[LP] Aline – La vie électrique

Ils avaient tenté le « All-in » en 2013 avec « Regarde le ciel », premier album aux tubes en pagaille (« Elle m’oubliera », le mémorable « Je bois et puis je danse », « Obscène », « Deux hirondelles »), forçant l’admiration comme un strike réussi les yeux bandés, comme un panier rentré du centre du terrain. Sur un spleen hypnotique, Aline faisait et défaisait les sentiments d’une pop eighties parcourue d’une mélancolie contemporaine. Sa suite, « La vie électrique », consume à petit feu ce qu’il restait de nos amours d’un autre été.

Aline - La vie électrique

Toujours abreuvé des mots obsédants et langoureux de Romain Guerret, le quintet marseillais tente innocemment de (nous) rejouer la carte de la nostalgie. Entre romance noctambule et (jeux) interdits, « La vie électrique » se veut tantôt espiègle, tantôt cruelle.
Mais là où quelques singles s’agitent en porte-étendard de cette pop made in France, Aline ne parvient pas à reproduire l’exploit passé. « La fête est finie, j’en ai peur », sur « Avenue des Armées », pourrait même résumer ce ressenti, sans le moindre ressentiment.

Sur un jeu lascif aux paroles névrosées, le cafard d’Aline donne moins goût à la danse et aux sorties.
Mais ne soyons pas injustes, il a bien du potentiel : « La vie électrique », hymne sensuel et fin gourmet des plaisirs de la chair ; « Avenue des armées », chanson de rupture entraînante raccrochée au chagrin ; « Chaque jour qui passe », twee (french) pop façon Belle and Sebastian ; « Les mains vides », pop song introspective dans la peau d’une autre, sous l’influence de Daho ; et enfin, « Promis juré craché », défouloir surf pop libertin jouissif… Malheureusement, l’album ne suit pas toujours ce chemin pavé d’évidence et de mélodies.

Le reste du temps, la faute à la mollesse (en)dormante de « Les angles morts », au dub-pop paresseux de « Plus noir encore » et à l’électro-pop bien trop vaporeuse de « Tristesse de la balance », l’ennui se fait fâcheusement ressentir. C’est, sinon, l’impression d’entendre une fois de plus la même ritournelle (Une vie) ou l’ambiance générale du titre (le déprimant « Les résonances cachées » et son refrain « Qu’est-ce tu fous avec moi… ») qui contrarie l’appréciation globale d’un album qui méritait mieux.

Loin de faire naufrage, mais quelque peu éloigné des espoirs qu’appelaient ses premiers singles, « La vie électrique » ne parvient qu’à moitié à nous convaincre, délaissant souvent la spontanéité, l’insouciance et l’ivresse passées pour sombrer à mots perdus dans l’âge mûr. Si l’album plaira aux férus du revival 80’s, tant il s’approche parfois de l’hommage, le rythme ralenti et la monotonie de certaines pistes en rebutera autant d’autres. Tout est affaire de choix et de sacrifices.

crédit : Paul Rousteau
crédit : Paul Rousteau

« La vie électrique » d’Aline, sortie le 28 août 2015 chez Le Label [Pias].


Retrouvez Aline sur :
Site officielFacebookTwitter

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques