma part, j’aime tout particulièrement le morceau « The Last Page ».

  • Vous revenez d’une tournée en Allemagne pour y présenter l’album. Quel accueil vous a été réservé là bas ?

G : Un peu le même qu’à l’étranger de manière générale.
On est déjà allé en Irlande, en Espagne, au Canada et donc très récemment en Allemagne, mais à chaque fois c’est le fossé : le reste du monde écoute du rock ! On est donc spontanément mieux accueilli qu’en France. On partage plus de standard, d’habitudes de sons et puis c’est toujours plaisant de sortir des frontières françaises.

E : Personne n’est affolé quand on débarque le matériel du camion pour le poser sur scène. On fait du bruit, beaucoup, et personne ne vient nous dire « C’est impossible ! Va falloir baisser ! »

  • Vous avez certainement partagé la scène avec des groupes locaux, pouvez-vous me les présenter en quelques mots ?

G : La particularité d’Osnabrück, la ville allemande où nous avons joué, c’est qu’elle n’a pas de scène locale. Il n’y a pas de groupes qui répètent donc pas de locaux de répétitions (ou l’inverse). Désolé…

  • Grâce au label angevin « Des Ciseaux et Une Photocopieuse », vous avez sorti une édition vinyle limitée de Red Red. Déjà écoulée ? Qu’est-ce que ça procure comme sentiment de voir son album édité dans ce format ?

G : On a attendu ça des années, donc c’est un sentiment plaisant. C’était un réel plaisir de toucher enfin ce vinyle. Le label DCEUP tenu par les membres du groupe de punk-rock « Wank For Peace » a réalisé un de nos rêves jusqu’ici trop onéreux pour que l’on puisse se l’offrir. L’édition limitée, très complète, s’est vendue entièrement sur précommande !
Aujourd’hui il ne reste que quelques exemplaires du vinyle classique. C’est la double bonne surprise pour nous !

E : Même sentiment que Germain. Et tout cela redonne tout son sens au support physique de la musique !
Ça nous plaît évidemment, à tel point qu’on va même faire avec DCEUP en édition ultra limitée des K7 sur lesquelles on va mettre une dizaine de morceaux inédits issus des préprods des albums depuis Silencer en 2006 jusqu’à Red Red en 2012. Ceux qui sont intéressés faudra être vigilants, car il y en aura peu !

  • J’ai pu vous découvrir en live à l’occasion de la sortie de votre album en vinyle sur Angers. Vous avez repris des chansons de vos précédents albums dans votre set. C’était important pour vous de ne pas réduire le Daria de 2012 au nouvel album ?

G : C’était important pour nous comme c’était important pour les gens qui se sont déplacés pour nous écouter. Daria n’est pas que Red Red, c’est une somme de plus ou moins bons morceaux.
À chaque album on assemble un nouveau set et à chaque fois c’est un soulagement de licencier certains morceaux que l’on a trop joués. Mais c’est aussi un plaisir de constater que certains ne peuvent pas nous quitter. Il y a des morceaux de Silencer qui gardent une place maîtresse. Il y a même un morceau du premier EP qu’on ne joue plus, mais qui est juste à côté sur le banc de touche prêt à débouler au besoin. En fait, un set c’est comme une équipe de foot. Il y a les cadres, les papas et puis il y les jeunots fraichement sélectionnés.
On devrait peut-être demander de l’aide à Raymond Domenech en résidence.

  • Vous semblez attachés à vos racines angevines. Daria, c’est plutôt Anjou Rouge, Coteaux du Layon, Cointreau ou Guignolet ?

G : Anjou Rouge ! Ou plutôt vin nature des bords de Loire. On a quelques amis dans le vin, c’est toujours un plaisir de gouter avec eux !
PY, par exemple, le bassiste des Thugs a beaucoup de connaissances en vin et non content de nous avoir donné envie de faire du rock, on essuie de temps en temps quelques revers tanniques avec lui. Voilà, oui, c’est très angevin effectivement !

E : Un peu tout en fait.

  • Red Red a été enregistré en live. Peut-on dire que cela apporte une plus grande fidélité vis-à-vis de vos concerts ?

G : La semaine passée, je participais à une commission de programmation pour un évènement sur Angers. J’avais oublié à quel point il pouvait y avoir un écart entre ce que les gens présentent comme musique enregistrée et ce qu’est le rendu scénique. Red Red a pour lui d’être authentique : ce que nous savons faire sur disque, nous savons le faire sur scène.

  • Parlons des concerts, qu’est-ce qui est au programme de votre groupe au cours des prochaines semaines ?

G : L’été nous réserve quelques bons moments !
Tout d’abord le 16 juin nous donnons un concert dans un lieu que nous tenons secret. Nous allons jouer en live, pour quelques privilégiés, l’album Red Red du début à la fin, dans l’ordre.
Le 14 juillet, on sera à La Rochelle avec Papier Tigre. Pendant les Francofolies de La Rochelle, on a hâte de rencontrer sur scène et de visu les Papier Tigre avec qui l’on partage quelques personnes ou lieux (BlackBox notamment).
Le 18 août, on prend la route de l’Espagne pour jouer sur le Sant Feliu Festival. Ce festival est pour nous l’emblème d’une programmation ajustée : Kepone, Seaweed et Jay Robbins avec qui, lui et son nouveau groupe Office Of Futures Plans, nous prévoyons de sortir un split vinyle à l’automne prochain. Une double sortie USA / Europe que l’on va peaufiner entre nos deux concerts au Sant Feliu. Pour le reste, la rentrée nous attend avec quelques bonnes surprises !

  • Merci à vous quatre et à bientôt sur indiemusic.fr !

E : Merci Fred. À bientôt.

dariamusic.net

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques