[LP] Reliefs – Nos yeux

Refusant de compiler ses précédents efforts dans un long format, Reliefs a eu le courage et la rigueur de travailler sur de nouvelles pièces pour dresser le bilan de deux années d’aventures entre le Québec et la France, et s’ouvrir à de nouvelles destinations. « Nos yeux » est le témoin de cette échappée au long cours, qui n’a de cesse de prolonger les lignes de fuites de son post-rock si personnel.

Reliefs - Nos yeux

Les titres donnés aux morceaux ne mentent pas. Seuls révélateurs textuels d’un projet appliqué à se défendre à la seule force de ses cordes électriques et de ses fûts, le trio montréalais – formé par David Lévesque à la batterie, Alexandre McGraw aux guitares et Maxime Sollier à la basse – revient avec « Nos yeux », treize pistes partagées entre l’urgence et la patience, la faim et la soif, la noirceur et la lumière. Sans répit ni pardon.

L’album s’ouvre ainsi sur le sévère et expéditif « Trialogue » (une conversation entre trois personnes, NDLR) où les riffs finissent par crisser comme des pneus dans une course automobile, pour stopper brutalement dans la fureur et le bruit d’un virage négocié trop sèchement. C’est le premier choc d’un enregistrement qui nous prend de vitesse et repart de plus belle avec « Le périple », où le combo grondant basse-guitare-batterie s’impose avec insistance avant l’arrivée des mystérieux claviers de Loïc Suty et de Stéphane Vernier. Viendront alors « Comète », fusée post-rock se désagrégeant en trois actes tout au long de l’album, dont nous retiendrons surtout l’intention de la première partie, passant de la sérénité à la perte de contrôle, puis « Sans voix, ni toi », marqué par la présence inédite chez Reliefs d’un violoncelle illustrant magnifiquement cette gravité subjuguant la passion.
Partagé entre la nécessité de développer ou au contraire de fractionner, sinon de ciseler les pistes (le soutenu « Pow Wow »), le trio canadien affirme son refus de toute concession.

« Nos yeux » dévoile une facette plus sombre du groupe que nous l’avait offert les précédents EPs, plus solennelle aussi, partagé entre ses rares éclaircies (le sublime « Écouter le soleil » et la progression entraînante de « Sentier ») et ses périodes de trouble voire de chaos (la tension naissante de « La ruée vers l’aube », la ténébreuse attraction de « Nos yeux qui s’habituent à la noirceur », la pression maintenue sur « Les échos mille fois entendus » et les derniers bouillonnements de « La soif »). Le premier album de Reliefs sollicite finalement autant notre audition, notre écoute et notre attention que notre imaginaire ; ces autres yeux, ceux de la pochette, qui nous racontent les treize actes, maudits et heureux, de ce déjà grand récit du post-rock montréalais.

crédit : Jérôme Sevrette
crédit : Jérôme Sevrette

« Nos yeux » de Reliefs est disponible depuis le 3 octobre 2016 chez Antipodes Music.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques