[Live] King Creosote au Pop-Up du Label

Après avoir été enchantés par son nouvel album « Astronaut Meets Appleman », nous sommes allés retrouver King Creosote à Paris, à l’occasion de son passage au Pop-Up du Label. Le songwriter aux quarante albums y a autant fait la preuve de son génie musical que de son humour décalé au cours d’une prestation acoustique et alcoolisée qui n’avait rien à envier au pubs de son Fife natal.

King Creosote © Jean-Marc Férré

« Bonjour, je m’appelle Kenny, j’ai 12 ans et j’habite à Créteil. » C’est sur cette plaisanterie que Kenny Anderson alias King Creosote fait son entrée sur scène dans la salle parisienne. L’artisan folk dont on ne compte plus les disques (une quarantaine au moins) fait ainsi preuve une première fois de la bonne humeur que va communiquer toute sa prestation. L’artiste – qui rappelle fièrement qu’il va fêter ses 50 ans dans quelques semaines – profite de la sortie récente de son nouvel album « Astronaut Meets Appleman », un long-format aux inspirations celtiques et spatiales, pour revenir se produire dans la capitale.

Le songwriter originaire du Fife en Écosse démarre son set directement par la chanson qui a fait notre automne, la sublime « You Just Want » longue de 7 minutes, mais auquel il manque son chœur féminin. En effet, King Creosote n’est pas venu restituer toute la richesse instrumentale du disque, préférant la performance intimiste version acoustique, avec pour seul complément de sa guitare deux musiciens équipés d’un clavier et d’un djembé. L’absence de la harpe ou de la cornemuse qui animent ses dernières créations studio est heureusement vite éclipsée par la voix habitée de l’interprète et son humour omniprésent. Les pauses entre deux chansons sont toujours l’occasion de donner cours à la rigolade, et pas qu’en anglais d’ailleurs : « Berci meaucoup ! » sourit-il ainsi après ce titre inaugural. Un peu plus tard, au moment de jouer le très pop « Wake Up To This », l’Écossais précise que la seule réaction attendue de son public après cette chanson est une volée de doigts d’honneurs. Instant donc surréaliste quand le geste peu commode se substitue au classique rituel d’applaudissements à sa demande pressante.

Le set se poursuit sur ce ton jovial sur plus d’une heure, et pour ne pas s’égarer dans sa dense discographie, le musicien dévoile en souriant un petit calepin dans lequel il explique noter chacune des setlists de ses tournées. Il la ressortira ainsi plusieurs fois pendant le concert, quand perdu, il se demande comment poursuivre la performance. S’enchaînent alors de nouveaux titres pleins de grâce et de malice, à l’image de « Love Life » ou « Betelgeuse ».

C’est une nouvelle suite de sketchs qui démarre quand Kenny fait parler le bouchon sa bouteille cristalline dans le micro tel une marionnette… ou lorsqu’il tente une série d’imitation de tous les accents anglophones, passant de l’Irlandais à l’Écossais puis au Gallois avec un certain talent, et aussi apprécié par les Parisiens de la salle que les Britanniques de passage.

Ce concert généreux et attachant suscite l’admiration d’un spectateur qui, dans cette ambiance de pub, propose de payer une tournée au groupe. Verres à la main, il joue des coudes dans la fosse pour apporter de précieux liquides alcoolisés jusqu’à la scène où Kenny se fait le plaisir de servir ses partenaires. À la fin du show, le même admirateur va revenir à la charge par ces mots : «Vous avez encore soif ?», avant de livrer une nouvelle fournée.

Pour ceux qui s’attendaient à une prestation plus spectaculaire qu’amusante, King Creosote avoue ironiquement que lui et ses musiciens n’ont pas la forme de leur vie, après une mauvaise nuit blanche « passée sur Farming Simulator ».

Après « Penny Drops », étrangement annoncée comme « une reprise d’Elvis Presley », Kenny Anderson sait qu’il doit quitter la scène pour le rappel, mais préfère s’allonger sur le sol tandis que ses musiciens font mine de se cacher derrière un ampli. C’est ainsi par un tonnerre d’applaudissements mêlés à des rires alcoolisés que se termine le concert dont les spectateurs sont tous sortis la banane aux lèvres.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens