[Live] The Color Bars Experience au Quai

Emmené par Jason Lytle, Ken Stringfellow et Troy Von Balthazar, The Color Bars Experience a rendu un hommage brillant et touchant à Elliott Smith et à sa dernière œuvre, « Figure 8 », sortie il y a déjà quinze ans, ce mardi 15 décembre au théâtre Le Quai à Angers.

The Color Bars Experience

Après une représentation inaugurale jouée lors de la 39e édition du Printemps de Bourges, « The Color Bars Experience », emmené par le trio Jason Lytle (Grandaddy), Troy Von Balthazar (Chokebore) et Ken Stringfellow (The Posies), se reformait le mardi 15 décembre dernier au Quai d’Angers, pour notre plus grand bonheur.
L’occasion parfaite, pour les trois chanteurs et songwriters américains, d’honorer, accompagnés d’un orchestre de chambre d’une dizaine de musiciens pour la plupart angevins, la mémoire d’un artiste à qui le folk actuel doit beaucoup. Celle d’Elliott Smith, disparu tragiquement à l’âge de 34 ans, en laissant derrière lui cinq albums et de très nombreux amoureux de sa musique en peine.

À tour de rôle et en toute humilité, Ken, Troy et Jason vont rendre avec leurs humeurs, leurs souvenirs et leurs voix caractéristiques, un nouvel hommage (et loin d’être le dernier) à leur ami et pair commun.
Le choix des reprises se portera sur « Figure 8 », ultime album de cet artiste folk à fleur de peau que fut Elliott Smith, joué dans sa quasi-intégralité de « Son Of Sam » à « Can’t Make A Sound ».

Reproduisant la même organisation qu’à L’auditorium de Bourges, c’est Ken Stringfellow qui entonne les trois premiers titres, dont le très beau « Stupidity Tries ». Celui que l’on attendait le moins dans l’exercice va porter, dès le début du concert, accompagné brillamment par l’ensemble orchestral, les meilleurs espoirs de ce rendez-vous de début de soirée. D’un chant solennel et grâce à une posture confidentielle et juste, presque dans la retenue, Ken va livrer une prestation très juste d’interprétation ; la qualité de l’élocution et la confidentialité du personnage aidant notamment. Avant de se laisser aller progressivement sur la troisième piste, « Wouldn’t Mama Be Proud », et donner à sa reprise un souffle plus rock.

L’ex-leader des Posies laisse sa place au frontman de Chokebore, cravate nouée autour du cou comme pour accompagner l’hommage en circonstance.
Profondément ému d’interpréter quelques titres de son ami, avec qui il avait longuement et largement partagé la même scène musicale à Los Angeles, Troy Von Balthazar glissera au public un touchant : « It’s a real pleasure to sing the beautiful songs of Elliott Smith, to be here and to see you ». On n’aurait pas mieux dit. Si l’interprétation des premiers titres par Troy surprendront aux premiers abords, ils seront foncièrement d’une grande authenticité, donnant à sa performance une dimension « lo-fi », éprouvée par des souvenirs remontés à la surface et par les évocations intenses des textes d’Elliott, du sublime « Everything Reminds Me Of Her » au bouleversant « L.A. ».

Il ne manquait plus qu’au timide mais magique Jason Lytle de pointer le bout de son nez, planqué tendrement et fébrilement sous sa casquette de baseball, et revêtant son intemporelle chemise à carreaux. Les mains croisées et le cœur toujours serré, l’un des plus intimes amis d’Elliott va livrer, avec toute l’émotion et la chaleur qu’on lui connaît, une interprétation partagée entre la légèreté d’un « Color Bars » et son orchestration lumineuse et l’emporté « Everything Means Nothing To Me », avant de quitter une première fois la scène sur le mélancolique « Pretty Mary K », où l’on retrouvera l’homme sensible et au grand cœur, sur le point de flancher sur le coup des souvenirs, accompagné harmonieusement par la mélancolie de la symphonie jouée.

Il faut d’ailleurs saluer les réarrangements somptueux opérés par l’orchestre ; entre envolées superbes, douceurs pastorales et explosions instrumentales grandioses, s’harmonisant avec justesse avec les voix des trois interprètes américains et sublimés par les barres lumineuses aussi suspendues que ces moments d’intimité retrouvés.

L’heure vingt de ce concert exceptionnel se conclura par un final réunissant enfin les trois chanteurs, Ken, Troy et Jason, sur « Can’t Make A Sound » ; avant d’offrir au public un dernier souvenir (non indiqué sur le programme) avec le magnifique « Between The Bars » du tout aussi emblématique « Either/Or » (Angeles, Picture of Me), interprété avec justesse par Jason Lytle.

Un très bel hommage musical : court, concis, mais parfaitement construit.


Setlist du concert :

Intro (et fin) : « Bye » en version originale depuis la table de mixage

Son of Sam (Ken)
Stupidity Tries (Ken)
Wouldn’t Mama Be Proud (Ken)

Everything Reminds Me Of Her (Troy)
Somebody That I Used To Know (Troy)
L.A. (Troy)

Color Bars (Jason)
Everything Means Nothing To Me (Jason)
Pretty Mary K (Jason)

Junk Bond Trader (Troy)
Happiness (Troy avec Jason aux choeurs)

Place Pigale (Ken)
Easy Way Out (Ken)
In the Lost and Found (Ken)

Figure 8 (Jason)
I Better Be Quiet Now (Jason)
Can’t Make a Sound (Jason accompagné de Ken et Troy aux choeurs)

Rappel : Between The Bars (Jason)


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Photographies issues d’un reportage sur les coulisses de The Color Bars Experience, en cours de réalisation par le collectif Ethnomedia.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques