[Live] Agar Agar à la Maroquinerie

À l’occasion d’une soirée Cracki Records organisée à la Maroquinerie, nous sommes allés à la découverte des dernières nouveautés mises en avant par le label parisien. La révélation de l’électro-pop française Agar Agar s’y produisait en tête d’affiche pour jouer la pop synthétique de son génial EP sorti l’an dernier. Une belle découverte, à la hauteur de toutes nos espérances.

crédit : Irwin Barbé

En guise de set d’introduction, les deux artistes du projet Saint DX nous ont entraînés sous les flots enivrants d’une soul/pop vaporeuse et rêveuse. Pas mal pour leur tout premier concert (ont-ils pris soin de préciser), et annonciateur d’un avenir proche plus que prometteur. C’est en tout cas ce que vous dirons les quelques curieux déjà arrivés dans la salle, venus s’asseoir aux premières loges dans la fosse ou sur les marches qui l’entoure et qui ne pouvaient que difficilement se retenir de s’agiter à l’écoute des productions du duo. Un peu plus tard, alors que la fosse se remplit minute après minute, nous avons également étés étonnés par Lomboy, une jeune formation menée par Tanja, une guitariste blonde platine à la voix de velours et à la présence quasi mystique. Une première également pour elle avec son groupe basé à Bruxelles, et qui a dévoilé les esquisses d’une pop romantique sur un EP sorti en janvier dernier chez Cracki Records, «South Pacific».

Autour de 22 h, c’est la nouvelle vedette du label Agar Agar qui prend place sur scène, trois mois après sa dernière date parisienne au Petit Bain. Avec un mini-album («Cardan») seulement à faire tourner sur les smartphones, le duo a pourtant déjà le nécessaire pour proposer une belle fête aux 500 curieux d’une Maroquinerie à guichets fermés et donc bien tassés dans leur demi-mètre carré. Une affluence pas si surprenante, tant la pop synthétique aux accents techno des deux artistes a tourné dans de nombreuses têtes tout l’automne (surtout dans la nôtre),  notamment portée par le petit tube funky «Prettiest Virgin». Derrière le tandem composé de Clara Cappagli et Armand Bultheel, un arsenal lumineux donne le ton, entre lasers multicolores projetés dans la fosse ou éclairs blancs stroboscopiques qui viennent s’ancrer sur les beats et les pulsations de chacun dans l’excitation la plus totale.

Entre deux séquences instrumentales jouissives issues de leurs machines, Clara prend le micro et joue d’une voix suave qui manie aussi bien les piques que les caresses, comme une chanteuse punk qui s’emparerait de sonorités électroniques. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si elle donne également de la voix pour Cannery Terror, formation rock rageuse signée chez les rois de la cassette garage Burger Records. Un état d’esprit et une énergie qui transpirent jusqu’aux synthés d’ «Aquarium» et de «Symbiose», où des diatribes furieuses sont enchevêtrées avec des beats dansants. Une formule étonnante qui accouche d’un son aussi frais que moderne et qui aura vite fait de convaincre les curieux venus découvrir le projet, ou de fanatiser les admirateurs de la première heure.

Parmi les premiers emportés par ces ondes à la touche souvent disco, les spectateurs les plus proches de la scène font circuler des cigarettes et une bouteille de Ricard tout en remuant machinalement leurs nuques, le bras levé. Dans cette ambiance à mi-chemin entre la frénésie dansante du club et l’ivresse des nuits de festival en plein air, on a surtout apprécié la performance de «I’m That Guy», qui joue plus sur le minimalisme et se déploie tout en longueur avant de se lancer dans un crescendo ravageur. Pour les nostalgiques de la French Touch, les deux étudiants aux Beaux-Arts de Cergy s’autorisent même une rapide remontée dans le temps : ils reprennent en effet le classique  «You’re My High» de Demon, dont leur version studio revisitée a été mise en ligne au début du mois.

Enfin, petite prouesse acid disco, «Cuidado, Peligro, Eclipse» clôt la setlist de façon idéale avant de faire la transition vers un final de boucles techno. Il n’en fallait pas plus pour lancer, dans un ultime élan, toute la salle en ne laissant personne indifférent, et nous transporter dans une transe de dancefloor sur de longues minutes qu’on imaginerait bien s’étirer à l’infini. Et pour sa prochaine sortie dans la capitale, Agar Agar a vu encore plus grand, puisqu’il installera ses instruments sur la scène de la Gaîté Lyrique. Il faudra cependant patienter jusqu’à septembre.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens