[Interview] Einleit

Après quatre années d’existence, deux EPs et de nombreuses dates à travers l’Europe, le groupe électro-pop parisien Einleit rentre à la capitale à l’occasion du festival Rock en Seine pour dévoiler ses nouvelles compositions dans une configuration inédite. Son leader, Jun Suzuki, nous raconte l’évolution de son projet au cours des derniers mois et nous en dit un peu sur ses plans à venir.

crédit : Poppy Moukoukenoff
crédit : Poppy Moukoukenoff
  • Prêt à nous annoncer un grand changement dans l’aventure d’Einleit ?

On a débuté l’aventure Einleit à trois, il y a maintenant plus de quatre ans. Depuis le deuxième EP, en tant qu’unique auteur-compositeur et « bedroom producer », j’ai consacré beaucoup de mon temps sur ce projet seul dans ma chambre. Arrivés à un stade, mes acolytes Charlie et Gabriel n’intervenaient plus qu’au moment du passage sur scène. Ça s’est fait assez naturellement, de façon graduelle. Donc un grand changement oui, mais pas si radical ! Aujourd’hui, Einleit est un projet solo, avec un groupe sur scène.

  • Tu définis ton genre musical comme de la « pop noire électronique ». Cette noirceur, prégnante, obsédante, au sein de tes compositions est-elle une matière que tu cherches à contenir ou au contraire, la laissez s’étendre, prendre possession de tes morceaux ?

Je dirai qu’il s’agit davantage de mélancolie et de cynisme plutôt que de noirceur. Deux choses que j’aime exprimer à travers mes textes et ma musique. J’aime ce que procure en émotion la chanson triste, le poème mélancolique et le drame. J’aimerai qu’en écoutant ma musique, on puisse ressentir la gravité.

  • N’y a-t-il pas également une recherche de lueur, de lumière et de chaleur pour équilibrer tes compositions ?

À chaque chose son contrepoint. Le va-et-vient entre la clarté et l’obscurité est déterminant pour créer du contraste.

  • L’électronique te permet-elle d’aller au bout de tes créations sonores ou n’est-elle qu’une base, qu’un socle de départ pour l’écriture ?

Depuis quelque temps, l’électronique ; c’est-à-dire ce que j’appelle la prod ; le temps passé à triturer des sons de synthés, de boîtes à rythmes et me les approprier, cette phase-là est complètement entremêlée avec la phase d’écriture et de composition. Ces éléments de prod, que ce soit un sample de Korg MS10, un kick 808 ou une voix pitchée, font partie intégrante de la composition d’une track, ou plus encore, peuvent en être à l’origine et stimuler ma créativité. Jouer le même accord sur une guitare sèche ou sur un Prophet 6 va m’inspirer différentes émotions, différentes mélodies.

  • Peux-tu me parler de ton travail d’écriture ? Quelles émotions, quelles rencontres, quelles actualités t’inspirent et où puises-tu les thématiques centrales d’Einleit ? 

Un poème, une réplique de film, un plan-séquence, une musique ; tout est potentiellement source d’inspiration dans la mesure où j’y trouve une résonance avec mes expériences relationnelles personnelles. Les thématiques sont toujours les mêmes : l’amour, le désamour, l’échec, le désenchantement et l’espoir.

crédit : Amandine Lauriol
crédit : Amandine Lauriol
  • Einleit, c’est d’un point de vue purement discographique ; deux EPs, « And I a Twister Love What I Abhor » en 2012 puis « Fire Walk With Me » en 2014. Si on suit cette logique, le prochain disque est pour cette année ?

Je suis en plein chantier de mon premier album avec ma maison de disque, Sacré Cœur Music, à paraître en 2017.

  • Peux-tu me parler de tes futures compositions ? Qu’apportes-tu de neuf par rapport à ce que nous pouvions découvrir en 2014 avec l’excellent « Fire Walk With Me » ?

Les futures compos seront dans la lignée de tracks comme « I Wonder » ou « Soak Me Up » ; électroniques, intimistes et progressives. Avec beaucoup moins d’instruments acoustiques et davantage de synthétiseurs analogiques.

  • Il y a deux ans sortait le clip de « Trembling Tokyo » : un thriller photographique haletant au cœur de Tokyo. Depuis, il y a eu des sessions live enregistrées, mais pas de nouveaux clips. Peut-on s’attendre à un futur clip, par exemple pour la sortie du prochain disque ?

Il y aura bien évidemment un clip pour annoncer l’album. On compte retravailler avec l’équipe des Woow Your Life qui avaient réalisé le clip de « Trembling Tokyo », mais également avec d’autres plus jeunes réalisateurs.

  • Tu joueras vendredi 26 août, à 18h, sur la scène Île-de-France dans le cadre du festival Rock en Seine. Tu as annoncé de nouveaux morceaux et un nouveau set sur les réseaux sociaux à cette occasion. Que peut-on attendre d’Einleit sur scène à cette occasion ? En bref, pourquoi faut-il absolument ne pas manquer ton concert ?

Je vous invite à venir découvrir quelques nouvelles tracks qui figureront sur l’album, que je jouerai donc pour la première fois. Par ailleurs, suite à l’absence de Charlie, « homme-synthétiseur », sur cette date, je serai accompagné sur scène par Gabriel et Bumby, tous deux en tant que batteurs électroniques sur des SPD (NDLR : un drum kit très répandu). Ce sera un setup hybride, inspiré de celui de FKA Twigs et concocté exclusivement pour cette unique date.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques