[Live] Grand Blanc et Alexis and The Brainbow au Marché Gare de Lyon

C’était un des concerts les plus attendus du printemps par le peuple nocturne et fêtard lyonnais. Forts d’un EP extraordinaire paru en 2014 et de « Mémoires Vives », très bon premier album sorti en mars dernier, les plus Messins des Parisiens de Grand Blanc débarquaient à Lyon pour foutre le feu. Retour sur un concert dantesque.

Grand Blanc © Lucie Rimey Meille
Grand Blanc – crédit : Lucie Rimey Meille

On commence local, comme souvent au Marché Gare, avec Alexis and the Brainbow, sympathique groupe de pop teintée de math rock et de new wave. Les musiciens sont très carrés, un peu hipsters sur les bords avec un joli concours de chemises à motifs – qu’on se rassure, le public n’est pas en reste de ce côté-là. Habitués du lieu, puisqu’il s’agit de leur quatrième concert dans cette salle, les membres d’Alexis and the Brainbow jouent devant un public bienveillant d’amis et de connaissances ; ils sont un peu chez eux. Le gros point fort de la formation, en tout cas en live, est sa section rythmique très motorik. Sur l’intro de « No Longer » ou de « Niels », la basse est très krautrock, et le batteur fait des merveilles absolument à chaque morceau ; un vrai métronome.

Le guitariste est particulièrement enjoué et sautille un peu partout, même sur des morceaux plus orientés dream pop ou soft rock comme « Trumpet ». Chose assez notable pour être signalée : le lightshow est très travaillé et varié, ce qui fait sacrément plaisir pour une première partie. « Young Gun », parfait tube pop calibré pour les radios indés, rappelle le Phoenix de « Wolfgang Amadeus Phoenix », et le concert se termine sur un titre instrumental plus orienté post rock dont la ligne de basse sort tout droit du « In Rainbows » de Radiohead, « Tellurisme ».

Du concert de Grand Blanc, il ne me reste rien d’autre que de puissants flashes, des instants volés, suspendus, intenses et merveilleux. Le set s’ouvre, comme l’album, sur « Surprise Party » ; l’occasion d’admirer la disposition scénique du groupe et le très joli kimono noir de Camille, la chanteuse et claviériste. D’entrée de jeu, c’est absolument énorme. Gros son, gros light show, grosse présence sur scène. Le public est déjà conquis. « L’Homme serpent » pointe ensuite son nez, et je ne réponds plus de moi. Tout ce que je sais, c’est que je chante, je danse comme un fou, je m’abandonne tout entier à la musique, et les gens autour de moi, aussi. Le reste du concert est tout aussi intense. Je me souviens que, sur « Tendresse », très inspiré par le travail de Fever Ray et de The Knife, on se pose un peu et on se remet de nos émotions. « Verticool », hymne tubesque où la morgue du chanteur Benoît fait des merveilles (ainsi que son verbe) ; il n’en fallait pas plus pour nous faire beugler les paroles avec le groupe d’amis qui m’accompagnait et qui carbure à « Mémoires Vives » depuis un peu plus d’un mois.

Seul regret : si tout l’EP et l’album sont joués ce soir, l’excellent « Désert Désir » est laissé de côté, un peu trop casse-gueule à chanter – Benoît était un peu grippé. À part ce mini bémol, le concert est une suite ininterrompue de titres imparables, de tubes survoltés ou de stases nocturnes presque mélancoliques, et je me réveille comme au milieu d’un rêve, en train de danser sur scène avec des amis sur les dernières notes enragées de « Samedi la Nuit », hymne nocturne s’il en est. J’aurai hurlé avec les loups, scandé les géniales punchlines du groupe sur les déjà classiques « Bosphore », « Petites Frappes » ou « Disque Sombre ». Surtout, le projet a fait montre de sa dextérité sur scène ; quand on sait que leurs premières heures ont parfois été laborieuses, on mesure le chemin parcouru et l’ampleur des progrès. Une prestation riche, sans faute et presque parfaite ; on a hâte de voir la suite, sur scène comme en studio.

L’after fut également notable, dans un Sonic qui virait en mode nuit psyché – krautrock. Un lieu idéal pour laisser les effluves divers faire leur effet et se défouler sur des classiques peu entendus en boîte (Joy Division, Faust, Portishead, The Cure, Kraftwerk, Billy Idol…). Grand Blanc y faisait une discrète escale avant de prendre un peu de repos et la route pour Nîmes, où ils jouaient avec La Femme le lendemain. J’ai déjà envie de revivre ça.


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Maxime Antoine

cinéphile lyonnais passionné de musique