Rencontre avec Bel Plaine

Nouveaux venus de la scène pop indie folk parisienne, Bel Plaine impose déjà par la qualité de ses vidéos acoustiques et un premier titre électro-pop au refrain ensoleillé « Walter Castillo ». Rencontre avec les quatre membres du projet sur indiemusic.

  • Salut les Bel Plaine, comment allez- vous ?

Morgan : Très bien, nous sortons d’une petite pause de quelques semaines due aux errances transatlantiques de certains, donc nous avons seulement hâte de jouer ensemble et de nous remettre à bosser sur les morceaux.

Antoine : Exactement !

  • Au centre du projet, il y a vos voix ; Antoine et Morgan. Vous parlez d’un « coup de foudre artistique et éthylique ». Cela signifie-t-il que votre projet est né suite à une soirée bien arrosée ?

Morgan : Pas “suite à” mais “PENDANT une soirée bien arrosée”. Je peux même te romancer l’histoire si tu veux.
C’était à une fête du Nouvel An, Antoine et moi étions à cette soirée, mais on ne se connaissait pas. On ne s’est pas calculés de toute la soirée et au moment où tout le monde se disait au revoir, on s’est croisés, on a discuté sur le son qui passait à ce moment-là, ça devait être Franz Ferdinand ou Foals peut-être, et au bout de cinq minutes, on parlait de faire un projet ensemble. True story !

Antoine : C’était The Drums, après cette soirée on ne s’est pratiquement plus quitté. Haha.

  • Quelle était l’envie de départ pour Bel Plaine quand vous avez été rejoints par Cédric et Ancelin ?

Morgan : Étant donné que la plupart des morceaux ont été composés et joués pour les premières fois en acoustique-voix, avec juste Antoine et moi, la première démarche a juste été de transformer ces ballades acoustiques en morceaux vivants et arrangés. Ce qui n’est pas une tâche facile, je m’en rends bien compte depuis quelques mois. C’est toujours ce sur quoi nous travaillons en ce moment.

Antoine : L’arrivée de Cédric et d’Ancelin a donné une seconde vie aux morceaux, on en avait besoin, ça nous a permis d’avancer beaucoup plus vite sur pas mal de points.

Vander : C’est vrai que l’arrangement des morceaux définit la couleur du groupe. À mon sens, et je pense que les autres seront d’accord avec moi, les arrangements du live doivent différer des arrangements studio, pas gratuitement bien sûr, mais pour trouver un son sur l’album. Le meilleur exemple pour moi en ce moment, c’est Foster The People, le son de leur disque est vraiment très travaillé, avec un coté feutré, et pas du tout grosse prod à l’américaine. En revanche sur scène c’est bien rock et le son est puissant.

Ancelin : Cela permet aussi une plus grande liberté d’interprétation, les morceaux fonctionnant déjà en acoustique comme l’a dit Morgan, on peut se permettre beaucoup plus de choses.

  • Bel Plaine n’est pas – je pense notamment à Morgan que j’ai connu avec son groupe Meredith – votre premier projet. Qu’est-ce que vous ont apporté ces expériences musicales antérieures dans la construction de ce nouveau projet ?

Morgan : Meredith m’a appris à quel point la rigueur était importante dans le travail de groupe. C’est également avec ce projet que j’ai découvert comment on pouvait se dévouer totalement pour son projet, surtout psychologiquement. C’est-à-dire que moi, ces chansons et ces deux mots, “Bel” “Plaine”, ils sont dans ma tête presque 24/24.
Je suis toujours en train de chercher comment améliorer un couplet, une voix, trouver une idée de photo ou de vidéo. C’est d’ailleurs assez épuisant, car on j’en viens à oublier comment mettre mon cerveau en pause le soir, quand je veux dormir.
Meredith, grâce notamment au parrainage de la salle de concert angevine, le Chabada, m’a tout simplement fait découvrir tout ce côté professionnel, les filages, les résidences, la com, des trucs dont on ne se soucie pas quand on joue dans des petits cafés concerts ou des squats sponsorisés par Alternatives Libertaires dans lesquels on se sert soi-même sa pinte derrière le bar.

