[Interview] Burning Peacocks

Alma Jodorowsky et David Baudart forment depuis quelques mois, en toute complicité et en toute simplicité, Burning Peacocks, dans le sillage de leurs grands cousins du trip hop et de la dream pop (Portishead, Mercury Rev, etc.), voire du vintage tel le Velvet et autres sucreries des 70’s. En V.F. ou en V.O. anglaise, le duo star file comme une étoile dans la stratosphère des groupes parrainés par d’autres comètes brûlantes (dans leur cas, Lilly Wood & The Prick). Il prend tout son temps pour écrire et composer à quatre mains et les pieds sur terre des petits ovnis qui font décoller tout le monde. Ils sont jeunes, ils sont beaux et s’imposent déjà sur les scènes branchées françaises avec leurs titres empreints d’émotions, de confidences, de mélancolie joyeuse cernée de plénitude affranchie.
Tout juste après leur concert sur la plage romantique cabourgeaise du festival Cabourg, Mon Amour, indiemusic s’est imprégné à l’abri du vent de leur histoire qui pourrait bien faire tempête.

crédit : Emma Pick
crédit : Emma Pick
  • Bonjour Alma et David. De quand date votre projet ?

David : On a commencé sérieusement en 2013, en écrivant les titres de l’EP quatre titres intitulé tout simplement « Burning Peacocks » qui est sorti à l’automne 2014, ainsi que les morceaux que l’on joue en live.

  • Et votre rencontre, total fruit du hasard ?

Alma : Oui, cela s’est fait via des amis de la scène musicale parisienne. Au départ, on était devenus copains avec plein de potes en commun. David avait un autre groupe et cherchait quelqu’un pour ses morceaux…

David : J’avais besoin de quelqu’un pour écrire d’autres paroles que pour ma formation de l’époque qui s’appelait Holstenwall. On avait sorti un EP en 2011 chez Third Side Records. J’ai envoyé le premier titre « Games » à Alma pour voir ce qu’elle en pensait et si elle voulait écrire les paroles de ce titre et cela a commencé comme ça…

  • Et toi Alma, était-ce la première fois que tu écrivais sur une musique ?

Alma : J’avais déjà eu des petits groupes quand j’étais ado avec des copines. La musique a toujours fait partie de ma vie. Mais c’est vrai que poser des textes sur des chansons était une première pour moi. Ça a beaucoup plu, on a continué en cherchant un peu à tâtons dans quelle direction aller. Cela a avancé de manière assez organique et quand on a rencontré Pierre-Guy pour produire notre premier EP, on s’est donné un coup de pied au cul pour avancer de manière plus rapide et sérieuse.

  • Vous êtes-vous fixé une ligne musicale directrice ou est-ce un peu en fonction de l’inspiration ou de l’humeur du moment ?

David : Sur le premier EP, on a eu la possibilité de pousser ces quatre ambiances dans les directions que l’on voulait. Personne ne nous a dit de recentrer le propos. Un titre est plus guitare-voix, un autre est plus psyché-folk, un autre avec une boîte à rythmes ou une batterie acoustique… on y est allé à fond à chaque fois et cela nous a permis de mieux nous connaître en tant que musiciens, mais aussi d’apprendre le travail en studio.

  • On ressent bien sur scène qu’il y a plein de musiques qui vous « nourrissent ». Cela provient de la famille, de votre entourage, de vos voyages ?

Alma : On a tous les deux une passion pour la musique depuis très jeune et c’est quelque chose qui est resté contrairement à beaucoup d’ados qui laissent tomber rapidement. On a eu envie d’utiliser toutes ces choses écoutées qui nous ont emmenés depuis notre enfance jusqu’à aujourd’hui…

David : Il y a aussi des choses que l’on a pu vivre il y a longtemps ou pas ; on ne cherche pas les mots pour les exprimer. C’est bien de se retrouver sur ces thèmes-là et sur cette manière de créer…

  • En concert, vous êtes quatre. Vous n’aviez pas envie de vous retrouver tous les deux sur scène ?

Alma : (rires) Ben, David n’a pas six mains donc on a besoin de musiciens qui apportent leur pierre à l’édifice et qui portent le groupe. On est aussi des personnes qui aiment être entourées, se sentir bien ensemble et tirer les choses vers le haut. De toute façon, au départ, on pensait que le duo allait devenir un groupe ; les choses se sont dessinées de cette manière et on n’allait pas lutter contre…

Burning Peacocks © Nicolas Nithart

  • Vous chantez en français et en anglais, il y a pas mal d’intonations brit-pop. Envie de parcourir le monde avec votre musique ?

Alma : Cela ne s’est pas encore présenté, mais sûrement lorsqu’on va sortir l’album…

  • Qui est prévu pour quand ?

