[Live] Lÿdie La Pëste, De La Montagne et Nina Johansson aux Trois Baudets

Le plaisir de découvrir, sur scène, des projets que l’on ne connaissait pas, d’autres que l’on ne faisait que soupçonner et, enfin, d’autres encore qui prennent un potentiel toujours plus intense en concert, arrive rarement en une seule et même soirée. C’est pourtant bel et bien ce qui s’est produit, le 10 avril dernier, aux Trois Baudets, en compagnie de l’énergie et dynamique Lÿdie La Peste, des échevelés De La Montagne et de la poétesse lunaire Nina Johansson. Trois genres totalement différents, pour un résultat passionnant.

crédit : Nicolas Berat

Décrire la performance de Lÿdie La Pëste semble assez difficile au premier abord. En effet, comment définir son incroyable mélange des genres, du blues au slam, de l’anglais au français, de l’intimité à la folie pure et palpitante ? Accompagnée par JoOn SwitOn à la guitare et à la kalimba (qui, oui, en est bien une, même si le débat simulé par la chanteuse avec son partenaire traduit à la perfection la complicité et la complémentarité qui les lient), Lÿdie nous amuse, nous émeut, nous éblouit par sa sincérité et son humour (grâce, notamment, à l’appui d’un public venu spécialement pour elle et se prêtant parfaitement au jeu). De « Jackadit » à une reprise parfaite de Prince, elle se promène, libre, notamment lors d’un magnifique titre interprété grâce à une loop station, lumières tamisées et beauté magique et troublante. De chorégraphies en chants puissants et sinueux, elle délivre une performance entre décalage et génie. Une artiste précieuse et que l’on suivra avec grand intérêt !

Changement radical de registre avec De La Montagne, prêt à en découdre sur les planches en balançant son électro-pop tantôt sage, tantôt furieuse et en roue libre. Faisant la part belle aux titres de son nouvel album, « Hors Piste », sorti en janvier dernier, le duo aime laisser monter la température tout au long de morceaux en apparence inoffensifs, comiques et sages, alors qu’ils prouvent rapidement qu’ils en sont le total opposé. Qu’il s’agisse d’un forum pour fans de scooters (quel dommage que personne n’ait pensé à ramener un pot Ninja…) ou d’une vision toute personnelle de la French Riviera et de ses faux-semblants (« Canadair »), Alto et Camille semblent parfois réservés, dans un espace peut-être trop confiné pour leur exubérance, mais laissent parler la poudre lorsque leurs compositions s’enflamment et rugissent, nous incitant à sentir nos corps frémir puis bouger. On leur souhaite, avant tout, de voir faire exploser leur talent au fil de festivals et de lieux plus ouverts, qui les autoriseront à tous les excès. En attendant, le délice sonore est parfait.

Elle s’avance, vêtue d’une robe noire et d’une veste à capuche qui couvre une partie de ses cheveux, une mèche glissant le long de son visage. Elle s’installe, face à nous, accompagnée de ses deux musiciens, puis commence, devant un écran diffusant les images toujours sublimes de Fanny Castaing : « Would You Follow », premier titre de son EP à venir le 14 avril. On ne peut décemment pas parler de la prestation de Nina Johansson sans avouer que l’on est tombé amoureux ; car la fragilité et l’élégance de la compositrice ne peuvent laisser personne insensible. Chaque rythme, chaque instrument ou nappe de clavier passe à travers son corps, ses mains, sa voix. « One Step Too Low » est un dialogue entre la victime de la chanson et une guitare saturée venue ajouter une tension encore plus dense au thème abordé dans les paroles. De même, lorsqu’elle s’attaque à une reprise du « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana, l’esprit se révolte en cherchant ailleurs que dans l’électricité de la version originale. Ici, tout est palpable, satiné, ténébreux et hypnotique. Nina Johansson ne porte pas de masque, ne se protège pas sous ce vêtement qui, pourtant, nous la dissimulait au début du set ; elle est celle qu’elle veut être, cette poupée fragile et sensible donnant son cœur et son âme à ses créations. Tant et si bien que, plusieurs heures plus tard, l’auteur de ces lignes ne s’est toujours pas remis de ce phénomène mystérieux et ésotérique. Et que l’on a hâte de retrouver pour un nouveau voyage brumeux et lyrique.


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Raphaël Duprez

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