[Interview] NORD

Jeune dandy à la silhouette longiligne, Xavier Feugray, alias NORD, est un jeune auteur-compositeur et interprète qui traverse la chanson française, en y ajoutant une bonne dose d’électro-pop sensuelle et sombre. Avec la parution de son deuxième EP baptisé « L’amour s’en va » et d’ores et déjà chroniqué sur indiemusic, nous avons voulu en apprendre un peu plus sur celui qui se cache derrière cette identité, son parcours et ses influences, sa manière de créer et même les rêves qui lui trottent dans la tête en ce moment (P.S : il y a des histoires de jazz loufoques avec Fred Wesley et de pantalon oublié sur scène) !

NORD - EP

  • En une ou deux phrases, raconte-nous un peu qui se cache derrière NORD ! D’où vient ce nom de scène ?

Cette aventure est comme un nouveau départ, après des escapades en groupe et sous son nom. Je deviens un explorateur qui se fixe un nouveau cap. Cap vers le Nord !

  • Quel a été le déclic qui t’a conduit à entreprendre ton projet solo ? Qu’est-ce que tu faisais avant de commencer cette aventure musicale ?

J’avais un ami qui bossait avec Fruity Loops et qui m’a montré comment l’utiliser comme un sampler. J’ai commencé à faire des chansons tout seul comme ça. Quand le groupe à splitté (Dam Fortune, qui a duré dix ans), j’ai commencé à faire des concerts en solo.

  • Si l’on devait décrire ta musique en quelques mots ?

Entre rêve et réalité, faite de clair-obscur et de fragilité. J’essaye d’exprimer mes doutes ou les failles qui m’habitent.

  • Parle-nous un peu du processus de création de tes mélodies. Tu composes seul ? Est-ce que les musiciens qui t’accompagnent en tournée viennent t’épauler en studio ?

En général, je pose les bases dans mes démos, musiques et textes, les intentions. Ensuite, je retravaille le son, puis j’affine en studio pour rendre les chansons efficaces. Thierry et Ludwig (mes musiciens) commencent à m’aider pour cette dernière étape ; le premier réalisera l’album et le second s’occupera de quelques arrangements.

  • D’où provient cette obscurité qui imbibe les six titres de ton EP ?

Cette obscurité vient assez naturellement. Les textes de mes chansons sont souvent des histoires d’amour contrariées ou des aventures un peu bancales. Pour la musique, je pars toujours ou presque d’ambiances, de textures qui m’amènent ensuite à la chanson, à la croisée de la pop, du folk, de l’électronique et de l’organique.

  • Ton écriture semble très personnelle. Il suffit d’écouter « L’amour s’en va » ou « Mémorable » pour déceler de l’intime. À quel point verses-tu dans le récit autobiographique ?

Tu l’as dit, je laisse souvent planer le doute. Il est constant dans « L’amour s’en va » ; c’est à la fois un constat très personnel et désemparé. Les failles sont apparentes et surexposées dans « Mémorable », ça reste très fragile comme équilibre… Je demeure toujours à la frontière entre l’autobiographie et l’autofiction.

  • Quelles sont les influences majeures de ton œuvre ?

J’ai été très marqué par Nirvana ; c’est comme ça que j’ai commencé à faire de la musique et des chansons. Ce côté urgent et spontané. Sinon, mes influences sont multiples : ça va de Leonard Cohen, Eels, Beck, The National, LCD Soundsystem à Brassens, Renaud, Higelin, Dominique A ou même Nino Ferrer.

  • Que ce soit dans les clips ou les photographies, pourquoi travailler une imagerie uniquement en noir et blanc ?

NORD m’évoque le noir et blanc, une imagerie sombre, sobre et intemporelle. Peut-être parce que j’aime la photographie américaine des années 70 : Klein, Winogrand… Ce côté instinctif et sincère, accessible, mais très personnel, au final. C’est sur ces bases que j’ai travaillé l’image du projet.

NORD (1)

  • En vrac, peux-tu me donner une poignée de morceaux indispensables à toujours avoir dans son MP3 ?

Beck – Loser
The Beatles – I’m Only Sleeping
Dark Dark Dark – Daydreaming
The National – Start a War
Timber Timber – Demon Hoist
DEUS – Instant Street
The Good, The Bad & The Queen – Northern Whale
LCD Soundsystem – Dance Yourself Clean
Serge Gainsbourg – L’alcool et Initials B.B.
Leonard Cohen – Who By Fire
John Lennon – Watching the Wheels et Working Class Hero
Radiohead – Exit Music (for a Film)
The Kinks – A Well Respected Man
David Bowie – Starman
Nirvana – Long Act
AIR – Dead Bodies
Portishead – The Rip
Tom Waits – Hoist That Rag
Dominique A – Le Sens, Le courage des oiseaux et L’onglée
Jacques Brel – Fernand et Quand on a que l’amour
Jacques Higelin – Tête en l’air
Fool’s Gold – Surprise Hotel
La Maison Tellier – Sur un volcan

NORD (2)

  • Quels sont tes projets à venir ?

Je commence à enregistrer un album pour l’automne 2016. Je pars au Canada, fin août, avec plusieurs projets autour du Festival International de la Chanson de Granby. Une tournée est en préparation pour la fin de l’année 2016 et le début 2017.

  • Question plus légère, pour terminer : un rêve dans le coin de la tête, qui n’a pas encore été réalisé ?

Souvent je fais ce rêve où je joue du saxo dans un band de R’n’B aux côtés de Fred Wesley ; je fais ce que je peux, je ne sais pas jouer de saxo. Néanmoins, j’assure quand même… Fred se retourne souvent vers moi. Il a l’air trop gentil, il sue énormément. Il cligne des yeux en soufflant comme un damné dans son instrument. Quelque part, ça me rassure, je me sens de mieux en mieux, alors je pars en impro free jazz au milieu du set, trop à l’aise ; je me rappelle que je ne sais toujours pas jouer de saxo. Derechef, je sens que le public du Sunset Bar de Miami a les yeux rivés sur moi. C’est à ce moment que je m’aperçois que j’ai oublié de mettre mon pantalon de costume, celui que j’ai acheté chez Zara, rue des Carmes, pour la coquette somme de 149€, une semaine avant les soldes…


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.