[Live] Public Service Broadcasting au Chabada

Le duo multi-instrumentiste Public Service Broadcasting (J. Willgoose  et Wrigglesworth) a atterri à Angers le 26 mai dernier pour présenter son second album, « The Race For Space ». N’allez surtout par croire que ce groupe anglais, formé il y a plus de cinq ans, roule en seconde ; car de nombreux EPs, remixes, vidéos et concerts multimédias jalonnent leur parcours.

Public Service Broadcasting © Fred Lombard

Cette étape au Chabada est donc une aubaine pour tous les amoureux de krautrock, de synthés et de noise, le tout saupoudré de samples en tous genres.
PSB est défini comme le groupe qui fait « apprendre les leçons du passé à travers la musique du futur ».
Grâce à des titres construits autour ou basés sur des archives sonores en tous genres tombées dans le domaine public (propagande, politique, guerre, publicité), il semble avoir trouvé le bon filon avec une source d’inspiration intarissable.

Enrichies, magnifiées, portées par des compos efficaces, vivifiantes et planantes, des aventures extraterrestres au sens propre comme au figuré.
Avec des morceaux simples, sympas, samplés mais jamais simplets, PSB assure également le show en projetant en arrière-plan tout un tas de vieux films de notre mémoire collective, ce qui semble être le complément logique dans la construction de son univers musical et artistique quasi unique sur cette bonne planète Terre.
Certes « à la limite de l’exercice », comme dirait François D., un spécialiste dans la salle. Mais le sien est exécuté façon centrifugeuse, et il faut avoir les chœurs bien accrochés pour y résister.

C’est donc sur des images projetées au format 4:3 que débute leur set (oui, 4+3 font bien 7), devant une jauge à la fois gagnée mais curieuse de la retranscription sur scène de ce qui l’a tant séduite sur disque. Le noir et blanc étant la palette colorimétrique de mise, les extraits d’archives russes habillent le groupe (renforcé par un guitariste-claviériste-trompettiste) et les planches pour un embarquement spatial et spécial. Chaussés de (fausses ?) lunettes mais de vrais tubes, la structure batterie-guitare-synthé proéminente des musiciens s’efface efficacement derrière les samples, les 24 images/seconde et l’univers kraftwerkien. Au couteau, au taquet, presque scolaire, la formule ne laisse aucune place à l’improvisation où à l’interaction avec le public, avec lequel il communique par voix samplées (en français) interposées à la manière d’un Stephen Hawking.

Parfois, quelques instruments distillés au fil des morceaux nous ramènent sur terre, tels le banjo et la trompette, mettant un peu de chaleur dans leur monde sidéral complètement sidérant. Cela va même jusqu’à groover, sans jamais capoter, ambiance Mannix, histoire de réchauffer – si tant est que cela soit indispensable – l’ambiance radiotonique qui s’est totalement installée dans la salle.
Jouant à tour de rôle avec pas moins de sept guitares différentes, J. se gargarise presque en annonçant (toujours par clavier interposé) une chanson à la gloire de Yuri Gagarine.

Les montagnes russes ne sont pas celles que l’on croit et les loops ne nous loupent pas, emportant chacun à la dérive, en apesanteur sans pesanteur.
Wrigglesworth frappe sur sa batterie qui n’est pas solaire mais qu’il mène à la baguette.
Une voix féminine vient alors charmer l’audience, telle une sirène de l’espace dans une quatrième dimension, comme pour mieux contraster avec les images de soldats défilant en arrière-plan, au pas de l’oie. Le cinéma restera présent tout le long des ces 80 minutes de concert, rappelant même parfois l’exercice de style réussi de « Berlin » par Zenzile.
Tandis qu’une trompette chaleureuse vient nous nouer l’estomac avant de dénouer son tube « Spitfire », qui fait feu de tout bois, la soirée atteint son point culminant et s’apprête à redécoller pour une autre étape française.

PSB nous laisse reprendre nos esprits quelque instants avec gravité dans l’intensité d’un « Interstellar » à 7777 pieds par seconde avant de s’emballer sur un « Go-Go-Stay » à la louche (Partir-Revenir n’est-il pas d’ailleurs un autre classique du 7e Art ?).

Les Britanniques de Public Service Broadcasting (initiales BBC) sont définitivement au service de la majesté. Alors, ne les loupez surtout pas lors de leur prochain alunissage !


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans