[Interview] Griefjoy

« Godspeed » est le résultat de la deuxième mue de Griefjoy. Guillaume, chanteur du groupe niçois, nous raconte l’histoire de ce nouvel album plus techno, plus électro et plus dansant, à paraître le 22 avril prochain chez Arista.

crédit : Etudes Studio
crédit : Études Studio
  • Votre premier album éponyme, sorti en 2013, était le résultat d’une mutation de Quadricolor en Griefjoy. Est-ce que ce nouveau disque vient en conclusion d’une nouvelle mue qui aura duré trois ans ?

Exactement ! C’est d’ailleurs notre leitmotiv : toujours évoluer. On n’est pas allé jusqu’à changer de nom cette fois-ci, parce qu’il est très lié à notre premier disque. Évoluer tout en essayant de garder une trame, une identité, c’est ce qui nous a motivés pour ce nouvel album, cette volonté de montrer autre chose de nous.

  • Un processus qui a duré trois ans…

Oui, mais si on regarde bien, cela fait deux ans et demi, car on a commencé à la fin de l’année 2013. C’était long parce qu’on a beaucoup tourné et que, pour se remettre à composer, il faut un peu de temps et se nourrir des expériences passées. Et puis, on avait du mal à composer en même temps que les concerts, alors il a vraiment fallu faire un break pour s’y consacrer.

  • Si tu devais nous décrire les couleurs musicales de ce nouveau disque…

Elles se situeraient du côté de la techno, et notamment celle de Daniel Avery, en Angleterre. On a couplé des sons assez froids avec d’autres plus chaleureux. Tout en cherchant l’équilibre entre l’acoustique d’un piano, par exemple, et des sons d’ordinateurs. Cela rend les morceaux plus vivants, car avec uniquement des sons d’ordinateurs, le résultat peut être vite plat et sans relief. Le jeu des opposés est l’essence même de notre groupe. Et sur ce disque, en essayant de croiser ces émotions contraires, on a fait encore plus honneur à notre nom.

  • Pourquoi « Godspeed » ?

Le titre est venu tardivement. « Godspeed » peut se traduire par « Bon voyage » et, finalement, il représente bien ce que l’on a vécu pendant les différentes phases de création de l’album. On s’est rendu compte que, pendant cette année et demi, on avait pas mal voyagé. D’abord la Bretagne, puis Paris, Nice et enfin Berlin pour le mixage. Quant à Sylvain, notre parolier, il a fait le tour du monde pendant cette période. On lui envoyait les morceaux et il nous renvoyait les textes en nous précisant l’endroit où il les avait écrits : un coup au Canada, à Hawaï, en Nouvelle-Zélande.

  • Tout le travail d’écriture est donc confié à une personne extérieure au groupe…

Oui, à Sylvain Autran, un ami d’enfance. Il n’est pas parolier de métier mais, au début, quand il a fallu mettre des mots sur notre musique, on a fait appel à lui. Pour ma part, je suis compositeur et je me suis toujours exprimé avec ma musique, comme les autres membres du groupe, qui sont musiciens également. Il nous manquait donc un parolier. On a alors tenté l’expérience avec Sylvain et, depuis, il est devenu notre parolier attitré. C’est super pour nous d’avoir une personne qui se consacre à 200% à l’écriture des textes.

  • Est-ce que, pour cet album, vous avez utilisé le même mode de création, la même répartition des rôles entre vous ?

Au départ, on était parti sur les compositions de chacun ; mais on s’est vite rendu compte que ça ne fonctionnait pas, non pas parce que les morceaux n’étaient pas bien, mais parce que cela faisait trop d’univers différents alors qu’on cherchait à faire un projet cohérent. Donc, on a pris la décision de partir de mes compositions. Comme je suis le chanteur, cela semblait plus logique. Puis, chacun les retravaillait, un peu comme s’il y a avait quatre producteurs en studio. On est sorti du cadre classique qu’on avait suivi pour le premier album.

