[Live] Julia Holter et Circuit des Yeux à la Gaîté Lyrique

Son dernier album est sorti il y a maintenant plus d’un an, mais Julia Holter s’est lancée dans une nouvelle tournée européenne aux côtés de la troublante Circuit Des Yeux. Deux prestations sublimes et marquantes pour finir l’année en beauté à la Gaîté Lyrique.

Julia Holter © Cédric Oberlin
Julia Holter © Cédric Oberlin

Nous avions déjà été enchantés par un premier concert à Paris au début de l’année au New Morning. Cette fois-ci, Julia Holter nous a fait une autre surprise, avant même d’entrer sur scène. Comme il y a quelques années sur les plusieurs tournées de ses précédents albums, elle a choisi d’être accompagnée par Circuit des Yeux en première partie. On découvre ainsi une guitariste solo cachée sous sa longue chevelure et venue faire la démonstration de son grand talent de vocaliste et d’un songwriting inspiré. Puissance quasi lyrique, vibrato à couper le souffle, l’artiste originaire de Chicago nous a prodigué une très belle claque, loin du réveil en douceur que nous réservent souvent les guitares-voix classiques. Nous étions en émerveillement total devant ces compositions clamées la rage au ventre, avec une sincérité glaçante qui nous a laissés bouche bée.

Quelques minutes nous sont données pour nous remettre de cette expérience, avant l’arrivée de la tête d’affiche de la soirée. Julia Holter nous livre un concert plus gracieux que jamais, l’occasion de revisiter son 4e disque sorti l’an dernier « Have You In My Wilderness » en version live, avec un duo de cordes (violon et contrebasse) et une batterie, alors qu’elle-même joue du clavier. Ce n’est en effet que le second album de l’Américaine après « Loud City Song » qui été produit en studio spécialement pour être joué en groupe. Les précédentes œuvres de l’Américaine demeuraient avant tout des disques de « chambre », c’est à dire lo-fi, interprétés uniquement par Julia qui jouait de ses deux mains sur chaque instrument avant d’être arrangés pour la scène. Depuis trois ans, on ressent donc davantage l’évolution plus orchestrale des morceaux de l’artiste, et cela prend encore plus d’ampleur sur son dernier long-format qui entre dans une dimension chamber-pop.

https://youtu.be.com/8CLuqGSHPfY

Cette transition toute en douceur dans la discographie de la musicienne a eu un certain écho en Europe, alors qu’elle restait encore assez confidentielle hors de son pays jusqu’à présent.
« Nous sommes très heureux de venir jouer ici, de sentir de bonnes vibrations, cela nous permet d’oublier un peu de ce qui se passe chez nous… », sourit-elle en évoquant le contexte électoral de son pays. Malheureusement pour la Californienne, l’intensité de la tournée l’empêchant de se poser pour profiter entièrement de sa présence à Paris : « Nous ne sommes ici que pour quelques heures, juste le temps de déguster de bonnes choses et pour boire un peu de vin. »

Dans un souci de cohérence, l’ancienne élève de la California Institute of the Arts divise son set en deux, jouant d’abord ses derniers titres les plus pop, à l’image des superbes « Feel You » ou « Everytime Boots ». Puis, après avoir repris «Hello Stranger» de Barbara Lewis, elle ouvre une séquence plus « arty » avec des sons expérimentaux et étirés dans le temps tels que les déroutants « Maxim’s II », ou « Vasquez » juste avant le rappel. La Californienne partage ainsi ses productions complexes et subtiles, avec toute la classe qu’on lui connaît, nous offrant même un joli point d’orgue avec « Betsy On The Roof » sorte d’apothéose vocale du concert. Une façon de rappeler que compositrice avant de donner de la voix, Julia Holter n’a jamais autant mis son chant en avant que depuis « Have You In My Wilderness », pour notre plus grand bonheur. En guise de supplément, nous avons pu découvrir « Hejinian », mystérieux titre inédit invité sur sa setlist. Première introduction vers un nouveau projet ?

https://youtu.be.com/xS0OW7GRujE


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens