[Live] The Big Moon au Pop-Up du Label

Armées de nouveaux titres fraîchement sortis sur l’album « Love In The 4th Dimension », les quatre Britanniques de The Big Moon sont venues présenter leur power pop géniale et délirante au public parisien. Verdict sur la prestation de l’un des nouveaux groupes les plus cools de la scène de Londres.

crédit : Cédric Oberlin

« Un jour, j’ai vu Fat White Family en concert ; depuis, je ne vis que pour la scène ». C’est à peu près dans ces termes que la meneuse de The Big Moon a expliqué la genèse de son groupe qui, depuis environ deux ans, écume les scènes branchées anglo-saxonnes et fait rugir sa power pop délirante. Son premier album, « Love In The 4th Dimension », sorti début mai chez Fiction Records, en est le parfait condensé, témoin d’un état d’esprit qui fait figure de vrai bol d’air frais sur la scène indie rock britannique, et que le génial single « The Road » symbolise à merveille.

À Londres, les quatre amies, qui se sont rencontrées dans un bar, se laissent même embarquer dans d’autres projets, l’une d’elles pilotant la formation Our Girl à Brighton, quand les quatre ne figurent pas dans le live band de Marika Hackman pour l’aider à opérer son virage rock. C’est d’ailleurs entre deux tournées communes avec cette dernière que nous retrouvons The Big Moon au complet dans la petite salle proche de la Gare de Lyon.

Sortes de cousines anglaises des Hinds, Juliette (chant/guitare), Sophie (guitare), Celia (basse) et enfin Fern (qui manie la batterie et le clavier quasi en même temps) sont d’abord là pour le fun ; et sur scène, cela se sent, que se soit avec leur démarche un brin branleuse, leurs chansons DIY écrites et produites quand elles n’étaient que le groupe non signé le plus cool de la capitale anglaise, mais aussi l’envie de jouer comme des sourdes ou encore de réaliser des vidéos qu’elles considèrent elles-mêmes comme « stupides ». À vouloir paraître les moins sérieuses possible, elles ont pourtant réussi le contraire avec un premier album réussi, abouti, gorgé de tubes essentiels et évidents. Ce soir-là, au Pop-Up du Label, un an après leur dernier passage dans la capitale, ce sont ainsi « Silent Movie Susie » et « Happy New Year » qui résonnent les premiers et donnent le ton ; deux hymnes pop gorgés de guitares mélodiques et d’harmonies vocales.

Et, face à un public parisien réputé froid, Juliette tente très vite d’exciter la fosse : « Aujourd’hui c’est jeudi, et le jeudi soir, c’est un peu le nouveau vendredi soir ; alors bougez-vous un peu ! » Puis, elle et ses comparses s’aperçoivent que le public est coupé en deux par un mur de photographes amateurs et pour la plupart non accrédités. Ce n’est donc qu’après les avoir renvoyés puis rameuté des fans au-devant de la scène que la température commence finalement à monter et que les premiers rangs s’agitent. La leader peut alors, un instant, lâcher sa guitare et s’aventurer au cœur même du public, qui ne demande qu’à bouillir pour entonner le refrain du très addictif « Bonfire ».

Très attachées à leurs admirateurs, elles dédicacent une autre chanson à un certain Pete, présent à l’avant de la scène et qui a créé une série de tee-shirts à leur nom – porté par Juliette elle-même pour l’occasion – en même temps qu’il arbore fièrement ses tatouages tout aussi illustratifs de son amour du groupe. Si le nom du projet joue d’un double sens fessier, ce soir-là, elles ont préféré faire dans le premier degré en demandant : « Savez-vous combien de temps il faudrait pour marcher jusqu’à Lune ? » Les spectateurs jouent le jeu et enchaînent les suggestions au hasard. « Vous avez tout faux, les coupe finalement Juliette ; cela prendrait 9 ans ! »

Autant fans des Vaccines et d’Elvis que des Palma Violets, le traditionnel moment de la « cover » est toujours choisi par les Londoniennes pour une réinterprétation de « Beautiful Stranger » de Madonna, difficilement reconnaissable sous leur filtre déluré. « Formidable » puis, enfin, « Sucker », leur tout premier son, viennent boucler la boucle dans une ambiance finalement euphorique. Une manière de conclure assez directe, et d’ailleurs sans répondre à un éventuel rappel, parce que c’est devenu bien plus cool ainsi.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens