[LP] Rose Elinor Dougall – Stellular

Plus qu’un énième album pop, le nouvel opus de Rose Elinor Dougall s’amuse à traverser de nombreux paysages sonores dans une musicalité à la fois simple à retenir et complexe à distinguer, du fait d’arrangements maîtrisés et savants. Un plaisir qui n’a pas de prix et faire gentiment sourire en ces temps de grisâtre sociale et humaine.

Il aura fallu sept ans à Rose Elinor Dougall pour enfanter ce nouvel album ; et il faut bien avouer que l’attente était largement justifiée, tant « Stellular » contient de moments posés, malins et calmes, le distinguant du tout-venant pop actuel car osant s’aventurer dans des genres et choix artistiques beaucoup plus intéressants que son genre de prédilection ne le laisse supposer. En plus de maîtriser à la perfection sa performance vocale au milieu d’instrumentations jamais lassantes mais toujours frappantes de concision et de liberté, la chanteuse anglaise se risque à des arrangements détaillés et en constant changement, afin d’approfondir chaque chanson dans un souci de précision inlassable et mûrement réfléchi. En résulte un disque aux multiples saveurs, simple d’accès mais également exigeant, de par ses détails disséminés aux quatre coins des créations de l’auteure/compositrice/interprète.

Ce qui commence par la pop mâtinée de folk de « Colour of Water », signe avant-coureur mettant d’ores et déjà en avant les cheminements aériens des mélodies de l’artiste, vaque à un nombre incalculable, et donc passionnant, d’occupations toutes plus osées les unes que les autres. Qu’elle flirte avec le disco sur « Closer » ou « All At Once » ou une forme pop éthérée sur le fabuleux « Take Yourself With You », Rose Elinor Dougall s’entête à vouloir plus que tout rendre sa musique dynamique, et ce, sur chaque mesure qu’elle contient. En résultent des moments inoubliables, comme la promenade surréaliste « Stellular » ou encore le mélancolique et cinématographique « Answer Me », bande originale idéale de promenades nocturnes le long des rues d’une ville déserte où les chants se confondent et se répondent, âmes perdues en quête de réconfort et de rédemption. La confidence de « Poison Ivy » contrebalance avec le dépouillement frappant et marquant de « Hell And Back », démarque électro à la fois intrigante et souffreteuse, donnant libre cours à une improvisation dans laquelle synthétique et organique se rejoignent pour mieux échanger leurs identités propres. « Stellular » ne se repose jamais sur ses acquis, mais est avant tout une prise de risques constante et passionnante.

Le chant de la musicienne s’affirme et nous enserre, bras confortables et puissants dont l’étreinte est d’un réconfort sans commune mesure. Traversant les méandres harmoniques du LP, il oscille entre fragilité et volonté, comme luttant contre les vents et tempêtes afin de mieux trouver sa place dans ce décor multicolore attirant et éclatant. Ainsi, « Stellular » se vit et s’écoute comme une collection d’hymnes à la joie autant qu’à l’introspection et au bonheur d’exister, d’être vivant sous nos doigts et dans nos âmes. Un engagement sans faille de la part de sa génitrice, qui prouve, s’il en était encore besoin, qu’elle reste la reine d’une musique pop directe et intransigeante.

crédit : Sarah Cresswell

« Stellular » de Rose Elinor Dougall est disponible depuis le 27 janvier 2017 chez Vermilion Records / Rough Trade.


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Raphaël Duprez

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