  • La sortie de ce nouvel album est très orchestrée, contrairement au premier. Êtes-vous à l’origine de cette démarche ?

On s’est posé la question de savoir comment sortir un disque en 2016. Les choses ont beaucoup évolué. On a pensé la sortie de l’album comme la sortie du DVD d’une série TV. On est fan de séries TV ; on aime bien le côté suspens, être en attente du prochain épisode. À l’instar des séries TV, on a sorti les titres comme des épisodes que l’on suit du début à la fin. L’album devient alors l’objet final, comme la sortie DVD pour les séries. Pour ceux qui nous suivent, l’album sera considéré comme la fin de l’histoire ; et, pour ceux qui vont nous découvrir, comme le début.

  • Pour le premier album, vous aviez travaillé les visuels et les clips en collaboration avec le collectif Le Garage. Et pour cet album ?

Pour celui-ci, on a travaillé avec Études Studio, qui est à la base une marque de vêtements. Ils ont un visuel minimaliste qui nous plaisait et qu’on voulait poser sur notre album. Parmi toutes leurs propositions, on a choisi celle qui a un côté « architectural ». Pour nous, il représente le cadre qu’on s’est fixé dans notre musique, car on a toujours eu besoin d’être précis dans nos compositions. Et le noir et blanc représente les contrastes ; c’est Griefjoy, en quelque sorte.

  • Les deux premiers clips étaient sur la même ligne visuelle (noir et blanc) et le troisième, « Light On », qui vient d’être dévoilé, sort radicalement de ce cadre…

Oui, avec ce clip, on entre dans la phase 2. On voulait sortir du côté très strict des premiers, avec de la fraîcheur, de la légèreté, du second degré. Car, dans notre album, on a aussi des titres légers. Avec « Light On », on entre dans une phase plus colorée.

  • Vous faites partie de la scène musicale niçoise dont on parle beaucoup aujourd’hui, notamment suite à la Victoire de la Musique donnée à Hyphen Hyphen. Est-ce que vous vous connaissez ?

On était au même lycée. Mais on est parti assez vite à Paris et eux sont restés à Nice, alors on ne s’est pas beaucoup croisés. Il faut dire aussi qu’on n’était pas dans le même timing. Quand on préparait l’album, ils étaient en concert, et inversement : quand on était en concert, ils préparaient leur album. On est super content pour eux. Ce sont les premiers qui cartonnent autant ; du coup, ça va créer une dynamique…

  • Oui, il y a aussi Montoya qui monte…

Oui, on en parle beaucoup aussi, et il y a Møme qui arrive très fort également. Il est parti en Australie faire son disque dans un registre électro. Il a un morceau à plus d’un million de vues. C’est un pote et je suis super content de ce qui lui arrive.

  • C’est compliqué d’être artiste dans une ville comme Nice ?

Il faut aller chercher des opportunités. C’est moins facile qu’à Paris, car il n’y a pas le même type de réseau. C’est une ville essentiellement portée sur le tourisme. Et comme il n’y a pas grand-chose à faire pour les jeunes, on passait tout notre temps en studio. C’est ce travail qui a finalement porté ses fruits.

  • Après la sortie de l’album, une tournée est prévue, avec des concerts et des festivals, comme le Printemps de Bourges en avril et We Love Green en juin.

Pour nous, la saison des festivals, c’est la saison où la musique prend tout son sens. On a toujours été fan de festivals. On connaît bien We Love Green en tant que spectateurs. Cette année, on y va pour jouer, c’est incroyable ! En plus, il y a des groupes qu’on admire depuis toujours, comme LCD Soundsystem. Alors maintenant, on a hâte d’y être et on est très impatient.

crédit : Etudes Studio
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Sylvie Durand

Curieuse, passionnée par les voyages, la musique, la danse. Par tout ce qui aiguise les sens.