[LP] Mild High Club – Skiptracing

Par pitié, ne laissez pas l’automne dissoudre les vapeurs estivales qui nous réchauffaient encore il y a peu les épaules. Suivez-nous plutôt, dans le sillage merveilleux de Mild High Club et de sa radieuse pop psychédélique, pour un voyage dans les nuages qui ne manquera pas de vous émouvoir

Mild High Club - Skiptracing

Il est nécessaire, pour bien parler de Mild High Club, – projet solo d’Alex Brettin -, de commencer par un vibrant hommage à Mac DeMarco. C’est grâce à ce bon bougre et au succès retentissant de son second album, « 2 », que de brillants noms psychédéliques ont pu être dépoussiérés de leur anonymat – Connan Mockasin, Alex Calder et Ariel Pink entre autres. Si nous devions placer Mild High Club dans cette constellation psychédélique moderne, nous le couvririons sûrement du pagne de l’influence. « Timeline », son tout premier album, est baigné dans le liquide amniotique protecteur de ceux qui l’ont précédé – T. Rex, Mac DeMarco et Todd Rundgren. Fort heureusement, « Skiptracing » permet à cet arc-en-ciel musical de trouver ses propres couleurs, grâce à une voix assurément plus confiante et une structure plus personnalisée, qui finit d’ailleurs souvent par toucher quelques notes jazzy : un plaisir à savourer comme un sorbet sucré.

Très sensuel, « Skiptracing » débute, avec une chanson éponyme, sur des beats suaves et des accords cotonneux. Les paroles s’effacent, comme sur tout l’album, derrière une mélodie qui réveille devant nous les images tropicales d’un été délicat. Plus sombre et mature, « Homage » crée une jolie suite à celle qui la précède. Synthés tourbillonnants et mélancolie psyché se répondent au sein d’un ensemble qui nous transporte. Mild High Club est doux, si doux qu’il soigne brillamment ses transitions, et notamment celle qui lie « Homage » à « Cary Me Back ». Ces deux dernières semblent former, avec « Skiptracing », un triptyque de ce que Mild High Club sait faire de mieux dans la veine pop psychédélique. Ces trois morceaux rêveurs sont les plus marqués d’un album assez inégal stylistiquement parlant : leur unité éblouit et leur douce puissance étourdit. Il est si facile de se laisser porter par l’univers émouvant qu’Alex Brettin parvient à créer subtilement, et à délacer tout aussi rapidement…

Si l’on reste ébahis devant les évocations jazzy de « Chapel Perilous » ou « Head Out », qui se rythment avec l’aisance de percussions soupirantes et de notes de piano languissantes, on reste circonspects devant les variations quelque peu hasardeuses et tapageuses de « Whodunit » et « Ceiling Zero ». Qu’est-ce qu’Alex Brettin a essayé de prouver avec ces deux transitions sans aucun lien avec le reste ? Qu’il était original ? Qu’il avait de la personnalité ? On se le demande, et c’est bien dommage, car il avait suffisamment prouvé ces deux propositions avec le reste de l’album. « Chasing My Tail » nous ravit pour sa profondeur presque aquatique, dont les récitations semblent déformées par les allées et venues des vagues qui s’allongent doucement sur elle. « Kokopelli », nous comble plutôt pour ses claviers jazzy, son romantisme et son infinie délicatesse. Mild High Club commence doucement à atteindre une forme de complétude artistique, et c’est un vrai bonheur que de pouvoir assister à cette maturité encore un peu maladroite.

Mild High Club

« Skiptracing » est une très belle pièce, qui mélange pop, psychédélisme et jazz avec beaucoup de finesse et d’originalité : dommage qu’Alex Brettin ne sache pas encore très bien soigner toutes ses transitions, même si l’on garde confiance en l’assurance de cet artiste qui nous ravit déjà par son talent immense.

« Skiptracing » de Mild High Club est disponible depuis le 26 août 2016 chez Stones Throw Records.


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Julie Albesa

Étudiante en Lettres et mélomane invertébrée, je me démembre en sirotant des cocktails de mélodies éthérées, riffs échaudés et cotonnades étoffées