Achèvement d’une trilogie personnelle qui est également le témoignage de plusieurs décennies biographiques, le nouvel album de Radical Face referme les chapitres d’une histoire folk toujours juste et intime.
Rappel des faits : en 2012, Ben Cooper, alias Radical Face, entame un cycle d’opus concentrés sur son héritage familial. Ou plutôt, celui qu’il n’a pas eu et s’est révélé de manière impromptue, lorsqu’il est devenu père, à 33 ans. Pour celui qui avait été banni de cette même famille à l’âge de 14 ans, les événements vécus quelques vingt années après ont précipité son désir de reconstituer, avec l’épopée folk « The Family Tree », une généalogie se transformant rapidement en quête de l’oubli, de la vérité et de la sagesse. Ultime épisode de ce cycle, « The Family Tree: The Leaves » nous montre une facette plus apaisée de son compositeur, mais toujours aussi passionnée et splendide. Il parvient ainsi à trouver, dans le réconfort de ses créations, l’équilibre idéal, unique but lors de cette épreuve qui, aujourd’hui, prend fin.
L’épopée charnelle de Radical Face prend donc son envol définitif, et de manière sublime. Car « The Leaves » est bien plus qu’un simple épilogue ; il synthétise, en dix pistes, l’essence même de celui qui, au travers de mélodies poignantes et transcendantes, se confie à nous, sans fard. Des élans aériens de « Secrets (Cellar Door) » aux arpèges délicats de « Third Family Portrait », le conte devient tableau, pierre vivante d’un parcours que rien ne prédisposait à se matérialiser sous nos yeux, de manière si précise. Ben Cooper orne ses harmonies folk d’instruments éthérés (à ce titre, l’ultime partie de « Rivers In The Dust » est exemplaire), soufflant parfois le chaud et le froid pour parvenir à personnifier ses désirs et obsessions. « Old Gemini » raisonne et s’envole vers des cieux plus cléments, plus calmes et paisibles, par des mouvements de cordes envoûtants. Et, plus que tout, l’intermède « Photograph » demeure la pierre angulaire d’un LP dont les saveurs acoustiques vont longtemps nous obséder.
Que reste-t-il donc de cette trilogie, une fois les derniers accords émouvants de « Bad Blood » perdus dans l’espace et le temps ? Certainement l’une des plus parfaites illustrations des tourments d’une vie qui, malgré ses douleurs, valait la peine d’être vécue. Exutoire indispensable pour celui qui lui a donné naissance, « The Leaves » permet à Radical Face de clore, une fois pour toutes, les chapitres douloureux et introspectifs d’une quête enfin posée sur le papier et les instruments ; et, ainsi, de se focaliser sur l’avenir. Tout en sachant qu’il restera à jamais marqué par le travail de deuil qu’il a accompli, et dont le dernier mouvement est d’une puissance évocatrice incomparable. Nous attendons donc fébrilement ses nouvelles errances, avec envie et impatience.
« The Family Tree: The Leaves » de Radical Face est disponible depuis le 25 mars 2016 chez Nettwerk / Kartel Bertus Music Services.
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