Transmusicales de Rennes, pas si transcendant que ça

Ce week-end, je me suis rendu au grand rendez-vous de découverte musicale de ma ville, Rennes, week-end de pluie, week-end de musique.

Après avoir écumé longuement la programmation des 33èmes rencontres Transmusicales de Rennes, j’avais coché quelques noms sur mon programme, des groupes à ne pas rater.

C’est vendredi que commence mon périple au Parc Expo de Saint-Jacques de la Lande, à quelques km de Rennes.

En effet, depuis quelques années, le festival se déroule ici, éparpillé entre plusieurs halls, les halls 3, 4 et 9 réservés aux concerts, le 5 à la restauration et une partie du 4 à la buvette ainsi qu’à la Green Room, une espèce de salle verte transformée en dancefloor.

Parmi les noms que j’avais cochés figurait en tête de liste l’anglais Robin Foster, reconverti français, dont j’ai fait dernièrement la chronique sur un album qui m’avait particulièrement touché. Il était donc hors de question pour moi de rater l’anglais et ses musiciens, ainsi que le chanteur Dave Pen. Le résultat du disque est aussi bon que sur scène. Doux, voluptueux et rock. La prestance de Dave Pen est superbe. Les musiciens sont tous très bons, les sons des guitares s’entremêlent en nous pour ne former qu’une énorme cohésion globale. C’est planant, vraiment très bon. Je ne dirais pas que j’ai aimé Robin Foster ; j’ai littéralement adoré.

Juste avant dans le même hall, j’ai pu voir la fin de set des deux Espagnols du groupe Za! dont  je ne pourrais donner qu’un bref avis très positif. Les deux derniers morceaux du set m’ont vraiment percuté, les musiciens sont calés, ça donne envie. Tant pis pour moi de n’avoir pas vu le reste, mais le nom reste dans ma tête.

Il y avait bien sûr des artistes plus attendus que d’autres ; je pense notamment à Hollie Cook, la fille du célèbre batteur des Sex Pistols, Paul Cook. Un concert décevant,  la « fille de », n’a pas écopé du don de papa. Le chanteur qui l’accompagne prend même le dessus sur elle, au point où l’on pourrait se demander si ce n’était pas lui le chanteur, et elle la choriste. Je passe.

Je vagabonde entre les trois halls. Ne trouvant rien à mon goût, je décide d’attendre un peu pour voir mon deuxième coup de cœur ; l’américain Colin Stetson. Le garçon sert un jazz expérimental envoutant. Seul sur scène avec pour seuls instruments un saxo et un trombone, l’américain est royal et je suis conquis. Dans un style unique, il maitrise une technique qui lui permet de souffler plusieurs minutes en continu, tout en frappant les touches de son instrument. On pourrait en venir à se demander ce que l’Américain faisait au milieu de tous ces artistes résolument électropop… mais je ne pourrais que remercier l’organisation des Transmusicales d’avoir fait venir cet ovni. Colin Stetson, reviens quand tu veux à Rennes !

J’attends le retour des tonitruants Stuck In The Sound pour la présentation de leur nouvel album. Luz, le fameux dessinateur de Charlie Hebdo ayant fait la caricature d’un prophète, offre alors au public un très bon set. Ses dessins défilant sur un écran derrière lui, l’homme rempli de pitrerie, se dessine sur la tête, montre ses fesses, dans une ambiance vraiment top. De quoi faire bouillir le public, déjà bien atteint par les vagues d’alcool et les nappes de fumées.

Stuck In The Sound, c’est top. Le retour est à la hauteur de là où on avait laissé les garçons. C’est rock bordel, et ça fait du bien autour de toute la vague électro qui parcoure la soirée.

Je rentre me coucher, pas totalement déçu, car j’ai vu de bonnes choses, mais déçu quand même.

Il est 11h30 quand je me réveille le samedi. Le temps de boire un café place Sainte-Anne, de manger un petit bout et de filer à l‘Ubu, où l’accompagnement des médias m’avait donné rendez-vous afin de se retrouver autour d’un verre et de petits fours. Ambiance trop cosy pour moi, je décide d’attendre le premier concert de l’après-midi. Mais vite, la salle vraiment mal faite est prise d’assaut.

Qui dit concert gratuit pour les trans, dit forcément des gens qui y accourent. Le premier groupe 50 Miles From Vancouver, me fait bonne impression, mais rentre vite dans une espèce de monotonie. Un après-midi peut-être trop pop pour moi !

Je décide donc de me rendre aux Champs Libres, où Sallie Ford & The Sound donne une conférence sur le rock. Malheureusement, la salle de conférence est prise d’assaut, et je me vois refuser l’entrée. Dommage, son concert d’hier soir était génial d’après les échos que j’en ai eus, tant pis pour moi.

Je prends une pause, et je réattaque pour la soirée du soir au Parc Expo. En restant sur le parking, je rencontre un gars qui regrette lui aussi cet axe de plus en plus électro aux Trans.

Ce soir, je décide d’attaquer par Zomby, un dj au hall 9. N’étant pas très friand d’électro à la base, je suis étrangement conquis ; le set est percutant et la basse me fait vibrer. Je ne m’attarde pas trop non plus, il y a tellement de choses à voir.

Je passe ainsi au Hall 4, et au groupe mexicain Mexican Institute Of Sound. Le son de la basse est incroyable et le batteur très bon. Dommage que le tempo latino et la voix n’aient pas fait mouche sur ma personne. Je reste sceptique. Mais la musique est vraiment très bonne.

Au Hall 9, la salle s’est remplie car on attend les Carbon Airways, les deux jeunes frère et soeur de 14 et 15 ans, ayant fait polémique il n’y a pas très longtemps. Leur région ne voulait plus les laisser venir jouer, car à leur bon sens, la musique nuirait à leur scolarité. Les deux jeunes sont de vraies piles électriques sur scène ; surtout Éléonore, la plus âgée. Elle court dans tous les sens, son frère Enguerrand, lui aussi ravageur, saute un peu partout. Leur musique est surpuissante et ravage le public du Hall 9. Le tempo est sympa, c’est dansant, ça donne envie de faire n’importe quoi. Les jeunes ados s’amusent, c’est même touchant. On remarquera quand même la fragilité de leurs jeunes voix, mais dans l’ensemble, c’est plutôt bon. À confirmer dans le temps.

Je passe maintenant à mon dernier coup de coeur avec le groupe de Seattle Shabazz Palaces, un hip-hop très expérimental. Les basses tremblent, le flow est parfait et les samples très bien calculés. Je suis vraiment conquis par ce groupe, étrange comme je les aime.

J’aurais bien aimé vous en dire plus sur le reste de la soirée, mais ce que j’ai vu ensuite ne m’a vraiment pas conquis, trop électro, beaucoup trop sûrement, pour me donner l’envie de rester. Et un public peut-être trop hype pour moi.

Les Trans c’est bien, mais c’était mieux avant.  C’était plus rock, plus couillu. Il en faut pour tous les goûts certes, mais des fois on regrette le passé, que voulez-vous…

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Aloïs Lecerf

chroniqueur bercé par et vivant pour la musique à travers les découvertes et les concerts