[LP] Albert af Ekanstam – Ashes

L’automne ne pouvait pas mieux tomber. À peine les feuilles commencent à jaunir qu’Albert af Ekanstam semble en accélérer le processus. Sous les dix mélodies implacables d’« Ashes », pleines comme la solitude et rondes comme sa voix, le Suédois répand ses cendres sur un ballet somptueux de réverbérations dont la guitare est le principal chef d’orchestre, annonçant par la même occasion et avec une modestie déconcertante, la naissance d’un nouveau prodige du folk.

Albert af Ekanstam - Ashes

Même si cette figure n’est entièrement pas anodine, le sombre bouc qui orne la pochette de l’album – figure animale à la réputation satanique – ne sera en aucun cas une marque d’hostilité de la part du jeune artiste. Sans se lancer dans le cliché facile, ce visuel pourrait sans problème être la pochette d’un album de metal à la sauce « Iowa » de Slipknot. Mais comme nous l’explique Albert, il semblerait que l’équilibre entre son caractère et son parcours de musicien soit dûment respecté : « Quand j’avais 15 ans, j’ai joué dans un groupe de hardcore. Je pense vraiment avoir ça dans le sang ! Et je me sens plus libre de commuter entre des parties plus noires et d’autres, plus calmes. Mon producteur, Filip Leyman, et moi sommes à l’origine de TEMPEL, un groupe post-rock qui se rapproche aisément de mon projet solo, surtout dans les moments de dépassement sonore. » Cette synergie entre l’intensité et la sérénité est dépeinte dans la façon qu’à Albert d’inséminer dans « Ashes » ses moments de vie, que nous savons tous houleux et sans rigidité : « La plupart des textes de l’album sont autobiographiques et concernent mon enfance, mais ils touchent aussi à l’universel car, comme tout être humain, nous sommes à certains égards impliqués dans les mêmes expériences. Mes textes parlent de ces choses extrêmes de la vie, comme la naissance ou la mort, le fait d’être seul ou non face à la perte d’un être cher, d’être heureux ou malheureux. »

Le charme incroyablement tangible d’Albert af Akenstam vient de l’universalité de ses propos, mais aussi et surtout d’une simplicité de composition à toute épreuve : des mélodies folk douces et enivrantes, sans fioritures, comme « Walking » ou encore « Ashes » nous le prouve. Des têtes comme Damien Jurado, Greg Laswell ou encore Alexi Murdoch qui viendront délicatement nous chuchoter à l’oreille, tandis que la voix d’Albert tremblera de justesse et sincérité sur la belle « Angel Liz », déclaration poignante à l’ange qu’il a aimé ou profondément désiré dans ses rêves inavoués. Mais quand l’artiste pousse ses mélodies dans leurs derniers retranchements émotionnels, nous n’arriverons plus à emmètre de jugement. Abasourdis, nous jetterons nos larmes sur « The Avenue » qui arrive triomphant en apothéose, s’irriguant telle une montagne où une multitude de souvenirs pousseront. Des souvenirs aux pétales de vie.

Albert af Ekanstam

« Ashes » d’Albert af Ekenstam est disponible le 14 octobre 2016 chez Kning Disk.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante