[LP] John Milk – Paris Show Some Love

Retour aux affaires : John Milk dévoile un second album transformant le succès du premier opus en recette efficace et percutante, avec ce soupçon hip-hop modernisant la soul avec brio.

Chanteur et producteur en pleine ascension au sein de la scène néo-soul hexagonal, John Milk s’était révélé dès son premier album, « Treat Me Right », paru il y a trois ans. Succès critique d’un producteur lyonnais, ancien patron de Ka Records, qui s’envole désormais vers de nouveaux horizons, puisant dans son héritage entre le hip-hop de J Dilla et le funk hybride de Prince. En résulte « Paris Show Some Love », deuxième long format dont le titre est un hommage (avec d’autres titres sur l’album, comme « Create ») aux terribles attentats du 13 novembre 2015.

Travaillant sur des bandes à l’ancienne pour la chaleur et le grain de l’enregistrement, tout en apportant les techniques modernes du beatmaking, Milk construit son patchwork sensoriel où le groove est le seul mot d’ordre. En témoignent des ballades comme « Got To Be True », où la basse toute en rondeur ensorcèle les bassins. Pendant que l’instru « I Got It Covered » ressemble à du Wax Tailor, le titre éponyme flirte avec la scène hip-hop US, notamment des labels comme Mello Music Group et ses têtes d’affiches comme Oddisee, grâce à ses samples jazzy du plus bel effet. « Wood For My Fire » incarne cette fusion organique et synthétique qui irrigue l’album, avant de clore le spectacle sur « Shout Out », épique mélodie à base de hip-hop californien dans le sillon de Stones Throw Records.

Habile dans l’instrumentation comme dans les textes, entre réflexions personnelles et engagements face à la violence de ce monde, John Milk cultive avant tout une joie de vivre, avec sa néo-soul s’hybridant aux énergies du hip-hop et du funk. Ses machines distillent une musicalité entre deux époques, opérant le passage entre les gimmicks old school et des appropriations modernes, avec un certain talent pour les prods hip-hop savamment orchestrées, ce qui lui offre de la nuance par rapport à d’autres artistes dans la même veine, comme Jamie Lidell. De même, si certains morceaux comme « When It Get Down » rappellent l’électro funk de Chromeo, il s’en différencie sur le reste de l’album en adoptant une démarche plus minimaliste et moins pop. Et si certains titres ne sont pas sans nous remémorer ceux de Mayer Hawthorne, le Français fabrique son propre mix de toutes ces influences, passées comme présentes, et nous convoque sur le dancefloor de la vie avec talent.

« Paris Show Some Love » de John Milk est disponible depuis le 23 mars 2017 chez Underdog Records.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.