David : … Pour l’instant, on a enregistré deux nouveaux titres. On va continuer comme cela jusqu’à trouver la bonne formule. C’est un peu comme les gens qui nous accompagnent sur scène, il faut trouver et construire avec l’équipe de studio avec laquelle tu te sens bien pour enregistrer. Que cela soit l’ingé son, le réal… mais aussi le lieu. On est en train de découvrir cela tous les deux. Donc on n’a pas vraiment de deadline pour l’album.

  • Toi, David, tu es à plein temps sur le projet ?

David : J’ai aussi un groupe qui s’appelle Cabuco. Un projet sans trop de limites, aussi en français et en anglais. L’esprit et les rapports sont différents car nous sommes quatre garçons… l’énergie est beaucoup plus partagée. Rien avoir avec Burning Peacocks. Si Alma n’a pas la solution, on est un peu dans la merde (rires)… À quatre, il y en a forcément un qui peut nous dépatouiller. Mais, par contre, c’est beaucoup plus le bordel pour se mettre d’accord !

  • Et toi Alma, tu arrives à coordonner ta vie cinématographique, musicale et de modèle ?

Alma : Oui, ça se goupille bien. J’alterne tournages et scène sans problème jusqu’ici. Mais je fais aussi en sorte que cela se passe bien. Les gens sont assez respectueux des ambitions et des aspirations de chacun… Je suis pour l’instant tombée sur des gens bienveillants qui font en sorte que les choses se concilient au mieux, et je n’ai pas eu, jusqu’à présent, à faire de choix.

  • Y a-t-il des vases communicants entre les univers du cinéma et de la musique ? Te sers-tu éventuellement de ta carrière cinématographique pour la musique et inversement ?

Alma : Oui, éventuellement en interview pour le ciné, je peux être amenée à répondre à des questions sur le groupe puisque cela fait partie de ma vie. Je ne considère pas, par contre, que cela soit une arme et je n’ai pas spécialement envie de m’en servir. Ce qui est important est de continuer à travailler, à produire de belles choses… C’est pour cela aussi que j’aime faire de la musique à côté – je dis à côté parce que cela m’est venu plus tard -, j’aime rester dans des activités artistiques et avancer jusqu’à atteindre une certaine maturité pour que cela plaise et qu’il y ait des retombées. Si le ciné peut aider la musique, je dis tant mieux, mais ce n’est pas ça qui compte.

  • Et maintenant comment vivez-vous le fait de vous retrouver de plus en plus régulièrement sur scène, devant un public ?

David : C’est stimulant de rencontrer de plus en plus de gens, de sortir un peu de Paris où l’on habite, c’est aussi un peu ce que l’on recherche. C’est toujours hyper intéressant de voyager pour apprendre à se connaître en tant que groupe et avec toute l’équipe qui part avec nous. Et puis cela nous nourrit dans la musique ou pour développer des clips. Quand Alma a réalisé la vidéo pour « Avril », on l’a aussi fait avec des amis que l’on avait en commun…

Alma : J’avais, depuis un certain temps, envie de toucher à la réalisation et c’était l’opportunité parfaite pour le faire. Faire des images est une liberté énorme que l’on nous donne. On nous a fait confiance, on s’est rapidement mis d’accord sur ce projet. Et encore une fois, on aime créer avec un microcosme créatif composé de gens qu’on aime, qu’on admire, qui sont nos amis. On aime être partie prenante d’une nouvelle génération qui se bouge un peu, qui essaye de faire des choses… c’est une chance inouïe d’être artiste, ce n’est pas à la portée de tout le monde. Une fois que l’on arrive un peu à que cela soit palpable, il faut en profiter et se donner à fond. C’est dans cette démarche-là que l’on a envie d’avancer, que ce soit pour l’image du groupe, pour l’enregistrement, et toutes ces choses-là. Maintenant qu’on a réussi à attraper un petit bout du truc, il ne faut pas le lâcher et s’investir vraiment. Il y a tellement de gens qui aimeraient être à notre place et vivre leurs passions. Il faut chérir tout cela !

David : Et pour revenir au clip, j’ai l’impression que maintenant, le titre est fini, que la boucle est bouclée. Il y a eu la démo, l’enregistrement, le fait de le jouer sur scène et cette étape supplémentaire visuelle. Ne pas le faire serait comme rater une dimension du titre.

Burning Peacocks - Burning Peacocks

  • On vous retrouve quand sur scène ?

David : Le 11 septembre dans les jardins du musée Picasso dans le cadre des Traversées du Marais. Il y aura aussi Tahiti 80 et Peter Von Poehl !
Ça va être super de jouer dans cet endroit ; cela sort complètement du cadre traditionnel de nos concerts, on a hâte !


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans