[Interview] Chocolat

Mêlant plusieurs décennies de rock’n’roll au sein de leur troisième album, les mecs de Chocolat débarquent bientôt en France pour une jolie tournée, afin de nous convier à ce festin de cordes et d’électricité. « Rencontrer Looloo » : tel est le titre de cette nouvelle aventure dont le nom se réfère à un demi-dieu fantasque traversant l’espace afin de venir sur Terre sans de réel but, sinon une bonne séance de riffs abrasifs et psyché capables de faire secouer les têtes en live. Histoire de ne pas passer à côté du dernier projet de l’une des formations majeures du rock francophone moderne, nous avons réalisé une petite interview avec Christophe Lamarche-Ledoux, claviériste et saxophoniste de Chocolat !

crédit : Marc Etienne Mongrain
  • Bonjour et merci de bien vouloir répondre à nos questions ! Tout d’abord, peux-tu nous présenter Chocolat, de ses origines jusqu’à nos jours, pour celles et ceux curieux de votre histoire ?

C’est une très longue histoire, puisque le groupe s’est formé en 2007. Il y a eu beaucoup de départs et d’arrivées depuis. Vous pourrez en savoir plus lors de la diffusion du documentaire « Chocolat en Live ! les légendes planétaires du rock » à Musimax.

  • Votre nouvel et troisième album, « Rencontrer Looloo », est paru en novembre 2016. Comment vous sentez-vous depuis ? Comment trouvez-vous les retours ?

Ç’a été un album plutôt long à sortir, donc, disons qu’on était plus que prêt pour la sortie. On se sent bien quand même, passé midi. Les retours ici (en Amérique), sont très bons. Mieux que jamais. On pensait que ce serait plus mitigé vu le son un peu hard ; mais, finalement, c’est plutôt positif. En France, je crois que la majorité des gens qui ont connu « TssTss » ne savent pas encore qu’on a sorti un nouveau disque, alors on a bien hâte que les Français l’écoutent ; on verra ensuite pour les retours.

  • Deux ans seulement séparent ce disque du second, « TssTss », alors qu’il y a eu une pause de six ans entre celui-ci et « Piano Élégant », votre tout premier album. Qu’arrive-t-il à Chocolat ? Un besoin d’écrire ? De nombreuses choses à dire ? Un cap a été franchi ?

Ce serait difficile de résumer tout ce qu’il s’est passé pour que le groupe prenne une pause de six ans, ou pour expliquer que ça nous prenne deux ans pour sortir un album qui était déjà fini d’enregistrer en 2015 ; mais disons que le groupe a beaucoup changé dans sa structure avec les années et que la nouvelle peut être très productive au moment voulu. Jimmy peut écrire la base d’un album en quelques semaines, Emmanuel est réalisateur, je suis mixeur donc, si les astres s’alignent, le groupe a tout ce qu’il faut pour matérialiser de nouveaux projets en un éclair. Ça mijote parfois longtemps…

  • On a souligné à de multiples reprises, dans la presse, le fait que votre écriture musicale se tourne désormais vers des horizons jazz et prog rock. Je trouve qu’on y entend aussi du garage et du rock psychédélique. Certains parlent aussi de hard, de glam et de soft rock se distillant au fil des titres. En somme, un disque terriblement nuancé et cohérent, qui semble multiplier les interprétations. Pour toi, quelles sont les principales influences ayant contribué à la réalisation de cet album ?

Cette question implique souvent que l’on accouche de certains noms de groupes influant en oubliant tous les autres. Je crois que l’idée de départ était de faire un album de hard rock : la voix haut perchée, les points et les signes de devil dans les airs, headbang et tout le tralala. Les choses étant ce quelles sont (traduction : les musiciens n’étant pas du tout équipés pour faire du hard rock), ça a dévié, ça s’est perdu, ça s’est retrouvé, on a ri beaucoup, on a jammé et voilà, un album est né. Je crois que ce qui nous lie, c’est le désir de faire des propositions qui ne soient pas prévisibles mais qui restent claires et cohérentes dans l’histoire du groupe et de la scène (phénomène rock) de notre ère.

  • Qu’est que vous cherchez avant tout à transmettre à vos auditeurs via votre musique ?

Trop deep ta question, man. Il me faudra plus d’une vie pour penser à ça.

  • Des fans de Godfrey Reggio dans Chocolat ? « Koyaanisqatsi », c’est une dédicace cachée à Philip Glass ?

Ça fait référence au déséquilibre planétaire, un thème qui revient à travers l’album. C’est un amalgame avec l’idée des cycles de 10 000 ans qui séparent les différentes ères astrologiques, se composant des âges d’or et de ténèbres. L’arrivée de Looloo marque peut-être le retour du Golden Age tant attendu.

  • D’où vous est venue l’histoire de ce demi-dieu « Looloo » ?

Jimmy habite maintenant très loin de la ville, dans une yourte en forêt. Dieu seul sait ce qu’il a pu voir là-bas.

  • Question théorique avant de terminer ! Une définition de la musique selon Chocolat ?

La fiction collective qui veut que l’organisation des sons puisse être un vecteur d’identité.

  • Quels sont vos futurs projets ?

Trouver la sagesse essentielle, transcender notre médiocrité terrienne, dépasser la légende, nous réjouir de la simplicité mondaine du rock, réécrire le Quixote d’André Ménard. Looloo nous a quittés, vive Looloo ! Il faut trouver la voie vers un nouvel ordre et créer une autre œuvre digne de la légende. Les géants qui nous ont fait ne sont plus, nous devrons les rejoindre un jour.

« Rencontrer Looloo » de Chocolat est disponible depuis le 11 novembre 2016 chez Dare To Care Records / Teenage Menopause Records.


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.