[Sorties] Festival Jazz à Luz #32

Pour beaucoup d’entre vous, l’été rime avec festivals et musique. Des lieux éphémères, où se jouent la rencontre, le partage, le vivre-ensemble, la découverte, l’évasion et la culture avec un grand C. Un peu partout en France, les festivals de musique sont le moteur d’une diversité culturelle précieuse et vitale. Alors que le syndicat des musiques actuelles alertait en avril dernier à travers son plaidoyer pour des festivals indépendants sur le phénomène de concentration dans le secteur de la musique et plus généralement de marchandisation à outrance de la musique, nous sommes heureux de constater que cet été encore, porté par l’engagement et la passion, verra de belles utopies artistiques et musicales aux quatre coins de la France, à commencer par l’étonnant Jazz à Luz au cœur des Pyrénées, du 12 au 15 juillet 2023.

Il faut beaucoup d’audace et de passion pour mener et faire perdurer un festival comme Jazz à Luz face à l’obsession du « name-dropping » qui gangrène les affiches des festivals. La résistance se fait tout simplement par une direction artistique exigeante, intelligente et militante, n’ayons pas peur des mots. Si ce festival, malgré son nom historique (déjà la 32e édition), n’est plus tout à fait un festival de jazz, au sens classique du terme, il en a gardé la liberté, le goût, l’esprit, l’inspiration. Pas seulement une accumulation de concerts, il porte en lui ce souffle culturel propice à la découverte, à la réflexion, au dépaysement.

Concrètement, le festival propose, pendant quatre jours, une immersion dans la richesse et la diversité de la création musicale émergente d’aujourd’hui, où l’esprit du jazz libertaire ressurgit dans les musiques improvisées, les musiques rock, les musiques expérimentales…

Le territoire d’exploration sera extrêmement vaste, entre la scène régionale fièrement représentée par une figure aussi marquante que le groupe BØL, entre la scène hexagonale, avec par exemple un étonnant duo, Mamie Jotax, lauréat 2022 de Jazz Migrations, ou encore la scène européenne, pour un autre exemple particulièrement parlant que les digressions rock, sauvages et cathartiques du tandem belge La Jungle.

Avec un tel festival, l’énumération besogneuse de l’ensemble du programme : 24 formations, 32 concerts, 21 payants et 11 gratuits dans 15 lieux différents serait à la fois fastidieuse et un peu abstraite, mais aussi avouons-le difficile, puisque même à indiemusic, nous ne maîtrisons que très peu de groupes et artistes programmés sur ce festival. L’important est certainement de faire confiance à la ligne de conduite exemplaire de cet événement pour se laisser porter pendant 4 jours et en ressortir différent. Cette 32e édition sera d’ailleurs symboliquement marquée par la diffusion des films documentaires de Mathieu Almaric sur le musicien jazz culte, John Zorn, figure d’inspiration pour une partie de la musique indépendante mondiale et d’ailleurs bien au-delà du jazz.

Nous pouvons tout simplement pour conclure reprendre les mots inspirants de la mairie de Luz-Saint-Sauveur, soutien indéfectible du festival : « Aujourd’hui plus qu’hier, ce monde nous confronte à nos propres fragilités, nous fait rencontrer les déséquilibres, les doutes, la précarité de la paix, les manquements à la sagesse et les cassures de nos propres démesures. Alors, emplissons-nous de moments créatifs, dégustons l’éphémère, célébrons l’inattendu. »


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.