[LP] [Exclusivité] THILDA – L’hôtel de son cœur

Artiste venue d’un ailleurs inexploré et mystérieux, THILDA nous offre un voyage atmosphérique admirable, porté par un travail vocal précis et magnifique, envoûtant et séducteur. Chercher la clé des chambres qui composent « L’hôtel de son cœur » devient alors une quête existentielle de tous les instants, autant pour la découvrir, elle, que pour nous retrouver enfin, de l’intérieur, en toute intimité.

Il y a un an, THILDA nous confiait, à l’oral, ce qu’elle ressentait et couchait sur le papier grâce au superbe « Je t’écris ici », titre posé et musicalement aussi lisible que la page d’un journal intime déchirée et portée par le vent, atterrissant dans nos mains après un périple électronique et humain poignant et à l’imagination inépuisable. Aujourd’hui, l’artiste française prolonge la magie de ces premiers émois, en nous livrant un véritable album aussi prégnant que sincère et juste, cherchant dans le dépouillement instrumental et le soin vocal un langage essentiel et sensitif. Comme si le corps de la compositrice se mouvait devant nous, sous nos doigts, uniquement à travers son timbre obsessionnel et subtil. « L’hôtel de son cœur » apparaît donc aussi bien comme le lieu propice à toutes ses inspirations que les chambres de notre esprit, dont seuls elle et nous possédons la clé mais à travers lequel elle nous guide, connaissant chaque couloir, chaque habitué, chaque lieu désert et à même de nous apporter le repos de l’âme que nous y cherchons. Tout en se laissant la liberté de s’émerveiller devant chaque nouvelle pièce aux lumières tamisées dont elle n’aurait, auparavant, jamais soupçonné l’existence.

Du titre éponyme, aux respirations sensibles et apaisantes, à l’intensément sauvage « The Crown », la musicienne porte ses chœurs et instrumentations dans des sphères célestes et captivantes. « Où es-tu ? » se fait plus rationnel, recherche désespérée de l’émotion dans la poussière du quotidien, alors que « Dans le bain » étend les eaux chaudes et purificatrices d’une mélancolie où les vagues que la peau provoque au contact du liquide finissent par nous étreindre, nous laissant plonger nos visages sous la surface pour mieux profiter d’une apnée harmonique lumineuse. « My Night », ondulant et étrange, nous transporte dans un univers parallèle que les pistes précédentes laissaient deviner, mais qui prend ici toute son ampleur et son intimité. « Un moment suspendu », instrumental transitif avant l’extatique « Sur ta peau & Stars » final, diptyque synthétisant à la perfection le langage musical de THILDA, nous éveille tandis que la voix merveilleuse et angélique s’estompe peu à peu, aux premières lueurs de l’aube. En nous laissant attendre, impatiemment, le soir venu pour nous replonger dans ces écrins existentiels duveteux et fascinants. Un disque inoubliable et qui donne des frissons rédempteurs comme autant de sensations cutanées et sonores marquant nos esprits pour très longtemps.

crédit : Mathilde Ferry

« L’hôtel de son cœur » de THILDA, sortie le 31 mars 2017.


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Raphaël Duprez

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