[Live] Hindi Zahra au Barrière Enghien Jazz Festival

« Music is coming now / Feel it dropping to the ground / Sounds like my heart beating fast / And free now / It’s always running in my veins / Till I hear the drums and basses all night ». La musique est une question viscérale. Elle naît et vit sous les peaux, dans les battements et dans les veines. Elle prend le corps comme l’eau prend le fleuve. Entière. Vivante. Enivrante. Et c’est dans ces courants qu’Hindi Zahra navigue.

crédit : Solène Patron

Il est toujours particulier de se plonger dans un théâtre. L’ambiance semble porter une certaine condition, un certain silence, une certaine importance. Les velours rouges des sièges et les chuchotements en sont l’écho. Et c’est dans ce contexte-là que le Barrière Enghien Jazz Festival a choisi de donner de la voix. Lorsque les lumières se taisent, lorsque le silence se fait, apparaît la magie d’une chamane. Chamane des rythmes et des voix. Chamane de la chaleur.

Hindi Zahra avait livré au printemps dernier son deuxième album, « Homeland ». Entre envoûtement et caractère. Un bijou d’où était sorti le grand « Any Story ». Une mélodie et une voix qui avaient submergé. De celles qui provoquent les larmes et les frissons. De celles qui hantent et font les grandes destinées. De la même façon, on se rappelle du pulpeux « Handmade ». Trésor aux mille richesses. À cette image, avec Hindi Zahra, tout est question de fabrication. Une question d’envie ou bien de nécessité. Une question de passion et de références. Le temps de laisser mûrir les choses et de donner naissance au sublime.

Entre la fougue du premier album et la précision du second, le concert livré sur la scène du Barrière Enghien Jazz Festival fut une histoire de rythme. Un vagabondage entre nonchalance sensuelle et piquante volupté. Entre Home et Hand, c’est une voix qui a raisonné. C’est elle qui est reine. Elle apporte le frisson et le plaisir intense. Violence douce et charnelle. Mais le chant n’est pas seul. Une prise de scène sanguine et fiévreuse s’impose sous les traits d’Hindi Zahra. La prestance est à remarquer, comme le sont les ondulations du corps sur une musique qui se fait extase. Ici, tout est plaisir. Tout est don. Tout est beauté et vérité.

Chaque chanson est parsemée de longs voyages musicaux. Le son n’est alors que vibration. Une expérience sensorielle, pleine de hauteur et de force. Et dans cette fougueuse ascension, quelques titres dominent. Bien sûr, « Any Story » résonne dans l’espace du théâtre. Immensité de grâce. Plus loin, la poésie s’habille de français. « Un jour », où il est question d’étranger et d’inconnu. Mystères passionnels qui hantent Hindi Zahra et ses textes. Le final laisse la suavité et la chaleur, qui donnaient à « Handmade » son coffre, s’échapper. Un « Beautiful Tango » et « Stand Up » permettront à la salle de se lever et de donner les corps aux mouvements.

Dans les pas de ses albums, Hindi Zahra donne à ses concerts l’immense. L’immensité dans laquelle se rencontrent passion et force. Il y a la liberté et l’audace qui s’animent. La musique d’Hindi Zahra a l’odeur de la fougue, de l’espoir et de l’amour.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes