[Live] Future Islands à l’Élysée Montmartre

Trois ans après « Singles », Future Islands est revenu se confronter au public parisien à l’occasion de deux dates organisées à l’Élysée-Montmartre les 9 et 10 mai derniers. Récit d’un des deux concerts auxquels nous avons assisté, et qui est probablement déjà culte.

crédit : Tom Hines

Depuis 2014 au moins, et son album « Singles », Future Islands entretient un buzz certain autour de ses performances scéniques, ou du moins celles de son chanteur et leader charismatique, Sam Herring. Peu de gens sont ainsi passés à côté de ces passages TV remarqués où il s’agissait, pour le quatuor, de mettre en avant le morceau phare « Seasons (Waiting On you) », porté par le déhanché quelque peu singulier du crooner, et sur lequel sa voix soul avait également (et a toujours, d’ailleurs) des accents démoniaques. David Letterman ne s’en serait pas encore remis, dit-on.

Trois ans plus tard, transportée par cette singularité, son énergie et, également, sa générosité, la formation de Baltimore a rempli presque logiquement deux Élysée-Montmartre pour une double soirée de concerts qui nourrissait pour certains de vraies attentes et, pour d’autres, une confirmation. Certes, ce retour avec un cinquième long format, « The Far Field », n’a pas été l’occasion choisie pour prendre tout le monde à contre-pied, bien au contraire. Certains estiment peut-être – à juste titre, d’ailleurs – que la redite est presque grossière, tellement le groupe ne veut pas se lasser de surfer sur cette alchimie gagnante qui a fini par être concoctée chez le mythique 4AD. Cela même alors qu’il était déjà brillant dans l’ombre, avec un début de carrière plutôt confidentiel et trois premiers disques aussi géniaux que méconnus. La présence évidemment très appréciée de « Walking Threw That Door » ou « Long Flight » sur la setlist – tous deux extraits d’« In Evening Air », second LP sorti en 2010 sur leur précédent label Thrill Jockey – n’y est d’ailleurs pas étrangère.

Car ce qu’il y avait sûrement de plus jouissif lors de ces deux performances parisiennes, c’est que, sur scène, il ne semblait y avoir ni avant ni après « Seasons (Waiting On You) », mais simplement un ensemble cohérent, une signature unique tout au long d’un show en forme de best of de deux heures avec vingt-six morceaux proposés, tous extraits de leurs cinq albums. Avec une intensité croissante, leurs tubes synthpop se sont ainsi enchaînés sur le verbe romantique de Sam Herring sans sombrer dans le trop-plein ou la caricature.

Les Américains ont d’abord ouvert sur le très applaudi « Singles », avec « Back In The Tall Grass » puis « A Dream Of You And Me », et déjà tout avait l’allure d’une grande messe, autant dans une fosse devenue dancefloor au-devant de laquelle se massait des fans fidèles, que sur scène, où un chanteur survolté a mouillé la chemise, dans tous les sens du terme. L’un entraînant ainsi les autres, comme transcendés, des habitués les plus avertis aux nouveaux curieux qui ont fait la découverte. Le trentenaire, infatigable et dégoulinant de sueur, a suscité autant les sourires que l’admiration avec son pas de danse, ses mimiques et sa voix soul d’un autre âge – du moins, loin du sien -, jouant parfaitement sur la ligne de basse funky de son acolyte William Cashion, ainsi que sur les synthés vaporeux et rêveurs de Gerrit Welmers. Enfin, la batterie au rythme effréné de Samuel Ortiz a maintenu la salle dans un chaudron toujours bouillant et dans ce besoin inlassable de danser. Pour cela, ils ont également pu compter sur l’habile alternance de morceaux présents sur les deux derniers disques, du vibrant « »Ran » au désormais classique « Spirit », pour conclure une première fois avant le rappel. Le tout avant un long final, assuré notamment avec deux anciens titres issus de « Wave Like Home », premier disque qui va bientôt fêter ses dix ans : « Beach Foam » puis, enfin, « Little Dreamer ».

crédit : Tim Saccenti

Un grand moment pour un groupe décidément ancré sur la scène pop US, du moins pour les Parisiens présents lors de ces deux concerts déjà cultes, qui ont inscrit une certaine marque qu’on espère indélébile pour la nouvelle histoire de cette salle récemment rénovée.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens