[Live] Mac DeMarco et Dinner au Grand Mix

Cette soirée du 14 septembre 2015 au Grand Mix avait tout pour faire rager les rageux : Mac DeMarco, le petit branleur pop, chouchou des Inrocks ou de Pitchfork, débarquait pour un concert sold out depuis fort longtemps.

Mac DeMarco © David Tabary
Mac DeMarco © David Tabary

Première surprise en arrivant sur place : assez peu de hipsters dans la salle, plutôt de gentillets fils à papa qui ont déserté le bar pour mieux s’asseoir devant la scène et faire main basse sur les meilleures places.
Rapidement, les lumières s’éteignent et un grand type ayant visiblement fait un saut dans les années 80 pour piquer une de ses vestes à Rick Astley. Il dit s’appeler Dinner et invite tout le monde à avancer d’un pas vers la scène. Preuve du charisme du mec (ou du moutonisme du public diront les rageux), tout le monde obtempère et se rapproche. Dinner entame alors une improbable chorégraphie sur fond de musique aux sonorités électro vintage. Quand le bonhomme se met une longue écharpe sur la tête et commence à faire un mouvement de balancier de gauche à droite, certains regards se croisent dans la foule : « Non mais c’est quoi ça ?! ».

Sauf que Dinner est vraiment drôle et charismatique, alors on finit par se prendre au jeu. Il nous cueille définitivement quand il nous dit : « Mon public préféré est le public français. Parce que le public français aime Dinner ! » puis qu’il nous invite à lever les bras et à prendre la main de ses voisins, comme une sorte de grande communion loufoque. Là encore toute la salle s’exécute, et mes voisins de gauche et droite ont presque l’air déçus que j’aie les mains occupées à faire des photos. Rarement on aura vu une première partie aussi bien trouvée : l’humour de Dinner constitue un formidable trait d’union avec l’arrivée imminente sur scène de Mac DeMarco, et le public a déjà commencé à danser et faire la fête. On voudrait vraiment voir cela plus souvent.

Arrive enfin le prince du cool Mac DeMarco, dents du bonheur et casquette vissée sur la tête, et ses quatre compères de tournée. Ce qui frappe en seulement deux ou trois morceaux, c’est le côté très carré du jeu de cette petite troupe. Tout sonne juste et facile, le son est excellent, le rythme soutenu. On est loin du son un peu bricolé des « Salad Days ». Rapidement un doute nous étreint : et si DeMarco était un faux branleur et un vrai génie ? Car du génie il en faut une bonne dose pour être aussi facile tout en étant aussi bon.

Les morceaux s’enchaînent de manière effrénée. Là où la réputation de gamin de Mac DeMarco se retrouve, c’est entre les titres, comme lorsque le groupe finit par éclater de rire et révéler que depuis le début ils jouent avec sous les yeux une fausse setlist distribuée au dernier moment par leur manager et uniquement composée de jeux de mots scabreux et douteux sur des titres de films, du genre « Edward Penis Hands » ou « Assablanca ». Oui, quand on est Mac DeMarco, on peut sortir de sa concentration pour faire des blagues à deux balles et livrer immédiatement après le plus parfait des morceaux.

L’ambiance potache est aussi dans la salle : à peu près tout le monde danse et se déhanche pendant qu’une poignée de types slamment allègrement sur des chansons douces, ou qu’une jeune fille monte faire des bulles de savon aux côté de Mac. Tout se passe dans une espèce de connivence générale. Tout juste signalera-t-on un mec de la sécu ayant eu le mauvais goût de raccompagner un type monté sur scène pour danser avec ses musiciens préférés. Puis c’est Mac DeMarco qui oblige le mec aux claviers, dont c’était le premier concert avec le groupe, à s’essayer au stage diving en guise de gage de bienvenue. N’y tenant plus, Mac DeMarco finira aussi par se jeter dans la foule avant de finir torse nu.

À la fin du concert, point de rappels. Mac et ses potes ont dit tout ce qu’ils avaient à dire. Et si ne plus s’imposer de faire des rappels constituait une vraie originalité ? En tout cas on ressort de là en s’étant bien amusé, et en se disant que l’air de rien, la barre est placée très très haut pour ce second semestre 2015, et que Mac DeMarco s’y est démarqué.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures