[EP] Storm Orchestra – Bite The Bullet

Bienvenue dans un monde apocalyptique et chargé d’éclairs foudroyants et de coups de tonnerre imprévisibles et électrisants ; « Bite The Bullet » de Storm Orchestra est tout simplement un disque incontournable qui remue les méninges, bouleverse les codes du rock et infuse une frénésie sonore parfaite et sans aucun temps mort. Un véritable plaisir empoisonné qui coule dans nos veines et nous fait transpirer tant et plus, avant de mieux nous garder dans ses filets. Barbelés, cela va de soi…

Un moment de flottement, le temps d’insérer le CD dans la platine. Puis, l’extraction des titres, fébrile, avec cette inquiétude croissante : devant un nom de groupe comme Storm Orchestra, à quoi s’attendre ? Vers où ces tempêtes, ces orages vont-ils nous emmener ? L’appellation est-elle d’origine contrôlée, le contenant étant révélateur du contenu ? Ou, au contraire, va-t-on encore assister à un coup d’épée dans l’eau ? Puis, les enceintes tremblent, le corps se retrouve impitoyablement transi et paralysé, et les festivités commencent. Autant l’affirmer de suite :  » Bite The Bullet » offre ce qui se fait de mieux dans le rock décharné et communicatif, chaque riff et arrangement révélant toujours plus la fougue incontrôlable de nos trois musiciens qui, en l’espace de quinze minutes folles et en roue libre, deviennent immédiatement nos meilleurs amis. Tant d’énergie, de passion, de pulsions, de sueur, de sang, de larmes s’illustrent en quatre pistes incroyables et furieuses, tremblements de terre qui n’en finissent plus de redessiner les formes trop lisses de l’art du bruit. Sans jamais perdre la mélancolie en cours de route.

Pourtant, « When I Touch Your » débute comme un hommage aux figures du style prédéfini dans lequel Max, Adrien et Marco ont décidé de fondre leurs armes ; impression très vite remise en question à travers un pont mélodique sage et apaisé, avant de redémarrer la locomotive et de la lancer à pleine vitesse. « El Tyrano » lâche les chiens harmoniques, alternant un refrain en mode mineur et un couplet, puis une seconde partie qui sont autant de déflagrations mises en œuvre pour mieux valoriser les éclats de mortier que guitares et batteries font exploser dans nos oreilles et nos esprits totalement acquis à la cause d’un projet ayant trouvé, au forceps, sa véritable identité. Quitte à la remettre en question en mode hip-hop sur le fulgurant « Survival », en compagnie de Crazy Joe, pour une extase des sens et une poussée d’adrénaline à faire pâlir les adeptes de la fusion dans une complémentarité indéniable et bouillonnante. Et, tandis que « Blown » résonne après ce coup de massue derrière la nuque qui nous a laissés groggy, les six cordes rampantes cèdent la place à un piano inattendu et orientant la piste vers une merveilleuse conclusion toute en retenue, bouleversante et éclatante. Une intimité que l’on n’aurait jamais supposée mais qui, portée par la voix en écho de Max, offre ce qui est certainement l’une des plus belles fins jamais entendues sur un EP depuis des lustres.

« Bite The Bullet » est tout simplement parfait, du début à la fin. Accrocheur avant de devenir radicalement fédérateur, l’EP prouve que l’on tient là, à portée de main, non pas la relève du rock, mais l’un de ses acteurs les plus précieux et addictifs. Avec ce nouvel effort – dans tous les sens du terme -, Storm Orchestra s’impose comme une figure essentielle du paysage artistique hexagonal, qu’il nous tarde de découvrir sur scène pour, avec eux et grâce à eux, mordre la poussière et en redemander, encore et toujours plus. En attendant, avec impatience, la suite de ce parcours sans défaut, mouvementé mais tellement passionnant.

« Bite The Bullet » de Storm Orchestra, sortie le 7 avril 2017 chez Believe Digital.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.