Antoine : J’ai eu pas mal de projets avant qui m’ont beaucoup apportés, mais chaque projet est différent et j’ai toujours l’impression de redécouvrir la musique quand j’en commence un, c’est ça qui est excitant !

Vander : Mes différentes expériences m’ont permis d’évoluer dans la construction d’un morceau. Déterminer ce qui fonctionne, ou pas, en studio, en live.
C’est le premier groupe avec lequel je joue qui chante en anglais, et ça m’excite beaucoup !

Ancelin : Chaque formation ayant son identité propre, elles m’ont toutes permis de me construire et de mûrir musicalement, et Bel Plaine ne déroge pas à la règle.

  • À l’inverse, y a-t-il des expériences moins positives que vous ne cherchez pas à réitérer avec Bel Plaine ?

Morgan :  C’est assez basique, mais je veux que le groupe soit une bande de potes, de gens qui ne font pas que faire de la musique ensemble.
Avec mon groupe d’avant, on répétait tellement qu’on ne trouvait même pas le temps, ou qu’on n’avait tout simplement pas envie de faire la fête ensemble et partager nos vies. Je veux éviter cela.

Antoine : Oui c’est bien vrai !

Ancelin : Chaque expérience est enrichissante et je n’ai jusqu’alors travaillé qu’avec des personnes que j’apprécie, je ne me vois pas faire autrement, je pense que c’est important pour l’équilibre du groupe et dans l’écriture des morceaux.

  • Si vous deviez chacun parler d’un objectif, d’un but au sein du projet, ça serait quoi ?

Morgan : J’adore voyager, être en déplacement, me réveiller dans un endroit différent tous les matins, avoir ce moment de doute, où tu te dis: “Attends, je suis où, là ?”.
De plus, ce qui me fait vibrer le plus dans la musique, c’est les lives, donc mon principal objectif est de tourner avec les gars et de jouer ces chansons devant le plus de gens.

Antoine : Le live me procure des sensations que je ne retrouve pas ailleurs, donc bien sur comme Morgan mon objectif est de partir tourner avec mes potes partout où les gens auront envie de partager des bons moments avec nous.

Vander : Partir en tournée ! Et faire du studio non-stop !

Ancelin : Je veux que la musique que l’on fait soit la musique que j’ai envie d’écouter.
J’aime ce que l’on fait et c’est un vrai moteur. Et bien sûr voyager avec mes potes, rencontrer du monde, partager notre passion le plus possible, life on the road, you know!

  • Vous avez pour l’instant proposé trois titres à découvrir sur YouTube, avec deux acoustiques capturées live et un titre plus électronique « Walter Castillo ». Le premier EP (ou album), prendra-t-il une seule de ces directions ou le but est-il à l’inverse de désorienter votre auditoire en proposant des titres très changeants ?

Morgan : Je crois que ça sera la rencontre des deux. Il n’y aura aucun morceau purement acoustique, ça c’est sûr, mais même sur des titres plus arrangés, nous tenons à ce que la guitare acoustique reste. D’ailleurs, elle est bien présente sur “Walter Castillo” si tu écoutes bien. Dans la même logique, pour nos lives, il y aura toujours à la fois une guitare acoustique et une électrique. Cela adoucit notre son sans pour autant enlever la force des morceaux.

Ancelin : Je pense qu’on essaiera de garder une unité, un univers, mais il ne faut pas oublier qu’à un certain moment, un morceau existe de lui-même, il ne t’appartient plus en quelque sorte. Il faut savoir l’écouter pour lui donner ce dont il a besoin, et cela peut différer d’un morceau à l’autre.

  • En parlant auparavant de vos sessions acoustiques, avez-vous une préférence entre l’acoustique et l’amplifié ?

Morgan : Hum…J’aime le contact plus direct qu’il y a avec le public et l’aspect très soigné que prennent les concerts acoustiques, mais il y a énormément plus d’adrénaline et de folie dans les concerts amplifies, donc je préfère la folie.

Antoine : J’aime beaucoup les deux. Les arrangements diffèrent selon les concerts acoustiques ou électriques, et ça fait du bien de ne pas toujours jouer la même chose. Mais j’ai quand même une légère préférence pour les concerts amplifiés.

