[Live] Warpaint à l’Elysée Montmartre

Nous n’avions encore jamais vu de concert dans la nouvelle salle de l’Élysée Montmartre. C’est désormais chose faite, puisque le lieu culturel historique de la capitale – qui a fait peau neuve à la rentrée 2016 – accueillait, ce lundi 20 mars, les Californiennes de Warpaint. Une occasion immanquable de retrouver le quatuor rock féminin le plus cool des US quelques mois après son passage au Pitchfork Festival.

crédit : Cédric Oberlin

Le projet, formé par Emily Kokal, Theresa Wayman, Stella Mozgawa et Jenny Lee Lindberg, a ainsi profité de son retour pour remettre à l’honneur les récentes compositions de son album « Heads Up » sorti à l’automne. Un troisième long format qui fait la part belle à des influences plus pop et R’n’B, mais qui n’a pas toujours fait l’unanimité. Si ce troisième essai n’est clairement pas aussi marquant que le précédent, il n’en demeure pas moins qu’il recèle quelques perles qui n’ont pas déçues sur scène, à l’image du génial « So Good » avec ses beats renversants et qui fait écho au meilleur des expérimentations de leur disque éponyme (« Disco//Very » notamment.) Le groupe s’est ainsi transformé autour des nouvelles percussions et autres urban beats apportés par la géniale Stella Mozgawa, batteuse jouant pieds nus pour l’occasion et sûrement bien inspirée par ses collaborations scéniques et studio avec quelques noms gravitant au-delà de la sphère indie rock (Jamie XX, Jagwar Ma, SBTRKT).

À ses côtés, Jenny Lee – revenue aux cheveux blonds platine et au sweat de l’ère « The Fool » – installe sa ligne de basse hantée avec toujours le même effet ensorcelant, tandis que le duo de chanteuses joue de voix rêveuses et de flow R’n’B à tour de rôle ou en harmonie. Mais l’intensité n’est plus tout à fait la même que sur les anciennes envolées indie rock de la formation, ce qui a tendance à nous laisser un peu sur notre faim. Heureusement, la setlist proposée est assez équilibrée et, sur les quinze titres joués, Warpaint se lance parfois dans de très lointains retours en arrière, jusqu’à leur EP « Exquisite Corpse », qui fêtera bientôt ses dix ans.

Malgré un petit bug micro qui interrompt le show quelques minutes, on n’a donc pas boudé notre plaisir à réentendre «Stars» – dont le joli refrain, « Oh wonderful one why are you like that », ne nous est toujours pas sorti de la tête – ou « Krimsom », dont on avait presque oublié les contours punk et psyché à une époque où John Frusciante était à la production. Les très classiques « Undertow », ou «Bees» – avec ses cordes bourdonnantes – sont également au rendez-vous, si bien que seul « Elephants » manquait à l’appel pour passer un parfait moment dans la nostalgie de l’album « The Fool ». La salle n’est pas pleine, mais les hordes de fans accumulées depuis une décennie de scène répondent présentes, et reçoivent en retour les compliments d’un groupe qui ne cache pas son amour pour « la plus belle ville du monde » – d’après Theresa.

Les meilleurs instants du set sont forcément liés aux sept minutes de « No Way Out », sublime single de transition sorti en 2015, ou encore au combo « Intro » / « Keep It Healthy » / « Love Is To Die » (et son outro version live unique), le trio de tête magique de leur deuxième opus. Dommage que le couvre-feu nous ait privés du génial « Disco//Very » et ses boucles entêtantes, malgré les supplications des fans les plus avertis : à 22 h 30 précises, la fête est finie. Ainsi gêné par le temps, Warpaint a même dû abandonner l’idée d’un rappel pour ne pas perdre de précieuses minutes. Il tient effectivement à revenir au disque « Heads Up » pour terminer le set sur son nouvel hymne pop « New Song », avant de conclure par le plus vaporeux « Dre ». Un ultime morceau qui ne doit en effet pas sa présence à ses refrains épiques. Bien au contraire, noir et planant, il n’est que très peu joué par le groupe, qui a donc saisi l’occasion ce soir-là de le mettre en avant « pour le travailler sur scène », justifie Theresa Wayman. Les rideaux se ferment ainsi après ce concert finalement assez inégal, et qui laisse sur toutes les lèvres un petit goût d’inachevé.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens