[Live] Requin Chagrin au Point Ephémère

Après un passage remarqué aux soirées Avant-Garde du Pitchfork Festival, Requin Chagrin a pris possession de la scène du Point Éphémère, le 23 février dernier ; le temps d’un concert pop francophone où le groupe était accompagné par Rémi Parson.

crédit : Fred Lombard

La première partie a été confiée à ce dernier, chanteur et guitariste français exilé à Londres et venu présenter ses compositions new wave au Point Éphémère. Soutenu par les lignes de basse de son acolyte Bruno Galibert, il nous propose ainsi une pop synthétique et froide très anglaise, mais interprétée dans la langue de Molière, à l’image notamment des titres de l’EP « Montauban », qu’il a sorti il y a tout juste un an, avec ses productions baroques et entêtantes. Une formation assez proche de Requin Chagrin, la tête d’affiche de la soirée, puisque cette dernière vient ensuite plus tard dans inviter Rémi Parson sur scène pour jouer une collaboration faite en studio et au titre très actuel : « Brexit ».

Un mariage pas forcément évident, puisque Requin Chagrin n’est tout pas tout à fait dans le même registre. Arrivé en face du public vers 22 h dans une salle pleine à craquer, le groupe de Marion Brunetto a confirmé tout ce qu’on attendait de ce nouvel espoir de la scène française. Après avoir jeté plusieurs bouées gonflables – en forme de requin, évidemment – dans la fosse, la jeune formation basée à Paris nous a enchantés avec sa surf music, ses mélodies entêtantes et les petits tubes de son premier long-format éponyme sorti en 2015. Marion Brunetto en est l’interprète sobre et nonchalante, chanteuse et guitariste qui enchaîne les refrains un brin mélancoliques. Mais derrière se cache également la tête pensante du projet, pour laquelle elle s’est d’abord lancée en solo jusqu’au moment de rejoindre le label défricheur La Souterraine et en devenir l’une des figures de proue actuelles.

Nous avons ainsi vibré sur la pop maline du quatuor, avec les riffs bien sentis des très mélodiques « RC » ou encore du génial « Adélaïde », qui avaient déjà marqué le Badaboum à l’occasion de leur set aux soirées Avant-Garde du Pitchfork Festival. Des chansons que le public reconnaît tout particulièrement, tant la tête de chaque spectateur se met alors à remuer, bières à la main, dans la salle moite située au bord du Canal Saint-Martin. Le tout porté par une identité singulière, puisque Requin Chagrin fait, en quelque sorte, la passerelle entre la chanson française et la culture garage anglo-saxonne, à l’image des cordes débridées de « Ciao Rubello ». Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Marion Brunetto est batteuse dans un groupe garage, Les Guillotines.

À l’approche de la fin du concert, le quatuor interprète également une reprise d’Indochine qu’il tente de faire deviner au public (avec, en prime, une pinte offerte), avant un final de feu sur « Atlas », dont la fureur instrumentale a fait soudainement voler les bouées de requin dans la fosse. Un petit travail d’artificier a même été mené à la surprise générale, puisqu’une pluie de confettis tombée de nulle part entraîne les spectateurs dans un délire euphorique dès le début de la chanson. Marion avait pourtant prévenu que ce serait chaud bouillant avec un « Vous être prêts ? » au moment de clore la fête. Il ne fait plus de doute que Requin Chagrin pourrait bientôt devenir un groupe qui compte sur la scène nationale.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens