Sous le faux prétexte de recycler les pistes sonores qu’il n’utilise pas sur ses différents autres projets, French 79 ne cesse de mettre en forme un univers musical où l’électro se fait vivante et émotionnellement impressionnante. Ainsi, « Olympic » signe bel et bien l’affirmation que l’on tient là un phénomène artistique inépuisable et précieux sur bien des points.
Lorsqu’il ne travaille pas sur les œuvres de Husbands et Nasser, déjà en elles-mêmes d’une qualité rare et exceptionnelle, le producteur et compositeur marseillais Simon Henner concentre son énergie sur French 79, qu’il considère comme le seul et unique moyen de ne pas laisser ses créations inutilisées tomber dans l’oubli en leur trouvant une utilité qu’il semble vouloir amoindrir. Et pourtant, c’est le phénomène inverse qui se produit et s’impose d’emblée : en effet, le projet est bien plus qu’une simple roue de secours, une matière sans véritable forme ni fond. Car, à l’écoute d’« Olympic », la précision sonore et l’envoûtement que ces mélodies et arrangements cristallins et merveilleux suggèrent finissent par remporter haut la main l’adhésion de l’auditeur, éprouvant un plaisir avide et insatiable à la découverte de ces mélopées brillantes et sculptées de main de maître.
Dès le fabuleux et émouvant « Between The Buttons », aveu non dissimulé de ce qui se cache sous les apparences de ses multiples identités, French 79 nous étreint, alliant à l’électro et aux beats les plus subtils une qualité harmonique furieusement obsessionnelle. Inlassable et expérimentant chaque univers qu’il déclenche d’une poussée ou d’une inspiration, il fouille aussi bien les décombres de la dance anglaise des années 90 (« Hush Hush ») que des atmosphères vocales et instrumentales plus dépouillées mais impossibles à deviner avant qu’elles nous captivent (« Lovin’ Feeling », « 1979 »). Le voyage se fait aérien et cosmopolite en traversant des terres couvertes d’une rosée mélodique étincelante (« DDROPP ») ou, au contraire, en plongeant dans des profondeurs où les samples et boucles nous enserrent et nous invitent au mouvement, nos corps mécaniquement mis en branle par de troublants échos et basses (« After Party »). Rien ne se ressemble, tout se déconstruit et s’interprète sous un nouveau regard ; Simon Henner bâtit, lisse, dessine les formes vaporeuses puis concises de tableaux et statues attirant le regard avant de nous égarer dans la contemplation.
Considérer le travail de French 79 comme secondaire serait une insulte, tant « Olympic » regorge d’idées, d’impressions, de sentiments phosphorescents et dynamiques. Le remède idéal pour tous ceux que la musique électronique rebute, et qui ne pourront qu’adhérer à ces pépites dorées et douces. Pour les autres, l’extase est totale et donne immédiatement envie de s’immerger, une nouvelle fois, dans les eaux sensibles et chaudes d’un disque dont l’importance n’est décidément plus à démontrer. De là à conclure que l’on touche au génie, il n’y a qu’un pas qu’on n’hésitera sûrement pas à franchir ; en attendant la prochaine étape d’une errance définitivement passionnante et hors du commun.
« Olympic » de French 79 est disponible depuis le 21 octobre 2016 chez Alter K.
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