[LP] Tim Carr – The Last Day Of Fighting

Ce qui aurait pu sonner comme un énième album folk se révèle une source d’idées et d’inspirations émotionnellement puissantes et purificatrices. Avec « The Last Day Of Fighting », Tim Carr signe un disque fascinant et passionnant, des premiers aux derniers accords.

Que peut-on espérer de la musique touchant à l’âme, celle de peuples contant leurs anecdotes et légendes à travers des voyages acoustiques dépouillés, dans un besoin d’urgence autant que de confession ? De nos jours, qu’attendons-nous de chansons évocatrices des douleurs individuelles et collectives, de ces hymnes et odes troublants ou réconfortants ? Le folk n’en demandait pas tant ; et pourtant, avec son premier opus, l’Américain Tim Carr réalise nos rêves les plus insensés et désespérés. Conciliant sans effort, mais avec un soin presque maniaque, le populaire et l’intime, le songwriter nous dévoile huit histoires inédites alliant la beauté et la tendresse d’une main et d’un corps contre lequel on se serre à l’universalité d’un genre qu’il fait sien sans aucune difficulté. Et sans jamais répéter la même formule selon les pistes. Un tour de force, poignant et essentiel.

Alternant instrumentaux et chansons entre désespoir et délivrance, Tim Carr s’approprie les langages les plus confidentiels pour y intégrer un savoir-faire acquis au fil des années et des expériences, que l’on devine tantôt agréables, tantôt douloureuses. Ainsi, le piano fantomatique de « Whirling Girl » ouvre une porte vers une autre dimension, qui sera bientôt révélée à nos regards à travers les chœurs magnifiques de « Now Now ». On pourrait qualifier la musique de l’auteur/compositeur/interprète de pluri-ethnique, tant elle invite des sonorités aussi bien africaines (les voix de « Easy For Me » ou l’atmosphère tribale de « Kindred One ») que nordiques (le blues profond et glacial de « I Looked Up »). Mais ce serait oublier que l’on traverse ici les vallées du tourment et de la délivrance, en compagnie d’une guitare aussi parlante que n’importe quel être rencontré dans ces territoires vierges et immenses (« Beyond You »), hallucinatoires et évanescents (« Improv Interlude »). Achevant son périple sur l’émouvant et vibrant titre éponyme, le musicien s’ouvre à de nouvelles sphères, célestes mais surtout ancrées dans une réalité qu’il s’amuse à moduler, comme au travers d’un prisme aux multiples éclats.

Il est tellement agréable, parfois, de se voir offrir la possibilité de découvrir des trésors cachés comme cet album, perdu dans le tumulte mais nous touchant au plus profond de nous-mêmes pendant un peu moins d’une demi-heure. Un plaisir succinct, certes, mais terriblement attachant et reflétant, plus que tout, ce besoin inhérent à chacun d’entre nous de cesser, quelques instants, nos existences trop surchargées, pour mieux observer et réfléchir. Ou, tout simplement, s’allonger et goûter à une torpeur agréable et réparatrice. « The Last Day Of Fighting » est inoubliable et exceptionnel, et nous présente un immense écrivain des maux et des tourments, mais également d’une vie que l’on trouve forcément plus belle en entendant ces poèmes sonores marquants et inaltérables.

« The Last Day Of Fighting » de Tim Carr est disponible depuis le 16 décembre 2016 chez Dog Legs Music.


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Raphaël Duprez

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