[Live] Marta Ren et Rumble2Jungle à Stereolux

Le funk était à l’honneur à Stereolux en cette soirée de février. S’y rendre et danser était certainement le meilleur moyen d’échapper au froid ambiant et de ressentir des frissons ô combien plus brûlants. Du funk, certes, mais deux façons de le présenter.

Marta Ren – crédit : Fred Lombard

Premier tableau avec Rumble2Jungle, qui séduit dès les premières secondes. La formule semble connue, les groupes ayant allié le groove au rock le plus brut étant depuis longtemps légion ; et, pourtant, nous nous laissons aussitôt aller. Quand la joie est si manifeste et le plaisir de jouer si visible, nous ne pouvons qu’apprécier l’instant, battre la mesure et lever les mains au ciel. Tirant son nom du célèbre combat entre George Foreman et Mohamed Ali à Kinshasa en 1974, le groupe nantais rappelle immanquablement ce dernier, qui se vantait de « voler comme le papillon et de piquer comme l’abeille ». L’attaque est directe tout en étant légère, et les coups, d’une précision sans faille. Le groupe met à l’honneur les titres les plus puissants de son premier album sorti l’an passé et les riffs incandescents de la Telecaster fusent, lestés par des lignes de basse rondes et habiles.

Au premier plan, Kissia enchante le public et affirme le propos de sa voix chaude et radieuse. L’enthousiasme est communicatif et la meneuse fait chavirer et chanter la salle. Aux fûts et aux cordes, le power trio rugit et jubile sur un « Plea » à la rythmique binaire, évidente et pourtant transcendante. La première partie de la soirée s’achève, la température a monté de plusieurs degrés, le public est fin prêt et, en attendant Marta Ren & The Groovelvets, nous imaginons revoir, lors d’un set plus long, Rumble2Jungle, dont les titres puissants et mélodiques nous restent encore en tête.

Venant tout droit de Porto (si l’on néglige la multitude de salles par lesquelles ils auront précédemment fait remuer les foules, dont la scène des Trans Musicales de Rennes l’hiver dernier) et tirés à quatre épingles, The Groovelvets s’empare de la scène et changent aussitôt la déco du lieu. Nous étions revenus, durant le set précédent, au tout début des années 70, lorsque des prêtresses rock électrisaient tout sur leur passage ; mais basse, guitare, cuivre, batterie et percussions nous font remonter un peu plus loin dans le temps. En plein milieu des années 60, tandis que certains se laissaient aller à des envolées psychédéliques, d’autres louaient la syncope et les rythmes effrénés de la soul et du funk ; et c’est très exactement là que nous sommes éjectés dès les premières secondes de « Don’t Look », qui ouvre d’ailleurs « Stop Look Listen », LP sorti en 2016. Les musiciens propulsent les notes et la reine de la soirée s’avance vers le micro, non sans avoir été annoncée comme dans un bon show « à l’ancienne ». Ce ne sera pas le seul instant où l’ombre du Godfather of Soul semblera flotter au-dessus de la scène.

Le public danse sans se faire prier, applaudit à tout rompre, et la prestation délicieusement rétro déclenche son lot de sourires et de déhanchements sur scène et parmi la foule. C’est à qui fera se fissurer les murs des cuivres tonitruants à la guitare sèche et claquante. Les percussions ajoutent une saveur inédite de salsa pimentée à l’ensemble, qui pourrait même surprendre tant il est ancré dans un passé glorieux, quand les vestes étaient lamées et les chorégraphies étudiées. La relecture langoureuse de « Light My Fire » nuance soudain, et de bien belle manière, l’ensemble. Le répertoire est défendu avec grande classe et retranscrit du disque à la scène avec fidélité et énergie. « I’m Not Your Regular Woman » fait toujours autant sourire, et le groove continue de faire des ravages. Les œillades à James Brown se poursuivent, notamment avec la reprise, pied au plancher, du « Kids » de Jamiroquai. Marta Ren sort les griffes, la pulsation s’accélère autant que possible et des riffs qui auraient illustré à merveille une B.O. de western font sensation. Le groupe s’emballe, mais remonte immanquablement sur ses pattes et décide, pour son dernier titre, de nous mener par la main avec l’ensoleillé « Summer’s Gone ». Cette pépite ska clôt à merveille, de sa mélodie qu’on croit connaître depuis toujours, cette soirée qui, de bout en bout, aura été exemplaire de sincérité et d’entrain.


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.