[Interview] Martin Mey au Printemps de Bourges 2015

Martin Mey fut une belle révélation pour nous au dernier Printemps de Bourges.
Il serait facile de dire qu’il nous a scotchés. Disons plutôt qu’il nous a totalement embarqués, sans autre forme de procès, dans les méandres de sa musique variée et malicieuse. Disons plutôt que nous avons croisé la route d’un presque timide qui marche et démarche depuis des années avec assurance, à son rythme pour mieux le maîtriser. Et qui sait (re)cueillir sur son chemin des compères de voyages qui enrichissent et déclenchent ses titres. Avec un premier album « Taking Off », Martin Mey est une découverte heureuse qui se découvre chaque fois sur scène avec son public. Pour mieux se l’approprier. Pour mieux s’approprier ses chansons. Pour mieux s’approprier une carrière toute tracée et très racée.

crédit : Pierre Turtaut
crédit : Pierre Turtaut
  • Salut Martin. Tu viens de quitter la scène des Inouïs du Printemps de Bourges. Comment s’est déroulé ce concert ?

Ah ah, c’est toi qui va me dire ça ! Pour moi, ça s’est bien passé… pour un concert à midi ! Je pense qu’on s’en est bien sorti, on a eu de bonnes sensations sur scène. Les gens avaient l’air plutôt contents donc je pense qu’on a fait un bon concert, même si c’était un peu particulier comme contexte.

  • Parle-nous de la genèse du groupe.

C’est assez court car nous ne sommes en trio sur scène que depuis décembre 2014. Mais c’est le fruit d’un long travail de développement de ce projet-là. Au début, je jouais en solo et je faisais tout. On est passé en duo il y a 2-3 ans avec Laurent, le batteur et ensuite Hugo, le bassiste, nous a rejoint en décembre pour adapter à la scène ce que nous avions fait sur l’album que j’ai sorti en novembre dernier. On a maintenant une belle tournée en trio.

  • Tu as été assez rapide à sortir un premier album…

Mon projet, Martin Mey, existe depuis 2008. Au début, j’avais des chansons que je voulais tester en solo. Cela a pris du temps avant de mûrir et de faire un album tel que je l’ai fait là. J’ai fait pas mal de petits disques, d’EPs et d’autres choses autoproduites avant. Et là, c’est vrai qu’après, on s’est bien bougé pour faire l’album, on a bien réussi ce disque et je suis très content du résultat.

  • On perçoit bien l’éclectisme et la créativité dans ce projet. Comment le définirais-tu ?

C’est assez difficile, justement parce que ce que l’on fait dans les chansons est très varié, plus que ce que j’ai fait dans les compositions de départ et dans les arrangements. On a une dimension électronique qui est de plus en plus présente. Cela va donc de l’électro pop ou l’électro folk à la soul et la musique plus folk-acoustique. J’ai du mal à le définir et ça m’emmerde, en fait, de le définir, parce qu’il y a des choses tellement variées dans nos chansons qu’il vaut mieux les écouter pour que chacun se donne ses références.

  • Il y a un attachement particulier à la scénographie, à la mise en lumière, à l’attitude sur scène…

Oui, parce qu’on a ce truc qui est le tape-art, que j’ai découvert il y a quelque temps et dont j’ai fait une pochette de disque et un clip. (One Time Too Many, tourné en stop motion à Trouville pendant le festival Off Courts, NDR).

On tire des bandes de scotch blanc sur scène, et on le fait un peu partout en tournée. Il y a une notion de performance visuelle… On improvise plus ou moins à chaque concert et il y a un côté artisanal qui me plaît beaucoup. C’est un bon moyen de prolonger l’univers musical et d’amener quelque chose sur scène avant même de jouer. Cela nous aide autant que les gens à rentrer dans le spectacle et, pour moi, cela fait partie aussi de l’univers musical.

  • Viens-tu justement d’un milieu artistique quelconque (tes études, le contexte familial…) ?

Ma mère jouait du piano et m’y a mis quand j’étais tout petit. Pas vraiment un contexte graphique, même si cela est important car, sinon, aujourd’hui je n’en serais pas là. Je ne me sens pas du tout plasticien et je le vis du coup un peu avec le tape-art et la scénographie… J’ai tout appris tout seul, sur le tas ; le déclic est vraiment survenu en faisant mes premiers concerts avec des potes, quand je faisais des études qui n’avaient vraiment rien à voir avec la musique.
En fait, je n’étais pas vraiment destiné à faire de la musique et, en faisant mes premières représentations, je me suis dit que je ne pouvais pas faire autrement que d’essayer d’en faire ma vie.

  • Et du coup, que représente pour toi un évènement comme Les Inouïs du Printemps de Bourges ?

Un sacré tremplin avec beaucoup de chance d’être ici aujourd’hui ! Et le fruit d’un long travail de développement de ce projet, avec notamment l’agence Internexterne à Marseille, qui m’a vraiment aidé à lui donner une toute autre dimension. Notamment scénique et en créant aussi une belle dynamique autour du disque, de la tournée. C’est l’aboutissement d’un long travail sur scène, sur disques, avec une remise en question permanente sur le projet. Je suis donc fier d’être là où je suis aujourd’hui, car tout cela ne s’est vraiment pas fait d’un claquement de doigt. On le mérite. Et je me suis vraiment fait plaisir à jouer sur scène, même si c’était à midi. C’est cool d’y être et, si cela peut amener à d’autres choses malgré beaucoup de pression, car nous sommes là en tant que découvertes…

Martin Mey par Fred Lombard

  • On t’a senti certes très concentré mais en même temps très détendu. Tu as eu une préparation particulière avant de monter sur scène ?

On est arrivé ici en n’ayant pas juste deux dates derrière nous. Nous sommes dans une super dynamique de concerts. On sait que, si on s’amuse sur scène, le public s’amuse aussi. Je ne dis pas que c’est la teuf, mais on donne ce qu’on a envie de donner, je joue les morceaux tels que je voudrais les jouer, et donc, cela se ressent forcément… Ce qui est difficile, c’est que l’on a des morceaux tellement variés et que l’on a qu’une demi-heure sans avoir le temps de s’installer…

  • Et ce premier album ?

« Taking Off » est disponible depuis novembre 2014 et on va sortir un EP de remixes de cet album avec des copains. Ça va faire une belle sortie pour cet été. Et il faudra que je me dépêche de penser à l’écriture des prochains morceaux, mais je n’en suis pas encore là !

crédit : Pierre Turtaut
crédit : Pierre Turtaut
  • En profites-tu ici pour faire des rencontres avec d’autres jeunes artistes ? Est-ce que cela donne lieu à des échanges ?

Ce qui est bien aussi, quand on vient dans un festival comme celui-là, c’est que l’on croise beaucoup de monde. Ça part toujours de là : des rencontres humaines d’abord, qui peuvent ensuite donner lieu à des collaborations artistiques. Je n’ai pas d’idée en particulier de personnes avec qui j’ai envie de faire des trucs… J’espère simplement, ce soir, voir des gens intéressants en buvant des coups ! (rires).


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans