[Live] Basia Bulat au Pop-Up du Label

Connue pour son folk roots hérité des grands espaces canadiens, Basia Bulat a tenté un intéressant contre-pied cette année cette sur son quatrième disque, « Good Advice ». La blonde platine de 32 ans s’essaye à la pop technicolor où ses premières influences acoustiques s’entremêlent avec d’autres, bien plus synthétiques, pour évoquer, sourire aux lèvres, rupture amoureuse et cœur brisé.

Basia Bulat © Cédric Oberlin
crédit : Cédric Oberlin

Quand Basia Bulat débarque sur scène, le 25 avril 2016 après 21h au Pop-Up du Label, c’est toute vêtue d’un costume aux paillettes dorées plutôt éloigné des clichés de la musique folk traditionnelle. Et cela n’est rien à côté de ces premières minutes de show entièrement consacrées à nous expliquer pourquoi son clavier capricieux « fabriqué dans les années 70s en Caroline du Nord » (a-t-elle précisé) vient déjà de la lâcher alors qu’elle a à peine commencé à ouvrir le concert sur l’un de ses nouveaux titres lumineux, « Let Me In ». Après quelques minutes de longues supplications, l’instrument finit par répondre presque miraculeusement à sa musicienne. « Ne m’abandonne pas maintenant après tout ce que nous avons vécu ensemble, reviens au moins pour un dernier concert » a-t-elle plaisanté après quelques essais infructueux.

Accompagnée par un live band des grands soirs, la musicienne soudainement passée de l’ombre à la lumière nous entraîne dans cette atmosphère vintage quatre étoiles fleurie par les productions de Jim James (My Morning Jacket), entre ligne de basse et synthés hors du temps. Des nouvelles sonorités trouvées en délocalisant une partie du processus de création du disque à Louiseville dans le Kentucky, où est basé le leader du groupe de country rock. Même hors du confort de ses premiers disques, ses nouveaux habits de diva semblent la ceindre à merveille et Basia Bulat enchante alors la première partie du concert avec une classe affolante pour successivement interpréter les hymnes pop et gospel dorés « La La Lie », « In The Name Of » ou encore « Time ». Et la salle quasi pleine, loin d’être agitée, écoute et observe avec déférence, fascinée et concentrée au point de ne pas vouloir en manquer une note. Le seul extrait de « Good Advice », interprété de façon plus traditionnelle, est le sublime « Someday Soon » sur lequel elle se permet de sortir son fameux Autoharp afin de nous plonger dans une atmosphère plus onirique.

Mais au lieu de s’arrêter là, l’artiste, qui a élu domicile à Montréal « pour travailler mon français » (raconte-t-elle dans notre langue), compte également profiter d’une setlist large d’une vingtaine de morceaux afin de laisser reposer son clavier fatigué et revenir à ses basiques en s’équipant aussi bien de son Autoharp que d’une guitare semi-acoustique ou d’un simple charango. Désormais seule aux manettes (ses musiciens complétant plus sporadiquement la partie instrumentale), la voici renouant avec ses anciens morceaux acoustiques.

Des ballades se succèdent alors dans ce tableau plus personnel ; la première inspirée par un voyage dans le Yukon, la seconde à Toronto et reprise, tout en français, au Québécois Jean Leloup. Puis arrive en point d’orgue le fameux « It Can’t Be You », l’un de ses titres les plus connus, joué avec son charango et extrait de l’album « Tall Tall Shadow » sorti en 2013. Une façon de jouer avec nos émotions en alternant le chaud et le froid, ambiance dansante et plus intimiste, mais sans jamais baisser en intensité.

Ce set d’une heure et demie, riche en couleurs, a ainsi mis en valeur deux facettes de cette artiste que tout oppose dans la sphère musicale, mais qui cohabitent parfaitement chez elle avec un naturel déroutant ; si bien que synthés, paillettes et harpe plus folklorique sont parvenus à s’épouser sur scène non sans brio.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens