[Live] Festival Days Off 2017

Dans la riche programmation du festival Days Off, nous avons fait le choix du 5 juillet pour mener une escapade Porte de la Villette. Une soirée complète à jongler entre les deux grandes salles de la Cité de la Musique et de la Philharmonie. Dans la première, nous avons assisté à la deuxième édition de la soirée Hexagone, avec au programme tout le gratin de la nouvelle scène française. Dans la seconde, deux affiches de premier choix : Michael Kiwanuka et James Vincent McMorrow. Compte-rendu.

Michael Kiwanuka – crédit : M. Guthfreund

La dernière fois que nous avons vu Requin Chagrin à Paris, le groupe reprenait déjà Indochine le temps d’une chanson intercalée dans son set. Mais cette fois-ci, comme un rêve qui deviendrait réalité pour la chanteuse Marion Brunetto, c’est avec Nicola Sirkis en personne que le groupe a entonné « Les Plus Mauvaises Nuits » devant un public de la Cité de la Musique agréablement surpris – même s’il a fallu au leader de la formation iconique française un petit pupitre sur scène pour se rappeler le texte de sa propre chanson. C’est ensuite comme si de rien n’était, mais un peu la tête dans les nuages, que le quatuor a repris le fil de son concert pop aux cordes mélodiques. Enchaînant les tubes surf rock de son disque éponyme sorti en 2015 jusqu’à l’épique conclusion instrumentale d’« Atlas », les spectateurs se débattent dans le même temps autour de la traditionnelle bouée requin volant dans la fosse. Pourtant ce concert-là avait un petit quelque chose d’unique que personne n’est prêt d’oublier, surtout pas eux.

Requin Chagrin – crédit : Charles d’Hérouville

Nous avons été inondés toute l’année de jolis disques de chanson française, mais Juliette Armanet y tient une place particulière. Aux yeux du public en tout cas, venu plus nombreux à l’heure du set de la Parisienne qu’à n’importe quelle performance ayant lieu avant ou après dans la salle. Symbole que la variété et le cool sont désormais réconciliés grâce au talent d’une nouvelle scène fédératrice, les plus fidèles ont ainsi passé tout le concert à chanter en chœur avec la jeune artiste, entre deux ovations qui semblaient laisser l’interprète émue. Un beau moment de partage et de générosité porté par une prestation classe et sobre. Juliette en impose derrière son piano, et son live band donne l’épaisseur nécessaire pour faire passer un cap à son projet déjà applaudi en studio.

Juliette Armanet – crédit : Charles d’Hérouville

S’accompagnant tour à tour au piano et à la guitare, pour épouser et souligner sa voix puissante aux aigus dévorants, James Vincent McMorrow est l’objet de toutes les attentions en faisant face à une Philharmonie au silence quasi religieux. Dans le cadre magique de la nouvelle salle de concert, le chanteur irlandais est un véritable maître de cérémonie d’une prestation à l’élégance frugale, il se livre intimement pendant une heure aux Parisiens, dans un exercice proche parfois du confessionnel. En pleine maîtrise de ses émotions complexes et parfois contraires, l’élégant songwriter mène avec une justesse admirable une représentation d’une grande sagesse, bouleversante et périlleuse tant elle semble constamment sur le fil. Mélange exquis d’extraits revisités de son nouvel album et des trois précédents, c’est sur un « Cavalier » solitaire, au piano, que le récital prend fin. (Fred Lombard)

Peu après, c’est au tour de Michael Kiwanuka de prendre place sur scène avec son impressionnant live-band. Un an tout juste après la sortie de son deuxième long-format « Love & Hate » produit par l’incontournable Brian Burton alias Danger Mouse, le songwriter de Londres vient en fêter l’anniversaire dans la nouvelle grande salle parisienne. De « Cold Little Heart » à « Black Man In A White World », en passant par le superbe « Falling », le Britannique nous plonge dans son folk rock porté par sa voix soul d’un autre temps. Entre chant chargé en émotions et séquences instrumentales de grande classe, Michael Kiwanuka nous rappelle comment son disque a éclairé l’été précédent. Le set entrecoupé de ses premières compositions issues du plus intimiste « Home Again » a apporté également d’autres couleurs qui ont contraint le public assis et contemplatif à une forme de fascination. Le moment (très) fort de cette journée de festival.

Dernier à se produire à la Cité de la Musique, Jacques a tenu toutes ses promesses dans la catégorie « concert bizarre » puisqu’il s’est livré à ses expérimentations électroniques ou à la réinvention de ses propres sons. Construisant un titre, de bric et de broc, imbriquant les textures enregistrées les unes avec les autres, il nous a samplé en live des percussions faites sur une lame de fer ou un extincteur avant d’y ajouter (quand même) quelques riffs de sa guitare. Un long set techno déjanté qui a porté les derniers curieux du festival dans une transe bienfaitrice jusqu’au bout de la nuit.

Jacques – crédit : Charles d’Hérouville

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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens