[LP] Dawn of Midi – Dysnomia

Au-delà de son incroyable capacité à surprendre, et ce, dès les premières secondes, « Dysnomia » est certainement l’un des disques les plus insolites et courageux de ces derniers mois. Dawn of Midi fabrique simplement la beauté du rythme avec trois fois rien.

Dawn of Midi - Dysnomia

Après l’aube, nous avons midi. Que faire avec ça ? Pas grand chose, sinon essayer d’en connoter le titre, et même de le traduire. « Dysnomia » : déesse grecque de l’anarchie, suivie de près par ses sœurs l’Injustice, la Fatalité et la Démesure. Le bordel en quelque sorte. Dans un contexte musical qui n’a ici aucune portée péjorative, ce désordre peut s’expliquer comme le refus de tout principe usuel et formel que la musique conventionnelle dépeint aujourd’hui. Nous dirons certainement, et après toutes ces boursouflures cérébrales, que cet album est prétentieux et faussement modeste. Mais qu’importent les effluves, quand celui-ci vous offre une expérience sonore inédite, abstraite et littéralement profonde. Soyez actifs et non passifs, permettez-vous ce petit effort. Ouvrez grand, soyez patient, et quelque chose d’immense viendra à vous.

Dawn of Midi est un ensemble acoustique de Brooklyn avec l’Indien Aakaash Israni à la contrebasse, le Marocain Amino Belyamani au piano et le Pakistanais Qasim Naqvi aux percussions. Le trio libère, avec « Dysnomia », les humeurs de leurs origines, sous des structures rythmiques provenant des traditions nord-africaines. De ce fait, et par le biais d’une intensité progressive, chaque piste tisse une tapisserie sonore aux rainures de transe. De près, nous y verrons que, à travers les notes de chaque instrument, mais en reculant, une image vallonnée et variable se dessine. « Nous ne voulons pas créer quelque chose de cérébral », dit Belyamani. « Nous voulions quelque chose de viscéral, quelque chose qui saurait éveiller nos pulsions instinctives de danse. » Dawn of Midi pourrait presque avoir une approche ludique de la musique, dans le sens où suivant son point d’accroche, l’auditeur ne percevra pas la même mélodie qu’un autre. Et vice-versa, jusqu’à la transe.

crédit : Falkwyn de Goyeneche
crédit : Falkwyn de Goyeneche

L’acoustique vire ainsi dans une temporalité électronique, en partie due à la répétition intensive, presque thermique, des notes. Toutes les pistes suivent ce même schéma : les merveilleuses « Io » et « Atlas » en demeurent les plus parfaits exemples. L’exotisme a aussi son mot à dire, évidemment. Le voyage fait le reste : le rêve, l’échappée, l’abandon. Oui, il est important de s’y abandonner.

« Dysnomia » de Dawn of Midi, disponible le 1er juin 2015 chez Erased Tapes.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante