[LP] Kuba Kapsa Ensemble – Vantdraught 4

Pour beaucoup d’entre nous, l’esthétique est un aimant culturel incroyable. La pure beauté visuelle d’un album dans les bacs chaotiques d’un disquaire fait pencher la balance à tous les coups, digne déclencheur d’un brusque élan d’acquisition. C’est le cas pour « Vantdraught 4 » à la mystérieuse pochette extraite d’un imaginaire doux et erratique. Cerise sur le gâteau : son contenu génère la même absolution, mêlant étrangeté et poésie. Kuba Kapsa Ensemble nous offre un double ticket gagnant tout droit venu d’une Pologne bercée par ses génies classiques.

Kuba Kapsa Ensemble - Vantraught 4

Vous emporterez la solution avec vous, car quel que soit le résultat, il ne sera en aucun cas la clé de votre compréhension. À vrai dire, l’intention didactique qui suit est le prolongement de ce qui se passe vraiment dans le disque : « « Vantdraught » est une anagramme très simple », déclare Kuba. « Commencez à le lire en commençant par la droite et une fois au milieu, reprenez le même schéma par le côté gauche. » Si le mot guard se dessine à l’horizon, qu’en est-il du reste ? Passons ce casse-tête un moment et reprenons ce pour quoi nous sommes ici. Le second disque du compositeur polonais est une succession de majestés sophistiquées qui brille dans son propre espace-temps, nimbée par les influences avant-gardistes du jazz et du modern classical qui étoffent la dimension baroque, voire ancestrale, de la composition des morceaux. Mais tout ceci est purement stylistique. Pas de poussière ni de fleurs desséchées, « Vantdraught 4 » est un jeune projet aux icônes bien définies : « Quand j’ai commencé à écrire la série « Vantgraught » (son précèdent opus se nomme « Vantdraught 10, Vol. 1 »  NDLR), je fus extrêmement influencé par des compositeurs du début du vingtième siècle comme Igor Stravinsky, Claude Debussy, Bela Bartok et Maurice Ravel. Il y a aussi, et surtout, les Américains minimalistes Steve Reich et Philip Glass, et j’aime absolument Grażyna Bacewicz, Henryk Górecki et Wojciech Kilar (trois grands compositeurs polonais NDLR). Tout ceci est probablement ma colonne vertébrale musicale, mais je ne pense pas que cela m’inspire autant qu’il y a quelques années. Maintenant, j’attache plus d’importance à l’exploration des harmonies/compositions et des possibilités qui lui sont associées. Il est préférable de se creuser la cervelle plutôt que d’être imprégné par le travail des autres. Alors votre musique deviendra plus originale, fraîche et révélatrice. C’est de cette façon que tout le monde devrait fonctionner. »

Entre autres génies de la musique classique, les amours éclectiques de Kuba Kapsa précisent l’ampleur harmonique de « Vantdraught 4 », ainsi que la spontanéité du rythme toujours à même de surprendre l’auditeur. Même si « chaque note est exactement effectuée comme écrite sur la partition » et que « l’improvisation, bien qu’elle soit perceptible à l’écoute, est simplement impliquée dans le processus d’écriture. Quand je compose, j’essaye de trouver la mélodie optimale, l’harmonie ou le temps pour une idée musicale donnée », l’impression sera toujours la même : la richesse minimaliste. L’oxymore est efficace, magnifiquement illustré par l’esthétique fleurissante de Kahn & Selesnick. « Au-delà du talent de l’artiste en question, je pense que le travail d’illustration d’un disque attire les gens et a un grand impact sur la prise de décision sur le marché du disque. » Vous comprendrez que la dimension mercantile n’est pas la seule intention de Kuba Kapsa Ensemble, pas pour un projet de cette envergure émotionnelle et personnelle. Simplement, les sentiments ne se marchandent pas.

crédit : Maciej Falkowski
crédit : Maciej Falkowski

« Vantdraught 4 » de Kuba Kapsa Ensemble est disponible depuis le 22 juillet 2016 chez Denovali.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante