[Live] YAK et The Last Shadow Puppets aux Nuits de Fourvière

Deux groupes présents aux Eurockéennes de Belfort 2016 venaient faire ensemble un crochet par la case lyonnaise des Nuits de Fourvière le 7 juillet dernier. YAK, groupe originaire de Wolverhampton au Royaume-Uni, et celui qui les a choisis comme première partie de sa tournée européenne, les Last Shadow Puppets d’Alex Turner (Arctic Monkeys) et Miles Kane (The Rascals).

The Last Shadow Puppets

YAK tout d’abord. Nous les avions ratés aux Eurocks, la faute à un horaire trop précoce et au temps de trajet incroyablement long entre le camping et le site du festival. D’autres que nous les avaient en revanche vus à Nîmes lors du festival TINALS, où leur performance fut remarquée. Pure coïncidence du jour, c’est en écoutant le sulfureux « Fun House » des Stooges que nous arrivons sur le site des amphithéâtres romains de Fourvière. Et lorsque le concert très nerveux des Britanniques commence, le parallèle saute aux yeux. Le chanteur Oliver Henry Burslem en particulier, dont les intonations hargneuses et nasillardes rappellent celle de l’Iguane. Mais même certains riffs semblent directement importés des trois albums d’Iggy Pop et de ses Stooges.

YAK

Peu importe, le groupe fait sacrément bien son boulot et enchaîne les morceaux-défouloirs de son premier album « Alas Salvation », dont le très sympathique single « Hungry Heart ». Le son est crade et fort à souhait et le public, pourtant peu dense, s’agite quand même un peu. Seule ombre au tableau, et pas des moindres, la première partie du jour ne jouera qu’une minuscule et frustrante demi-heure. Quand on sait par exemple que Keren Ann avait eu droit au double la veille en ouverture pour Sigur Rós, c’est ce qu’on appelle une grosse faute de goût de la part des organisateurs, qui voulaient peut-être que le concert finisse plus tôt qu’à l’accoutumée à cause du match France-Allemagne qui se déroulait ce soir-là.

Peu importe, sur les coups de 22h, les Last Shadow Puppets débarquent et entament une reprise amusante des « Cactus » de Jacques Dutronc. Leur mission du soir n’est pas des moindres, ils doivent effacer le mauvais souvenir de leur show assez pitoyable des Eurockéennes, où un Miles Kane téméraire faisait ce qu’il pouvait pour éviter le naufrage d’un navire mal piloté par Alex Turner complètement ivre. Ce cactus inaugural donc est plutôt bon signe du concert à suivre, qui redresse considérablement la barre. Le dispositif sur scène est le même ; un quatuor à cordes féminin accompagne le groupe bicéphale et ses (discrets) musiciens, et le son leur rend toujours aussi peu justice. Il faut vraiment tendre l’oreille pour distinguer dans ce fatras de guitares et de basse le bourdon distinctif des violons et violoncelles, qui n’émergent que sur quelques ponts ou refrains plus calmes et aérés. Cela reste dommage. Néanmoins, tout le reste est plutôt positif. Alex Turner n’est peut-être pas complètement sobre, mais au moins il tient debout, chante correctement et a une attitude plutôt convaincante, même s’il n’a toujours pas appris la sobriété auprès de son collègue, nettement plus classe. On ne va pas se mentir, notre préférence (que ce soit physiquement, musicalement ou d’un point de vue comportemental) penche nettement en faveur de Miles Kane, vêtu ce soir d’une étonnante veste à imprimé léopard, qui rivalise de bon goût douteux avec le blazer rose (si si) de son acolyte.

crédit : Zackery Michael
crédit : Zackery Michael

La scène a donc des allures de catwalk rétro-kitsch façon « Zoolander », mais la synergie entre les deux musiciens-chanteurs fonctionne à merveille, créant une drôle de tension homo-érotique sur certaines ballades sirupeuses qui n’est pas sans déplaire au public féminin, plutôt nombreux. Côté setlist, le concert relativement long permet de bien mettre en valeur les deux albums, dont tous les singles sont joués. Dix des onze morceaux de « Everything You’ve Come to Expect », tristement bien nommé deuxième album du groupe seront ainsi joués. On en retiendra surtout « Aviation » joué en début de concert, et « Bad Habits », plutôt vers la fin. Du préférable premier album, six extraits seront retenus, dont la sympathique « My Mistakes Were Made For You », qui nous éclaire assez bien sur le rétro-romantisme très premier degré du groupe (fort heureusement ça passe mieux en live), et l’incontournable « The Age of Understatement », une chanson qui passe aussi bien en live qu’en studio, ce qui est assez rare pour être souligné. Mais curieusement, le meilleur moment du concert demeure la reprise de The Fall, « Totally Wired », chantée par un Miles Kane éblouissant et furieusement frénétique, qui vient un peu réveiller le public dans la torpeur ambiante et au milieu de ces violons dégoulinants. Globalement donc, les Last Shadow Puppets livrent un concert assez maîtrisé et efficace, pour peu que l’on soit sensible à leur registre musical pour le moins suranné et à leurs afféteries de style pas toujours nécessaires. Mais soyons magnanimes, c’était vraiment bien mieux qu’aux Eurockéennes, et l’ambiance de stade dans le public (un œil rivé sur son smartphone pour suivre le match victorieux) a sans doute contribué à l’allégresse générale.


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Maxime Antoine

cinéphile lyonnais passionné de musique