[LP] Glen Hansard – Didn’t He Ramble

Il est des régions, des monts et des vallées où les nuages défilent sur les flancs. Chemin vaporeux frôlant la majesté. Les épaisseurs blanches s’engouffrent entre les crêtes pour donner aux lourdes montagnes une certaine apesanteur. C’est ici que se place Glen Hansard dont la musique prend lentement les êtres.

Glen Hansard - Didn't He Ramble

« I’ve been working for your wonder, I’ve been mining hard and long and I will not fold. I’m gonna find that gold ». Glen Hansard est un sage. Un de ces hommes qui portent les passés, les plaies et les révoltes. Il a le coffre des vagabonds et des chercheurs d’or. Il a la voix de celui qui a parcouru les terres, les vents et les âmes. En septembre, il a offert un album fait de profondeur : « Didn’t He Ramble ».

À l’image de la pochette, Glen Hansard, homme perdu dans les buées et les écorchures, se place entre chaleur et air glacial. Grand de films et d’albums, l’Irlandais donne huit titres matures et sûrement plus lumineux qu’auparavant. Bouquet d’humilité, de sagesse et d’élégance, « Didn’t He Ramble » est surprenant de contraste. Dans un folk délicat, il assemble des morceaux aux saveurs et textures pleinement différentes. Voyage intime connaissant les défaites et les conquêtes, les calmes et les guerres. L’album est fait de bosses et de creux, terriblement clairvoyant. Il navigue entre acceptation et mise à nue. « Didn’t He Ramble » rappelle bien évidemment Louis Armstrong. Serait-ce pour revenir à une source ou pour mieux dépasser les codes rationnels d’une certaine musique ? Peu importe, Glen Hansard ne divague pas, mais s’impose.

L’album apparaît simple et c’est dans cette sobriété que se cachent les joyaux les plus frappants. Il se parcoure et peu à peu s’élève vers plus d’éclaircies. Chemin initiatique ou constat illuminé. La plume est sensible et belle. Les paroles s’inscrivent avec finesse dans ce qui est le plus concis. Tout est ici recouvert d’une mélancolie parfois sévère, parfois douce. Les mots sont des regards vers l’horizon, embués par le passé. Glen Hansard marche sur ce fil de délicate rédemption. De cette idée, l’album prend naissance dans l’obscur charme « Grace Beneath The Pines », annonciateur d’un album plus rassuré, d’une histoire au destin affirmé.
La voix navigue entre délicatesse et écorchure, mais toujours enveloppée de pureté. Un chant vibrant qui visite la sobriété d’une guitare ou d’un piano. Un chant qui arrive à s’enrichir de mélodies enivrantes, plus lancinantes au détour de titres. Par sa posture et son velours, la voix finit cependant toujours à surplomber l’ensemble du morceau. Tonalité imposante. Texture douce et lourde. Glen Hansard, par sa posture maîtrisée et digne s’affirme comme un maître fragile, captant en quelques mots toute le coffre d’une vie.

Musicalement, le folk est teinté de différentes emprises. On reconnaîtra des effluves de country dans « Winning Streak » ou encore des sonorités irlandaises portées par le violon sur « McCormack’s Wall ». Les notes claires du piano et de la guitare se grandissent parfois par un ensemble de cuivres comme sur « Lowly Deserter ». La batterie est présente et apporte un groove certain à une mélancolie vaporeuse. La musique arrive alors à emporter les corps dans l’envoûtement. Franchement ou subtilement.
Mention spéciale à « Wedding Ring » qui se lit comme une mise à nue amoureuse. La voix y est gracieuse et se love dans une mélodie délicate et ronronnante. Face à cette sagesse musicale et poétique émane une tendresse qui fait balancer entre pleurs et sourires.

Glen Hansard

« Didn’t He Ramble » est un album fameux, qui fait autant de bien que de larmes. Subtilement construit entre les sonorités et la lumière, Glen Hansard donne un visage plus nuancé à sa mélancolie. Délivrance qui côtoie le romantisme et l’humilité.

« Didn’t He Ramble » de Glen Hansard est disponible depuis le 18 septembre 2015 chez Anti / Plateau Records Ltd.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes