[Interview] Kid Wise

Kid Wise est une Boule de Neige qui grossit à vue d’œil, emportant chaque jour dans le sillage de sa musique fraîche et sans retenue de nouveaux inconditionnels en proie à l’addiction.
Kid Wise est une Boule de Nerfs qui se contracte et se décontracte sur scène, dans des concerts toujours inspirés, toujours respirés, souvent en apnée juvénile, avec les bronches qui brûlent comme lors d’un cri primal.
Kid Wise est une Boule de Noël qui brille par sa présence, par sa bienséance, par son aisance à pousser les meubles d’un indie rock de plus en plus stéréotypé, de plus en plus cliché, joué dans les salles du côté de la place de Clichy ou d’Oberkampf. Kid Wise ne sent pas le camphre et a déboulé, joyeux, pour répondre à nos questions sur ses secrets de fabrique.

crédit : Alice Smooth
crédit : Alice Smooth
  • Les Inouïs du Printemps de Bourges en avril 2014 ont certainement marqué un tournant crucial dans votre carrière. Que s’est-il passé pour vous depuis ?

Kid Wise : Souviens-toi, on avait fait un set un peu radical. Il y avait deux facettes en fait. On avait voulu faire trop de choses en montrant le côté pop ET le côté punk en même temps, d’une façon pas suffisamment réfléchie. Et du coup, cela avait pas mal déplu ; on avait plutôt eu un mauvais retour de la part des Inouïs, de la part des médias… Mais on a eu de bon feedback de la part des programmateurs ! On a fait une tournée grâce à cela dans le nord de la France à l’automne dernier et c’était super chouette. Et depuis, on a fait Les Vieilles Charrues, FNAC Live, etc… On a eu de super beaux moments sur scène et on a composé « L’Innocence », sorti en mars dernier.

  • Un album qui était très attendu par ceux qui vous suivent depuis le début !
    Et en parallèle, beaucoup d’images aussi. Justement, comment travaillez-vous vos clips ?

Kid Wise : On le fait de façon innocente, sans vouloir faire de jeu de mots. On choisit deux ou trois réalisateurs qu’on aime bien de par leur esthétique et, ensuite, on leur envoie notre morceau en voyant si cela leur parle. Pour « Océan », Benjamin Kühn a fait un travail incroyable juste parce qu’il avait tout de suite complètement accroché avec l’intro du morceau. Cela lui a mis des images en tête et il nous a dit qu’il le faisait, qu’il avait plein d’idées. On n’a jamais imposé un scénario.

  • Il y a beaucoup d’inspiration et de créativité de la part d’Augustin (NDLR : Charnet, leader de Kid Wise) et de l’ensemble du groupe. Est-ce que cela pourrait vous amener vers d’autres formes d’expression artistique que la musique et la vidéo ?

Augustin : La cuisine ! Je suis un passionné de cuisine ; il pourrait y avoir une version culinaire de « L’Innocence ».

Kid Wise : Haha, il aime bien se faire à manger parce qu’il sait ce qu’il va manger ! (rires).

Augustin : Cela ne se voit pas beaucoup, mais je mange énormément ! Si je n’étais pas musicien, j’aurais certainement ouvert un bistrot. Mais on aime bien bouffer dans le groupe, de manière générale. On pourrait faire le burger « Innocence », qu’on vendrait à la fin des concerts (rires)

  • Et à part la cuisine, te laisses-tu tenter par l’écriture pour suivre les traces de ton papa ? (NDLR : Yves Charnet est écrivain)

Augustin : Euh non, je lui laisse l’écriture, il a bien planté son univers.

crédit : Alice Smooth
crédit : Alice Smooth
  • Tu ne portes pas ce soir un T-shirt d’un de ses livres comme lors de certains concerts (NDLR : « La tristesse durera toujours » – éditions La Table Ronde, 2013) ….? Plus sérieusement, cela se passe comment hors de nos frontières ?

Kid Wise : On était allé à Lausanne et on retourne dans quelques jours à Montreux pour le Festival de Jazz. Et c’est génial, car on est en co-plateau avec Foals, le groupe qui a tant bercé notre adolescence !
Après une telle date, on pourra aller se jeter tranquillement dans le lac Léman.
On va avoir aussi le Festival Musical d’été de Bruxelles et on aimerait continuer à se développer dans des pays autour de la Belgique.

  • Y a-t-il une écoute du côté des pays non francophones ?

Kid Wise : Oui, de façon surprenante, on a une grosse fan base à Mexico. C’est la troisième ville qui nous écoute le plus après Paris et Toulouse (NDLR : ville d’origine du groupe).
Apparemment, on passe sur une grosse radio là-bas. Ça pourrait être super de faire une tournée en Amérique Latine, qui a tendance à être stigmatisée… Quand Woodkid a joué là-bas, c’était carrément dans un stade de 100 000 personnes !

  • Et passé l’été, des projets déjà planifiés ?

Kid Wise : On va écrire, on a hâte de s’y remettre. Avec l’année formidable qui vient de se dérouler pour nous, chacun a plein d’idées et a élargi son champ d’émotions.

Augustin : Il y a aussi de la prod’ pour d’autres artistes. En tout cas, on est prêt à se remettre à la compo pour un nouvel album qui sortira très certainement en 2016.

  • Ça vous laisse un peu de temps pour des side-projects ?

Augustin : C’est marrant, tout le monde doit en avoir. Vincent (Dinis, guitariste), lui, en a deux ou trois.

Vincent : Ça fait du bien aussi de pouvoir s’exprimer en dehors de Kid Wise (sourire).

Augustin : Moi, j’ai lancé un projet avec ma copine : After Marianne, où elle chante.
Il y en a qui se lancent dans des projets de rock progressif, un peu bruts, pour se défouler. Nathan (Davrinche, bassiste) continue à faire de la new wave.
On est assez productif et, dans quelques années, cela fera une belle et grande famille. On espère que cela pourra faire comme François et ses petits fantômes (Frànçois and The Atlas Mountains, NDLR) ou Botibol.

  • Avec toujours comme port d’attache votre belle ville de Toulouse ?

Augustin : Carrément ! Ça reste notre QG.

Vincent : On aime bien aller à Paris ; mais c’est grand, les gens sont énervés, ça pue, on revient tout le temps malades… Et c’est important de rester avec la famille qui nous aide à garder les pieds sur terre de temps en temps. Quand on a su pour le concert avec Foals, j’étais fou, on était les champions du monde. Et là, ma mère m’a dit : « Ça va, ce n’est qu’une première partie, détends-toi !»…
Si on devenait parisien, on perdrait peut-être notre innocence…

Augustin : Et on n’a plus besoin d’être à Paris pour avoir le monopole ; tu le sais bien Nico, toi qui habite… là bas (rires).


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans