[Live] Animal Collective au Transbordeur de Villeurbanne

Ce fut une bien étrange soirée que celle du concert d’Animal Collective, le 5 juin dernier, à Lyon pour la tournée de son dernier album « Painting With ». Si le groupe n’est plus à présenter, l’affluence au concert était si faible et les préventes si décevantes qu’il fut rétrogradé dans la petite salle du Club Transbo, et qu’une des deux premières parties fut carrément déprogrammée. Néanmoins, le concert fut excellent, malgré un sentiment persistant de frustration à la fin

crédit : Chona Kasinger
crédit : Chona Kasinger

C’est un public très clairsemé qui se retrouve dans la salle du Club Transbo en ce dimanche soir pour assister à la première partie « survivante » du concert d’Animal Collective. En l’occurrence, il s’agit du duo féminin de punk portugais Pega Monstro. Deux sœurs à la guitare et à la batterie qui s’époumonent sur des compos sans concessions mais tortueuses de punk flirtant volontiers avec la noise. Le son est âpre, brut et répétitif et certains morceaux s’étirent en jams bruitistes psychédéliques du plus bel effet, ou bien partent en structures complètement éclatées et nous perdent un peu en route. L’énergie dégagée par les deux jeunes musiciennes portugaises est pleine de fraîcheur, et si le concert est plutôt très bon, on se demande un peu pourquoi elles jouent avant Animal Collective… Sans doute parce que Noah « Panda Bear » Lennox vit à Lisbonne, peut-être aussi parce que le groupe américain revendique une influence punk pour son dernier album survitaminé.

Toujours est-il que lorsque le collectif (privé donc de Deakin, occupé à des projets solos remarquables) composé de Panda Bear donc, d’Avey Tare et de Geologist (ainsi que d’un batteur) arrive sur la petite scène du Club Transbo, surchargée de leur imposante décoration (prévue initialement pour la grande scène), le public est à peine plus nombreux, entre 150 et 200 personnes à vue d’œil. C’est bien triste, mais l’accueil tiède réservé à « Painting With », leur pourtant très bon dixième album studio, ainsi que la concomitance de gros festivals (Primavera Sound à Barcelone, TINALS à Nîmes et We Love Green à Paris) a quelque peu vidé Lyon de ses réserves de hipsters d’amateurs d’indie pop. S’il on regarde l’aspect positif de la chose, on peut ainsi voir Animal Collective dans une modeste salle, au premier rang et avec une place non négligeable autour de soi pour danser n’importe comment, ce qui est généralement ce que tout bon fan du groupe fait lors d’un de leurs concerts. « Painting With » sera joué dans sa quasi intégralité ce soir-là, avec dix morceaux sur les douze que compte l’album. Le rendu est excellent, à la fois fidèle à l’énergie du matériau d’origine et joliment barré et retravaillé pour les besoins du live. Les morceaux s’étirent, comme travaillés par des forces délirantes, à l’image d’un des plus beaux light-show qui soient. Des statues et peintures translucides placées sur scène s’illuminent, clignotent, se colorent de teintes chatoyantes et dansantes, et sont utilisées comme des myriades d’écran de projection qui voient défiler des motifs psychédéliques bigarrés tout au long du concert. Avec un son et lumière pareil, nul besoin de se booster aux amphétamines ou via un quelconque psychotrope, le groupe se charge déjà de vous hypnotiser et de vous faire danser.

Le concert est structuré en blocs ou jams qui enchaînent les morceaux sans temps mort et sans pause pendant près d’une demi-heure, ce qui permet tout à la fois de garder la dynamique et l’énergie irrésistible dégagée par les compos plus courtes de « Painting With », tout en proposant pour la scène des versions remarquablement différentes et retravaillées. Petit bémol toutefois sur la durée du spectacle (à peine plus d’une heure dix alors que le groupe avait largement le temps de faire plus) et sur la setlist frustrante, à la fois un peu trop courte (un maigre rappel avec la surprenante « Bees » au calme souverain, la sympathique « Hocus Pocus » et l’hystérique « FloriDada » en bouquet final) et surtout avare en tubes des précédents albums. Il faudra se contenter d’« Alvin Row », tirée de l’étrange « Spirit They’re Gone, Spirit They’re Vanished » qui se condense curieusement dans un trip déroutant deux fois plus court que sa version studio, ou de « Daily Routine » de « Merriweather Post Pavilion », album qui regorge de trésors bien plus précieux. À noter enfin, une très bonne reprise dans le premier mouvement du concert du « Jimmi Mack » de Martha and the Vandellas, dans une version évidemment épileptique et transfigurée. Un très bon concert en somme, mais pas forcément recommandé aux aficionados du groupe un peu déçus par le dernier album. Une excellente entrée en matière pour les néophytes, sans doute.


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Maxime Antoine

cinéphile lyonnais passionné de musique