Ancelin : J’aime beaucoup la proximité et la sensibilité du live acoustique, mais je m’éclate beaucoup plus en électrique où je peux m’exprimer pleinement.

  • Vous avez déjà fait quelques dates ensemble pour présenter vos morceaux ? Comment a été l’accueil de votre public ? Est-ce que l’avis des spectateurs présents à ces concerts vous a amené à modifier certains points dans votre musique ?

Vander : Pour notre premier concert amplifié, que l’on a fait il y a quelques semaines, dans un hangar, lors d’une soirée électro, l’accueil a été super ! J’ai senti au premier coup de cymbales (rire) que j’allais passer un très bon concert (c’est rassurant pour le premier ).
Bien entendu, on a fait des erreurs, certains points vont être modifiés, notamment sur la setlist (un classique).  Il y a encore du travail, c’est ça qui est bon !

Ancelin : Il y a certaines dates que l’on appréhendait un peu, pensant que le public devant lequel on jouait ne serait pas forcément des plus réceptifs, mais à chaque fois les gens écoutent, applaudissent et viennent nous voir à la fin des concerts, ce qui est très réconfortant. Les avis extérieurs sont toujours très intéressants, car on a parfois un peu (trop ?) la tête dans le guidon, du coup ça nous est arrivé d’en reparler entre nous et d’essayer des choses. Mais, selon moi, les morceaux doivent d’abord nous plaire pour plaire au public et il ne faut pas vouloir plaire à tout le monde à tout prix, c’est impossible et l’on risque d’en perdre notre identité.

Antoine : Oui, après notre premier concert, on a changé pas mal de choses, c’est ce qui fait évoluer le groupe. C’est important de prendre les critiques, ça fait avancer. Quand tu es en répète, tu ne te rends pas vraiment compte de tout.

  • Quelles sont vos prochaines dates ?

Morgan : On joue le 16 mai au Clipperton à Paris pour une soirée acoustique. Pour la Fête de la musique, on sera sur une scène au dessus des Abesses dans Montmartre, ça devrait être fun. J’ai fait la Fête de la musique par là, il y a quelques années et l’ambiance était assez folle.
D’autant qu’il y aura un gros groupe en tête d’affiche sur notre scène qui n’annoncera la date qu’au dernier moment, donc ramenez-vous.
On a aussi deux dates au mois de juillet, une à la Bellevilloise et l’autre au Café A, un hangar bobo à Paris. En toute honnêteté, on ne fait pas trop d’efforts pour trouver des dates pour l’instant, on est plus occupés par les chansons et la préparation de notre live. Il se passera beaucoup plus de choses après l’été.

Antoine : Suspense…

  • Où en êtes-vous dans le processus de composition et d’enregistrement de votre premier disque et vous êtes-vous fixé une date pour le sortir ?

Morgan : Les morceaux sont composés depuis longtemps et on est train de finir de les arranger. Nous comptons enregistrer un EP cet été, certainement autoproduit, que nous aimerions bien enregistrer dans le sud de la France, isolés dans une maison de campagne. On est en train d’organiser cela. On peut donc espérer qu’il sortira à la rentrée.

  • Dernière question, pourquoi Bel Plaine et pas Belle Plaine ?

Morgan : Un jour, dans une friperie, je suis tombé sur un t-shirt violet avec écrit “Belle Plaine Bull Riding-BBQ-5km”. C’était un t-shirt qui faisait la pub d’une course de rodéo quelque part aux US.
Je me suis dit à la seconde que je voulais que “Belle Plaine” soit le nom du groupe.
Antoine a eu l’idée du “Bel” et c’était très malin, car “Belle Plaine”, ça fait hippie ou chanteuse de country. On aime beaucoup les hippys, mais on ne voulait pas que ça soit uniquement cela qui sorte du nom du groupe.
Alors que “Bel Plaine”, c’est ambigu, c’est anormal, ça peut être anglophone, français, même franco-arabe.
Ah oui, et je j’ai finalement acheté ce t-shirt, bien évidemment !

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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques