[Interview] Fishbach

Entre deux cigarettes, Flora, fondatrice et seule membre de l’étonnant projet Fishbach, revient sur ses inspirations et son ressenti de la scène. La jeune femme, énergique et déterminée, a remporté en avril, le Prix du Printemps de Bourges des iNOUïS 2016.

crédit : Lucie Rimey Meille
crédit : Lucie Rimey Meille
  • Peux-tu m’expliquer le projet Fishbach ?

Très rapidement, je compose des chansons toute seule, dans ma chambre, avec mon ordinateur et j’adore les synthés et les sonorités des années 80 mais je ne le fais pas exprès. Ça fait trois ans que j’écris toute seule et que je suis toute seule sur scène, j’ai trouvé un label génial, Entreprise, avec lequel j’ai sorti un premier EP en novembre dernier.

  • Pour cet EP et de manière générale, qu’est ce qui t’inspire, te fais vibrer, pour composer ta musique ?

Je n’ai pas d’idole, de modèle. Du coup, je m’inspire d’autres choses ; j’aime tout ce qui est surréaliste. Ça peut être dans la musique, le cinéma, l’art en général, mais j’aime que notre réalité soit confrontée à des choses un petit peu étranges. Il y a des choses surréalistes dans la vie de tous les jours. Tu vois, tout à l’heure je suis allée me perdre dans Bourges ; je suis allée dans un bar et il y avait une nana assez punk à chien avec une laisse, je m’imaginais un berger allemand et en fait elle avait un chihuahua. C’est absurde et à la fois c’est beau parce qu’elle était super virile, elle avait l’air dure, et elle s’assoie et elle dit à son kiki de finir sur ses genoux, et pour moi, ça, c’est surréaliste et c’est beau ! Tu vois ça, c’était une source d’inspiration pour moi.

  • Comment t’es venue l’idée du clip de « Béton mouillé », l’histoire racontée dans cette vidéo ?

Alors ça, c’est quelque chose que je n’ai pas du tout fais avec le label. Je l’ai fait avec mes potes des Ardennes. Un jour, j’ai dit à tous mes copains : « Venez, on se fait un week-end dans les Ardennes et on en profite pour faire un clip, j’ai une petite idée ». On a fait ça à l’arrache ; je l’avais mis de côté et quand il a fallu sortir un clip pour la promotion du disque, j’avais ce truc sous le coude. Ça a plu au label, c’était simple. C’était moi quoi, c’est pas super bien ficelé mais ça me ressemble.

Par contre, je l’ai vraiment tourné pour cette chanson ; c’est vraiment vieux, je venais juste de l’écrire, et il fallait la délivrer. J’avais cette petite idée de clip d’une nana qui fait la maline, qui veut droguer tous ses copains, et qui finit en bad trip, hallucinée totalement dans les péripéties qu’ils ont vécues. C’est un petit peu se mettre en danger parce que j’ai l’image d’une fille toute seule un peu froide et je me mets dans la situation de la femme qui bad, qui est malade, je trouvais ça assez cool.

  • Lorsque tu es sur scène, on parle beaucoup de ta théâtralité, de ta prestance scénique, est-ce que c’est quelque chose qui fait partie du projet, ou est-ce que c’est toi qui est comme ça ?

J’y peux rien, j’adore bouger et vivre ce que je chante mais je ne le fais pas exprès. C’est simplement comme ça. Si je commençais à chorégraphier, ce serait horrible, ça n’aurait aucun sens ! Mais je ne peux pas m’empêcher de jouer un petit peu avec ce qui se passe ; si j’ai un public froid, enjoué, je veux pouvoir jouer avec tout ça. C’est vrai que je suis toute seule donc il faut aussi tenir quelque chose dans ces cas-là, tenir un propos. Je chante en français, je dis des choses, et je n’articule pas toujours super bien, j’avoue. J’adore noyer la voix donc appuyer un propos avec des gestes, et inviter les gens à rentrer dans l’histoire ; les impliquer, je trouve ça sympa.

Ainsi, les lives sont toujours différents, il y en a pas un qui se ressemble, et, en même temps, je te dis ça mais je ne me souviens pas de ce que je fais sur scène. J’ai des gros trous noirs, c’est une part de moi qui va sur scène, c’est pas moi toute entière, l’autre moi reste sur le côté, je ne sais pas où elle est, et cette part de moi sur scène fait ce qu’elle veut parce que si elle ne peut pas faire ce qu’elle veut elle ne fait rien.


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Lucie Rimey Meille

Photographe - majoritairement argentique - basée à Lyon, je rencontre des artistes et réalise des interviews à mes heures perdues.